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« attendez deux à trois ans que les gens disent que c’est un mauvais souvenir »

Le professeur Bruno Lina est un virologue lyonnais, membre du conseil scientifique. S’il admet avoir été agréablement surpris par les annonces encourageantes autour des vaccins Covid-19, il estime qu’il va maintenant falloir convaincre la population de l’intérêt de se faire vacciner.

Le professeur Bruno Lina est virologue et membre du conseil scientifique. Il était ce lundi matin (23 novembre) l’invité de l’émission « Ensemble c’est mieux » sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Il a répondu à Carinne Teyssandier et aux questions que se pose le public après la série d’annonces prometteuses sur la disponibilité et l’efficacité à court terme d’un vaccin contre le coronavirus Covid-19.

Avons-nous dépassé le pic de l’épidémie?
En partie, oui. En fait, il faut comprendre que lorsqu’on parle de pics, on parle de plusieurs choses. Si on regarde le nombre de personnes infectées aujourd’hui, on est clairement sur un nombre en baisse, c’est-à-dire que le taux d’infection diminue; ceci en France ainsi qu’à Lyon et Auvergne-Rhône-Alpes. Cependant, comme vous pouvez le voir, il y a beaucoup de communication autour de cela: il y a encore beaucoup de patients en réanimation. Il y a aussi un grand nombre de patients hospitalisés. Le pic des hospitalisations en réanimation et hospitalisation classique vient d’être franchi, il faut être extrêmement vigilant car il y a encore beaucoup de personnes en réanimation.

Quand pouvons-nous nous attendre à ce qu’une campagne de vaccination démarre en Europe?
Nous avons donc de bonnes nouvelles avec ces vaccins qui donnent aujourd’hui des taux d’efficacité qui semblent étonnamment bons, ce qui est une très bonne surprise. Quand je dis de manière surprenante, ce n’est pas que je sois surpris, c’est que je trouve que c’est une très bonne nouvelle. C’est une bonne nouvelle qui est portée par plusieurs vaccins. Les premiers vaccins peuvent probablement être disponibles en Europe, je dirais au premier trimestre de 2021. Un certain nombre de campagnes de vaccination ciblées et limitées pourraient commencer à ce moment-là. Il est probable que nous devrons cibler le 2ème ou le 3ème trimestre 2021 pour l’ensemble de la population générale.

… nous aurons un rapport bénéfice-risque qui doit peser très lourd du côté de la prestation et de l’objet qu’est l’immunité collective …

Serons-nous obligés de nous faire vacciner?
Préférablement pas. Vous savez qu’un certain nombre de positions ont déjà été prises par l’exécutif pour dire qu’il n’y aura pas d’obligation nationale. Nous devrons expliquer à quoi sert ce vaccin. Surtout, les producteurs de vaccins devront nous fournir des informations sur le fait qu’ils sont certains de ne présenter aucun risque. On aura donc un rapport bénéfice-risque qui doit peser très lourd du côté du bénéfice et de l’objet qu’est l’immunité collective, pour que chacun soit protégé grâce à ce vaccin.

Professeur, si les vaccins sont validés, sommes-nous sûrs qu’ils sont bons?
Nous disposons de nombreuses structures qui permettent de contrôler et de vérifier que les données fournies par les producteurs de vaccins sont robustes. Cela nous permet, en effet, d’avoir des garanties de sécurité. Ce que nous appelons l’innocuité, c’est l’absence de dangerosité du vaccin, l’absence d’effets secondaires… Donc ces dossiers ne sont pas encore faits. C’est très difficile à dire, car il faut attendre la fin des essais vaccinaux. Il y a un délai entre la fin des phases 3 et le moment où tous les effets secondaires sont enregistrés. Nous avons donc besoin d’un peu plus de temps, jusqu’à présent, nous n’avons pas de mauvais signaux.

Si j’avais le covid sans le savoir, c’est complètement asymptomatique. Ai-je des anticorps? Comment le vérifier? Et d’ailleurs, allons-nous le vérifier avant de procéder à la vaccination?
Ce n’est pas décidé. Il faut comprendre que si on devait faire un test sérologique sur 66 millions de Français, ce serait très compliqué. Certes, les personnes immunisées contre une infection documentée n’ont pas besoin d’être vaccinées à court terme. Il existe un certain nombre d’infections asymptomatiques. Mais, très fréquemment, dans ces infections asymptomatiques, la durée des anticorps ne persiste pas longtemps. Il est donc probable que sur quelqu’un qui aurait une forme asymptomatique qui se serait produite en mars, si on lui faisait un test sérologique aujourd’hui, il ne trouverait pas d’anticorps. Donc, ce sont des personnes qui, en effet, devraient entrer dans le circuit de vaccination, car si elles n’ont pas d’anticorps, elles ne sont pas en mesure de se protéger contre une infection, et surtout de protéger les autres. avec leur immunité.

Le vaccin n’injecte pas la maladie. Il injecte une partie du virus qui fait croire au système immunitaire qu’il est malade …

Les vaccins font peur à un certain nombre de personnes. On a eu beaucoup de réactions comme ça sur les réseaux sociaux et sur le site France 3. Dans un vaccin, la maladie est injectée à de très faibles doses, histoire de former enfin l’organisme quand il doit lutter contre la maladie. vraie manière. Peut-on le voir ainsi pour tenter de rassurer la population sur ces vaccins?
Oui absolument, sachant que le vaccin n’injecte pas de maladie. Il injecte une partie du virus qui fait croire au système immunitaire qu’il est malade et qu’il développe une réponse immunitaire. En effet, cela nous permet d’apprendre. C’est comme quand on apprend à lire: c’est en lisant qu’on apprend à lire. Eh bien, c’est en étant exposé à ces antigènes que nous apprenons à notre système immunitaire comment lutter efficacement contre ce virus. Si des vaccins sont utilisés, c’est que, a priori, ils n’induisent pas de maladie. Ils induisent simplement la réponse immunitaire protectrice.

A partir de quel moment pourrons-nous dire que cette pandémie n’est plus qu’un mauvais souvenir?
C’est une bonne question ! A priori, quand tout sera fini. Je pense qu’il faudra attendre deux à trois ans pour que les gens disent que c’est un mauvais souvenir que l’on oublie. Je ne dis pas que le virus allait circuler pendant encore deux ou trois ans. C’est simplement que nous sommes aujourd’hui au milieu de cette deuxième vague épidémique qui est en train de s’achever. C’est une bonne nouvelle, j’espère que nous pourrons passer les vacances dans de bonnes conditions. Cela dépendra du comportement de chacun, bien sûr. Nous devrons également essayer, à terme, de contrer une reprise épidémique pendant les premiers mois de l’année, et justement, que nous nous appuyons sur cette vaccination. Une fois que nous aurons cette fameuse immunité collective, c’est-à-dire qu’entre les infectés et les vaccinés nous aurons dépassé 65% de la population qui sera immunisée, à ce moment-là cela deviendra un mauvais souvenir.



durée de la vidéo: 06:40

Bruno Lina dans « Ensemble c’est mieux

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Delphine Perrault

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