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Non, l’ivermectine n’est pas un médicament «très efficace» contre la maladie.

Ivermectine (illustration). – Fotoarena / Sipa États-Unis / SIPA

  • La France, comme de nombreux pays dans le monde, cache-t-elle un médicament bon marché et largement répandu qui s’est avéré efficace contre Covid-19?
  • Cela est étayé par des études soutenant les promoteurs de l’ivermectine, un antiparasitaire utilisé contre la gale.
  • Mais ce travail ne prouve pas l’efficacité de ce médicament contre Covid-19, comme l’expliquent plusieurs spécialistes à 20 minutes. Cependant, des études sont en cours, qui n’excluent pas des effets bénéfiques modérés.

«De plus en plus d’études [le] dire: [l’]l’ivermectine est TRÈS EFFICACE pour guérir toutes les étapes de Covid-19. Cet antiparasitaire est peu coûteux, répandu, sans contre-indication ni effets nocifs. Dans combien de jours
Olivier Véran et l’Agence nationale de sécurité des médicaments l’interdira-t-elle? « 

Pour François Asselineau, le président de l’Union populaire républicaine (UPR), c’est une évidence: ce médicament habituellement utilisé contre certains parasites serait la solution idéale pour traiter les patients de Covid-19, comme il entend le prouver en relayant un long article consacré à diverses études sur le sujet.

Et il n’est pas le seul à l’affirmer, puisque de nombreux internautes louent – certains depuis le printemps dernier – l’efficacité de l’ivermectine contre Covid-19, qui serait, comme l’hydroxychloroquine à l’époque, attestée et pourtant non utilisée par les autorités sanitaires.

FAUX

Bien avant d’être envisagée en association avec Covid-19, l’ivermectine était surtout connue pour son utilisation dans les traitements contre la gale, puisqu’elle élimine les parasites concernés, mais aussi en soins vétérinaires, contre les larves et autres poux. Ce médicament est « sûr et peut être utilisé à grande échelle », comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
sur son site.

Mais la publication, début avril 2020, d’une étude australienne, a nourri l’espoir de le voir utilisé contre Covid-19. Des chercheurs du Royal Melbourne Hospital et de l’Université Morash ont montré que l’ivermectine avait considérablement réduit la charge de Covid-19 en 48 heures lors de leur test de laboratoire (in vitro) sur une cellule.

Un test en laboratoire sur un « modèle non pertinent »

Un résultat encourageant, car il réduit le potentiel de réplication du virus, mais ne garantit en aucun cas une efficacité sur l’homme, comme expliqué dans 20 minutes Mathieu Molimard, pharmacologue et pneumologue, membre du conseil scientifique de la
la Société Française de Pharmacologie et Thérapeutique (SFPT) : «Ce qui laisse penser que l’ivermectine pourrait agir contre Covid-19, c’est qu’elle est active in vitro sur la cellule Vero, une cellule de rein de singe cultivée. Mais il s’est avéré être un très mauvais modèle pour explorer le SRAS-CoV-2 car les mécanismes nécessaires pour que le virus agisse dans les cellules humaines ne sont pas présents dans cette cellule, en raison d’une enzyme manquante. « 

Dominique Costagliola, directeur de recherche à l’Inserm, spécialisé en épidémiologie, confirme: «L’ivermectine a été testée sur des cellules vero, et il a été démontré, comme dans le cas de l’hydroxychloroquine, que ce modèle n’était pas« hors de propos car les mécanismes d’action et l’entrée n’est pas la même dans les cellules vero et dans les cellules de l’épithélium pulmonaire [toucées par le Covid-19]. »

En général, les tests de laboratoire réussis sont loin de garantir l’efficacité chez l’homme, rappelle Mathieu Molimard: «Le problème avec in vitro est qu’en général, quand on a une molécule active à des concentrations compatibles avec l’activité clinique, il y a déjà moins d’une chance en 250 que cela aboutira à un médicament à la fin », poursuit le pharmacologue. Et d’ajouter: «L’ivermectine est l’équivalent de l’hydroxychloroquine: comme elle, elle agit in vitro sur des virus comme la zyka ou la dengue, mais n’a jamais eu d’effet clinique sur aucune de ces maladies. La piste de l’ivermectine n’a pas à être priorisée . « 

Études observationnelles non concluantes

Les promoteurs de l’ivermectine – autorisés notamment en mai en bolivie dans les traitements anti-Covid par le ministère de la Santé, précisant que le médicament n’avait «pas été scientifiquement validé pour le traitement du coronavirus» – n’ont d’ailleurs pas manqué de mettre en évidence, ces derniers mois, nombre d’études observationnelles censées prouver son efficacité in vivo (sur un organisme vivant). Comme
une étude française publiée en décembre 2020 basé sur des observations faites dans une maison de soins infirmiers où une soixantaine de résidents avaient reçu de l’ivermectine pour traiter des cas de gale.

« Tous les cas observés de Covid-19 dans la maison de retraite » traités « par [ivermectine] étaient des mineurs, sans décès pendant la période d’étude, tandis que les résidents des maisons de soins infirmiers «témoins» (sans ivermectine) […] ont montré une fréquence et une mortalité de Covid-19 plus élevées. L’ivermectine pourrait avoir un rôle protecteur […] soutenu par l’étude virologique. Malgré les limites – caractère observationnel et absence de corrélation démontrée in vitro / in vivo -, la plausibilité est suffisante pour mener un essai contrôlé randomisé dans un cluster de prévention avec l’ivermectine et la moxidectine dans les maisons de retraite », a conclu l’étude, reconnaissant en fait – même la nécessité de réaliser des tests à une échelle plus pertinente pour étudier ce qui n’était qu’une «plausibilité» réalisée sur un très petit échantillon.

Et le site « C19Ivermectin », mentionnée par de nombreux partisans de l’ivermectine, prétend lister toutes les études menées dans le monde dans ce sens, « la grande majorité sont des pré-impressions,
qui n’ont pas été validés par leurs pairs », Souligne Mathieu Molimard, avant d’ajouter:« Il y a eu également un essai d’ivermectine chez le hamster, qui a montré qu’il n’y avait pas d’activité antivirale. Chez le macaque non plus, on n’arrive pas à avoir les concentrations nécessaires, même en augmentant les doses. « 

Une étude observationnelle publiée en octobre dans la revue Poitrine, réalisée entre des patients Covid-19 traités par l’ivermectine et des patients traités sans ce médicament dans les hôpitaux de Floride, est également souvent citée pour montrer les effets supposés de la molécule. «Mais comme souvent dans ce type d’étude, le J-0, c’est-à-dire la date à laquelle le patient est randomisé et le début du traitement, est mal défini», explique Dominique Costagliola.

«Si je commence à étudier des patients traités par l’ivermectine cinq jours après leur arrivée à l’hôpital, et ceux sans l’ivermectine dès leur arrivée à l’hôpital, leur situation ne peut qu’empirer au cours de ces jours. cinq jours d’intervalle. J’ai donc désavantagé le groupe de comparaison par ce qu’on appelle un «biais d’immortalité». Si j’avais été relecteur de cet article en Poitrine, il n’aurait pas été publié », précise Dominique Costagliola, spécialiste de l’évaluation des traitements en situation d’observation.

«L’étude a montré une diminution de la mortalité dans le groupe de patients recevant de l’ivermectine, mais pas dans l’hospitalisation ou les besoins en ventilation. Surtout, 40% des personnes ayant reçu de l’ivermectine ont également été traitées par corticostéroïdes, avec une efficacité prouvée, contre 20% dans l’autre groupe donc on ne peut rien conclure », ajoute Mathieu Molimard.

En plus, Le site Meta Evidence, qui permet, grâce aux travaux du CHU de Lyon et du Laboratoire de Biométrie et Biologie Évolutionnaire de l’Université de Lyon, de vérifier l’efficacité (et les risques) des différents traitements en cours de développement contre Covid-19, montre que l’ivermectine n’a pas été prouvée. Indépendamment du stade auquel il est administré aux patients et de la gravité de leurs symptômes, les résultats thérapeutiques des études en question sont soit «non concluants» soit «risqués sans bénéfice prouvé» et, dans le meilleur des cas, l L’effet bénéfique de la molécule est «suggérée mais non prouvée».

Effets positifs possibles, mais pas de « mécanisme virologique »

Enfin, si l’annonce par le laboratoire pharmaceutique français MedinCell, jeudi 17 décembre, des premiers résultats positifs pour son étude clinique visant à «valider la sécurité de l’ivermectine en administration continue» en vue d’obtenir un traitement préventif, est plutôt une bon signe, cela n’annonce pas l’efficacité du médicament contre Covid-19.

« C’est déjà bien que [les premiers résultats de MedinCell] ne sont pas délétères, mais cela prouve simplement que leur solution n’est pas toxique, et rien sur son efficacité », explique Dominique Costagliola. « Peut-il avoir un effet immunomodulateur [qui agit sur les réactions de notre système immunitaire] ? Peut-être, mais cela reste à prouver et cela concernerait plutôt des patients graves, comme la Dexaméthasone, qui a un impact sur la mortalité, en particulier chez les patients sous oxygène et donc déjà à un stade avancé de la maladie. », Ajoute le spécialiste.



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Delphine Perrault

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