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Une étude révèle l’ampleur des commentaires racistes, sexistes et homophobes émis pendant l’émission

Laurent Ruquier, animateur de « Grosses Têtes » sur RTL – Capture d’écran RTL.fr

LGBTIphobie, grossophobie, racisme et surtout sexisme: l’Association des journalistes LGBTI (AJL) a écouté le programme Grosses têtes RTL pendant cinq semaines, et révèle
dans une étude détaillée un festival de mots discriminants. « Laurent Ruquier, en véritable chef de gang, recrée dans son programme le schéma d’un harcèlement du terrain de jeu » écrit l’association qui a analysé 36 heures d’écoute, au cours de 24 programmes.

Si chaque émission contient en moyenne 19 commentaires discriminatoires, les commentaires sexistes viennent en premier, avec une déclaration ou une remarque sexiste toutes les 11 minutes. Une analyse qui rejoint celle du Haut Conseil pour l’égalité, qui a estimé dans un rapport de 2017 que 71% des colonnes radiophoniques et des émissions humoristiques contenaient des blagues sexistes. «Les femmes présentes dans l’atelier, voire celles évoquées par les chroniqueurs et chroniqueurs, sont systématiquement référées à des rôles sexistes stéréotypés: la mère, la pute, la digue …» écrit l’AJL dans une analyse plus détaillée, consacré au sexisme de l’émission.

Le mot «pute» est par exemple répété jusqu’à six fois dans l’émission du 14 octobre, où l’actrice Chantal Ladesou présente le film 30 jours max, dans laquelle elle joue une travailleuse du sexe. L’humoriste et chroniqueur Jean-Jacques Peroni commente en affirmant savoir « que Chantal Ladesou finirait par devenir une salope ». Laurent Ruquier ajoute qu’elle « continue de se prostituer ici à RTL ». Dans les 24 programmes écoutés, la sexualité, réelle ou fantasmée, des chroniqueurs est mentionnée 19 fois.

« Récurrence folle d’insultes homophobes »

L’homophobie et la transphobie ne sont pas en reste, selon l’AJL, puisque 83% des programmes intègrent des commentaires LGBTIphobes. Dans étude détaillée ici trop consacrée à ce sujet précis, l’AJL note que « gouine » et « lesbienne » sont systématiquement utilisées comme insultes, ainsi qu’une « récidive exaspérante d’insultes homophobes »: « pédé », « enculé », « pédale »,  » Tata « , » pédé « . «Il rit comme une vieille folle» déclare par exemple dans un spectacle du 29 septembre Laurent Ruquier à propos de Stéphane Plaza.

La présence de chroniqueurs gays n’atténue en rien l’homophobie déployée. « Leur présence semble presque être une bonne excuse », note même l’AJL, car l’un des partis, Jeanfi Janssens, s’auto-moque rapidement. Il dit par exemple à propos de son ex: « Cela m’a permis de rembourser toutes les dettes de l’autre enculé! » « 

Roumains présentés comme des voleurs

Près de 80% des émissions donnent lieu à une sortie raciste, note l’AJL. Le nom de Linda Kebbab est régulièrement moqué. Les Asiatiques sont pointés du doigt comme étant responsables du Covid, attitude «irresponsable» selon l’association alors que la communauté chinoise subit une vague de discours de haine depuis le début de la crise sanitaire.

A l’image de ce qui se passe dans la société, les Roms sont une cible de choix. Comme dans ce Diffusion du jeudi 15 octobre, où Philippe Geluck lance un « c’est merveilleux là tes pare-brise, y a-t-il des Roumains qui viennent les nettoyer régulièrement? ». Bernard Mabille termine par un « ils ont même piqué les essuie-glaces », affirmant que les Roumains sont des voleurs. L’arrivée du chroniqueur Ahmed Sylla n’a en rien diminué les «blagues» racistes, au contraire elles ont triplé.

En plus de ces déclarations racistes, sexistes, homophobes, transphobes, l’AJL note également 29 déclarations grossophobes, 25 déclarations ageistes (se moquer de l’âge), sept déclarations validistes (se moquer du handicap) et 17 déclarations banalisant les crimes sexuels. et la violence: près d’un programme sur deux en contient.

Bingo sur la culture du viol

Le chanteur Bertrand Cantat, condamné pour le meurtre de Marie Trintignant, est baptisé «supertramp». Les chroniqueurs se moquent également de la mort par noyade jamais comprise de l’actrice américaine Natalie Wood. Laurent Ruquier ironise sur l’enquête pour viol et proxénétisme révélée par 20 minutes ciblant Jacquie et Michel: «Ils ont des problèmes, Jacquie et Michel, les gens ont remarqué que c’est pornographique. « Laurent Ruquier et sa bande cochent toutes les cases du bingo de la culture du viol » résume la militante féministe Valérie Rey-Robert.

Au final, si l’AJL reconnaît avoir été frappée par «la profondeur de certains débats» et que Laurent Ruquier est l’une des rares personnalités du secteur audiovisuel à être sortie, l’association pointe la responsabilité de l’émission dans la propagation de discours de haine. Grosses têtes sont l’un des programmes les plus regardés du paysage audiovisuel, avec plus de deux millions d’auditeurs. L’association interpelle l’hôte en lui demandant de «prouver qu’il n’y a pas besoin de ces béquilles d’un autre âge pour faire rire les gens».

Qu’en pense la radio? « Si nous appelions RTL, ils diraient certainement: » Les gens aiment ça, ça marche  » Nelly Quemener prédit dans un autre entretien expressément réalisé par l’association. C’était cadré: contacté par nous, RTL a seulement dit ceci: « Nous avons confiance dans le jugement de nos auditeurs ».

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Juliette Deforest

"Évangéliste de télévision. Communicateur sans excuse. Fanatique de bacon primé. Accro de la nourriture en général."

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