en Biélorussie, le pouvoir multiplie les menaces et les arrestations contre les manifestants
Malgré la répression, la contestation ne s’essouffle pas. Comme chaque dimanche depuis l’élection présidentielle du 9 août, des dizaines de milliers de Biélorusses ont manifesté dimanche 4 octobre contre la réélection frauduleuse de leur président, Alexandre Loukachenko. La marche avait été consacrée, cette fois, à « Prisonniers politiques ».
Comme chaque dimanche, les autorités biélorusses ont déployé en grand nombre des forces anti-émeute et des véhicules blindés. « Un canon à eau a été utilisé à Minsk »a même déclaré la porte-parole du ministère biélorusse de l’Intérieur Olga Tchemodanova, ajoutant que la police avait également « Arrestations », sans préciser le nombre.
« Ne fais pas d’erreur! «
Vendredi, les autorités ont révoqué toutes les informations d’identification des médias étrangers, rendant difficile la couverture des événements dans le pays. L’accès à l’Internet mobile était également limité, de même que les transports publics, afin d’entraver la mobilisation. De nombreux Bélarussiens ont reçu des messages du ministère de l’Intérieur les mettant en garde contre la participation à des rassemblements non autorisés. « Ne fais pas d’erreur! « , pourrions-nous lire là-bas.
Jusqu’à présent, les foules ont néanmoins continué à descendre dans la rue. Des centaines de manifestants, dirigeants de mouvements politiques, syndicats et journalistes ont été arrêtés depuis août, accusés d’avoir organisé ou participé à la manifestation.
Le centre biélorusse des droits de l’homme Viasna affirme que le Bélarus en compte désormais 77 « Prisonniers politiques ». A Minsk, les incidents sont généralement peu nombreux mais des dizaines de personnes sont néanmoins arrêtées chaque dimanche. Ailleurs dans le pays, d’importantes manifestations ont également lieu.
Exil ou prison
Selon médias en ligne biélorusses indépendants Tut.by, trois journalistes ont été arrêtés dimanche à Vitebsk et deux à Grodno. Les interventions de la police sont cependant beaucoup moins violentes qu’en août, lorsque des dizaines de personnes ont été blessées et des milliers d’autres arrêtées.
La plupart des leaders de l’opposition ont pour leur part été contraints à l’exil, comme le concurrent présidentiel d’Alexandre Loukachenko. Svetlana Tikhanovskaïa, ou emprisonné, comme son proche allié Maria Kolesnikova. « Il est effrayant qu’un grand nombre de personnes (…) soient toujours dans les prisons biélorusses »a dit dimanche Mmoi Tikhanovskaïa sur Telegram. « Notre tâche est d’obtenir leur liberté », a-t-elle souligné.
L’Union européenne (UE) a sanctionné vendredi une quarantaine de responsables biélorusses impliqués dans la répression, dont le ministre de l’Intérieur. La Biélorussie a annoncé à la suite de l’établissement de sa propre liste de fonctionnaires européens sanctionnés, sans révéler les noms des personnes concernées.
La Russie, principal allié d’Alexandre Loukachenko, a appelé les décisions européennes« Admission de faiblesse », en veillant à appliquer les mesures de rétorsion décidées par le Bélarus. Les États-Unis ont annoncé le même jour sanctions économiques contre huit fonctionnaires Biélorusse.
Réconciliation avec Poutine
Pour sa part, Svetlana Tikhanovskaïa, exilé en Lituanie, multiplie les rencontres avec les dirigeants occidentaux. Elle a a rencontré, le 29 septembre, le président français Emmanuel Macron et doit voir mardi la chancelière Angela Merkel à Berlin. Un soutien à double tranchant à un mouvement qui insiste sur son caractère populaire, tandis que Moscou et Minsk accusent l’Occident de fomenter des troubles, et M. Loukachenko refuse tout dialogue avec les opposants.
Après des mois de tensions russo-biélorusses, Alexandre Loukachenko semble déterminé à se rapprocher de la Russie, qu’il a de nouveau accusée cet été de chercher à vassaliser son pays. M. Loukachenko et Vladimir Poutine ont publié leur » confiance « , Vendredi, lors d’un entretien téléphonique, dans le « Prochaine résolution » de » problèmes « élections post-électorales au Bélarus. Le président biélorusse a promis une réforme constitutionnelle, mais aucune proposition concrète n’a été faite.