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Covid-19: la contre-offensive chinoise sur l’origine du virus

Ne laissez pas le monde entier se tourner vers elle à l’occasion du premier « anniversaire » de la pandémie. A la fin d’une année 2020 marquée par la crise du Covid-19, la Chine multiplie ses efforts de communication pour se dégager de toute responsabilité. Le Quotidien du Peuple, le média officiel du régime chinois, a assuré fin novembre que le virus ne venait pas de Wuhan, la grande ville du centre du pays où sont apparus les premiers patients, a cependant rapporté Le gardien ce dimanche.

Quant à l’ambassade de Chine en France, réputée pour sa communication volontairement provocante, elle a partagé lundi une vidéo de l’agence officielle China Xinhua News questionnant l’origine géographique des premiers cas de Covid-19.

La chercheuse Valérie Niquet se dit «pas du tout surprise» par cette stratégie. «Il est très important pour les dirigeants chinois de construire des scénarios dans lesquels le pays n’est pas responsable de la pandémie. Et ce, à la fois avec la population, car les choses ne vont pas très bien dans le pays, et vis-à-vis de l’étranger », ajoute cet expert de la Fondation pour la Recherche Stratégique.

«Ce n’est pas la première fois qu’ils ont cette communication, cela fonctionne un peu par vagues. Là, l’objectif premier n’est pas forcément de convaincre qu’il ne vient pas de Chine mais plutôt de semer le doute », ajoute son collègue Antoine Bondaz, spécialiste de l’Asie. Le tweet de l’ambassade est également rédigé sous forme interrogative: «La Chine ayant été le premier pays à signaler le Covid-19, elle a été accusée d’en être l’origine. Mais est-ce le cas réel? « 

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« Faire la lumière sur les périodes d’avant »

Et justement, que savons-nous pour le moment? Une chose est sûre: les premiers patients officiellement signalés au monde se trouvaient en effet à Wuhan, située dans la province du Hubei. Le 31 décembre 2019, « le Bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prend connaissance d’informations présentées sur le site Internet de la Commission municipale de la santé de Wuhan signalant des cas de pneumonie virale », écrit l’agence internationale.

Au fil des mois, des personnes qui auraient attrapé la maladie encore plus tôt ont été détectées dans certains pays occidentaux. Comme le rappelle l’agence China Xinhua News, un Français hospitalisé pour une pneumonie fin 2019 en région parisienne a subi un test le 27 décembre et le résultat a été, après coup, positif au Covid-19. Des analyses menées dans plusieurs régions européennes, comme celles de Milan, Colmar ou Barcelone, ont également conclu que le virus aurait pu y circuler dès l’été ou l’automne 2019. Mais cela ne prouve rien, puisque les infectés des individus «tranquillement» auraient très bien pu se rendre en Chine ou croiser une personne du pays asiatique quelques jours plus tôt.

Pourtant, les autorités chinoises sont plus que discrètes sur cette période écoulée. «Le premier cas associé à cette maladie date du 31 décembre, mais il y en a évidemment eu d’autres plus tôt. Ce que nous demandons aux autorités chinoises, qui font une histoire politique, c’est de faire la lumière non pas sur la période de fin décembre mais sur celles d’avant », souligne Antoine Bondaz.

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Le passage à l’homme encore inexpliqué

Quant à l’origine scientifique, les chercheurs conviennent que le coronavirus SRAS-CoV-2 est apparu pour la première fois chez un animal, vraisemblablement une chauve-souris. Cependant, nous ne connaissons pas encore les espèces qui ont provoqué le passage aux humains. C’est sur cela que joue la presse officielle chinoise: en faisant la distinction entre le lieu où le virus est apparu chez les animaux et le lieu où la transmission à l’homme s’est faite pour la première fois. fois. Le pangolin a longtemps été soupçonné d’avoir été ce vecteur, mais rien n’a encore prouvé qu’il soit le bon «coupable». Il pourrait s’agir d’un autre animal vendu au marché de Huanan à Wuhan, auquel la majorité des premiers malades sont liés.

«Il existe plusieurs précédents comme le SRAS, dont le virus est passé de l’animal à l’homme en Chine en 2003. Il n’est donc pas totalement exagéré de penser que c’est similaire cette fois-ci, même si« il n’y a toujours pas de preuve définitive », souligne le journaliste Pierre Haski, spécialiste de la Chine.

Donald Trump n’a pas ces mises en garde, lui qui passe son temps à s’énerver contre un «virus chinois». «Si l’épidémie a éclaté d’abord en Chine puis dans le monde, c’est notamment à cause des conditions d’hygiène déplorables dans le pays, qui est le premier pays à trafiquer des animaux», soutient Valérie pour sa part. Niquet.

Une enquête de l’OMS qui glisse

Le pays présidé par Xi Jinping peut, en revanche, valablement mettre en avant sa bonne gestion de la pandémie depuis cet été. Aucune deuxième vague d’une ampleur comparable à la première n’y a été signalée … grâce notamment à des méthodes peu imaginables en France: isolement strict des personnes positives, utilisation intensive des technologies de surveillance, peu de protestations sociales, confinement comme dès que quelques cas sont détectés, etc.

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«S’il y avait une épidémie, cela se montrerait. L’objectif des dirigeants chinois est désormais de dire: écoutez, nous avons bien géré la crise et les troubles viennent de l’extérieur », souligne Antoine Bondaz. Ces derniers temps, les quelques cas officiellement enregistrés en Chine sont souvent attribués à des produits surgelés importés.

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Les espoirs de la communauté internationale de mettre définitivement fin au débat sur l’origine du pathogène sont désormais focalisés sur l’OMS, accusée par certains de «complaisance» vis-à-vis de la Chine. Son président, Tedros Adhanom Ghebreyesus, l’a encore martelé ce lundi: « Nous voulons connaître l’origine et nous ferons tout pour la connaître ».

L’agence a réuni une équipe de dix scientifiques, qui devrait se rendre prochainement en Chine et en particulier au Hubei pour enquêter. Mais leur expédition est bloquée à la fois par des contraintes administratives et politiques. Au point que cette mission d’enquête fait désormais l’objet d’une «vraie confrontation» avec «une préoccupation de savoir s’ils auront accès à toutes les données», souligne Pierre Haski, auteur du récent documentaire «Chine – USA, le bataille de l’OMS ». Et pour signaler un paradoxe apparent:« Si les dirigeants chinois étaient vraiment sûrs de leur tir et voulaient démontrer que le virus ne vient pas de Chine, ils laisseraient les experts de l’OMS venir travailler ».

Astor Abel

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