Amazonie: près de Rouen, la guerre des pro et des anti rages
L’annonce en début d’année à tambours et trompettes de l’arrivée d’une plateforme de plus de 160 000 m² du géant du e-commerce Amazon sur 30 ha de l’ancien site industriel Petroplus, toujours en attente d’un avenir à Petit-Couronne, sur la périphérie de Rouen, et que, depuis, d’une agence de livraison de 17 000 m² à Saint-Étienne-du-Rouvray, ne cesse de faire sensation.
Préoccupations environnementales légitimes? Combat d’arrière-garde? Des arrière-pensées électorales? En attendant les conclusions de l’enquête publique, qui s’est arrêtée le 25 septembre, les avis continuent de pleuvoir. Selon les documents de présentation de la base logistique, le projet porté par la société Gazeley Magenta 26, qui la louerait ensuite à Amazon, serait implanté sur 58 485 m2 et sur trois niveaux, avec «des procédés industriels dont de nombreux automatismes contrôlés par ordinateur ».
« Un combat pour la justice sociale, fiscale et écologique »
L’installation permettrait – les deux camps le tiennent pour acquis – de créer «1 839 emplois à temps plein pendant les périodes de pointe». Une aubaine qui ne désarme pas les adversaires du projet. Très rapidement, des écologistes de tous bords se sont fait entendre. Ils ont souligné les impacts négatifs potentiels sur l’environnement (comme l’augmentation du trafic routier), ou sur l’emploi et les entreprises locales. Ils n’ont d’ailleurs pas manqué de souligner les petits arrangements des géants mondiaux avec la fiscalité, même si l’arrivée d’Amazon pourrait rapporter 500.000 € à la Métropole de Rouen. selon Paris Normandie.
Une association dénommée Stop Amazon 76 a fait son apparition en annonçant qu’elle «recherchera l’unité la plus large pour ce combat pour la justice sociale, fiscale et écologique tant auprès des associations de commerçants qu’avec la Coalition Climat de Rouen et l’ensemble des associations ou citoyens qui jusqu’à ce que le maire de Rouen, à l’époque Yves Robert, qui avait fait adopter le 29 janvier par son conseil une motion pour refuser l’installation d’Amazon, attirant la colère de son homologue de Petit-Couronne sur le régime « impliqué? « .
« Mieux vaut qu’ils s’installent avec nous qu’ailleurs »
Devenu président de la métropole rouennaise de Rouen, le nouveau maire de Rouen Nicolas Mayer Rossignol (RMN), à peine entendu sur le sujet pendant la campagne, a à son tour voté «un avis défavorable». Mais des avis divergents existent, comme le rappelle Laurent Grelaud, le maire de Bonsecours (sans étiquette): «Je crois qu’on ne peut pas toujours être sur le Pont d’Arcole. Il y a l’économie que nous voulons et l’économie que nous vivons. Vous pouvez toujours agiter les épouvantails. Certains peuvent aussi le faire, car ils sont un peu otages de leurs accords électoraux. Nous devons y faire face. Il faut penser aux emplois et aux personnes. Il serait normal qu’Amazon s’installe ici plutôt qu’ailleurs! « .
Laurent Bonnaterre, président du groupe d’opposition Métropole des Territoires des élus sans étiquette, l’a exprimé autrement: «Tout le monde a défendu Pétroplus pour empêcher la fermeture de la raffinerie, une usine qui n’était pourtant pas la moins polluante à ma connaissance». La métropole rouennaise reste néanmoins traumatisée par l’incendie de Lubrizol en septembre 2019. Et s’il s’agit de l’arrivée d’une nouvelle entreprise, tout le monde est attentif à un constat alarmant (disponible sur le site de la préfecture) dont l’auteur n’est autre que le directeur du SDIS76.
« Un panache de fumée supérieur à celui de Lubrizol »
Jean-Yves Lagalle décrit un scénario catastrophique qui se déroulerait dans les anciens locaux de Pétroplus susceptibles d’accueillir Amazon. «Les pompiers seront alors confrontés à une situation périlleuse et toute progression dans le bâtiment les mettrait en danger… Le SDIS76 considère que les actions entreprises seront inefficaces pour arrêter la propagation de la catastrophe. Il évoque notamment des outils d’extinction éloignés et un débit d’eau local insuffisant. Selon le document, l’incendie pourrait durer plusieurs jours, l’eau utilisée pour l’extinction finirait par polluer la Seine et «le panache de fumée qui émergerait du site serait plus important que celui observé sur le site de Lubrizol».
Face à tous ces avis, et préoccupé avant tout puisque le terrain en question est situé dans sa commune, Joël Bigot, le maire de Petit-Couronne, reste favorable à l’arrivée de la plateforme amazonienne: «Je défends l’arrivée des emplois dans notre commune, à condition bien sûr que la sécurité de la population et des salariés soit garantie.L’hypothèse de la mise en place d’une plateforme logistique existe depuis le début du projet de reconversion du site de l’ancienne raffinerie reprise par Vulgo, mais depuis le le nom d’Amazon a été mentionné, il y a eu un tollé. contre un modèle économique… »
Il appartiendra au préfet de Seine-Maritime de décider
«Personnellement», poursuit le maire de Petit-Couronne, «je ne suis pas fan du e-commerce, mais nous vivons dans un monde où ce mode de consommation est devenu réalité… Rappelons-nous juste que La Redoute est l’une des Ancêtres d’Amazon, la seule différence est qu’à l’époque on ne commandait pas sur Internet, mais par mail! De plus, l’arrivée d’Amazon, avec la création éventuelle de 1 800 emplois, aurait un impact très positif en termes de fréquentation des entreprises locales. «
L’élu n’a pas éludé le rapport SDIS76: «Les problèmes soulevés méritent d’être étudiés un à un … Gazeley Magenta 26 a répondu à toutes les demandes et a pris en compte toutes les mesures nécessaires demandées par les autorités administratives pour garantir la sécurité du site», nous assure La balle est désormais dans le camp du préfet de Seine-Maritime qui autorisera ou non l’arrivée d’Amazonie.