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Qu’est-ce que le couvre-feu prévu à 18 h dans certains départements va changer?

La mesure est en discussion dans les territoires concernés. Une vingtaine de départements pourraient voir l’heure de début de leur couvre-feu augmentée de deux heures, de 20 heures à 18 heures à partir du samedi 2 janvier, annoncé. Mardi 29 décembre le ministre de la Santé, invité de France 2.

Alors que le conseil scientifique redouté une « probable » reprise « incontrôlé » de l’épidémie de Covid-19 en janvier après les fêtes de fin d’année et les indicateurs de plusieurs régions sont au rouge, une concertation avec les élus locaux est menée par le gouvernement pour freiner la tendance. « Nous ne voulons pas nous confiner à ce stade », a immédiatement annoncé Olivier Véran, évoquant la possibilité d’introduire un couvre-feu avancé à 18h « durera aussi longtemps que nécessaire « , « dans tous les territoires où il sera nécessaire « , c’est-à-dire lorsque le taux d’incidence dépasse le seuil d’alerte maximal.

L’annonce d’un couvre-feu anticipé à 18 heures est loin de satisfaire les élus locaux. Plusieurs maires et présidents régionaux déplorent l’attentisme de l’État: « Le couvre-feu est une mesure tardive, qui peut s’avérer insuffisante », a déploré la mairie de Nancy dans un communiqué. Jean Leonetti, maire (LR) d’Antibes (Alpes-Maritimes), également confronté à une recrudescence de l’épidémie dans sa localité, n’a pas non plus caché sa déception: « Nous espérions une accélération de la vaccination disponible et de meilleurs contrôles aux frontières. On nous propose une avance du couvre-feu à 18 heures à ‘géographie variable’, dont l’efficacité sanitaire n’a pas été établie, » il écrit sur Twitter.

Jean Rottner, président (LR) de la région Grand Est, qui avait appelé à un recentrage local « Dès que possible », se réjouit que les communautés locales soient consultées mais s’interroge: « Pourquoi attendre le 2 et pourquoi ne pas le faire maintenant? » Cette décision risque « pour nous faire prendre un train de retard et donc revoir cette épidémie passer et courir derrière », a prévenu les élus sur franceinfo, mercredi.

Une préoccupation partagée par le Docteur Jean-Luc Leymarie, Secrétaire Général Adjoint de l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) d’Ile-de-France, qui parle de« une demi-mesure ». « De 18h à 20h, je ne vois pas la différence, les contacts sociaux se feront de la même manière. Les bars et restaurants sont fermés, les gens ne sortent plus à 18h de plus qu’à 20h » il fustige sur BFMTV. « En tant que professionnel de la santé, je ne vois pas comment cela peut être une solution aux chiffres rouges que nous voyons sur les cartes », il s’inquiète.

Ce couvre-feu avancé est pourtant défendu par certains, à commencer par le maire de Nice, Christian Estrosi (LR). Il est « la bonne formule » pour sa localité, il assure France Inter : c’est du moins celle défendue par son « conseil local de santé » qui espère, « avec un couvre-feu anticipé à 18 heures, pour avoir des résultats sans doute convaincants » qu’avec le reconditionnement.

Comment ce changement de calendrier pourrait-il affecter la progression de l’épidémie? Pour le comprendre, il ne faut pas se focaliser sur les deux heures entre 18 et 20 heures, explique Jean-Stéphane Dhersin, mathématicien et responsable de la plateforme Modcov19 de coordination de la modélisation de l’épidémie au CNRS. «Ce n’est pas parce que vous allez marcher dans la rue entre 18 h et 20 h que vous êtes plus susceptible d’être contaminé. L’objectif est de limiter naturellement les contacts des personnes, explique-t-il. Si le couvre-feu est 18 h, vous allez vous précipiter à la maison après le travail, ce qui vous empêchera éventuellement de participer à des événements sociaux. « 

« Ces mesures visent à rendre difficile la rencontre de nouvelles personnes. »

Jean-Stéphane Dhersin, directeur scientifique adjoint de l’Institut national des sciences mathématiques et leurs interactions du CNRS

vers franceinfo

Le couvre-feu élargi sera-t-il suffisant? Rien ne permet de le savoir, se confie Jean-Stéphane Dhersin. Tout dépendra du niveau de respect de cette mesure par la population et de l’évolution de l’épidémie dans les semaines à venir. Pour l’instant, les spécialistes peinent à évaluer l’impact que les fêtes de fin d’année auront sur la circulation du virus. « Ce qui est important, c’est de limiter les contacts, et là, le gouvernement essaie de déplacer le curseur dans l’espoir que cela suffit », résume le chercheur.

Un confinement local total aurait pu être envisagé, mais son impact social et économique aurait été beaucoup plus lourd. Dans l’équilibre auquel les autorités sont confrontées, ce couvre-feu prolongé apparaît comme un intermédiaire. « Le couvre-feu, qui est la garde de nuit, est une solution éprouvée », confirme Yves Buisson, épidémiologiste et président du groupe Covid-19 à l’Académie nationale de médecine, sur RMC.

À quels changements pratiques devons-nous nous attendre ? Les restaurants et les bars sont déjà fermés, notent les habitants des régions touchées. Les lieux culturels sont également fermés et peuvent ne pas pouvoir rouvrir à partir du 7 Janvier, date de la clause de révision, a laissé entendre Olivier Véran. Seuls les magasins sont ouverts au public entre 18h et 20h heures. Il faudra donc le faire plus tôt pour faire du shopping. Mais comment faire quand on travaille ?

« Nous allons avoir un système d’une complexité et d’une bureaucratie incroyables car nous aurons besoin de dérogations dans tout », une a déploré Hervé Morin, le président de la région Normandie (Les Centristes), mercredi matin LCI. Les procédures locales de candidature doivent être précisées dans les prochains jours par les préfectures.

Astor Abel

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