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Les espèces envahissantes coûtent à l’Afrique 3,66 billions de dollars par an: une étude

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Paris (AFP)

Une nouvelle recherche jeudi a montré que les espèces envahissantes introduites par l’activité humaine coûtaient à l’agriculture africaine environ 3,66 billions de dollars par an, soit environ 1,5 fois le produit intérieur brut de tous les pays africains.

Les espèces non indigènes de mauvaises herbes, d’insectes ou de vers peuvent avoir des effets désastreux sur l’agriculture, avec un seul insecte capable de réduire les rendements des cultures de base à travers le continent.

Des chercheurs basés au Ghana, au Kenya, en Grande-Bretagne et en Suisse cherchent maintenant à estimer les dommages économiques annuels que les espèces envahissantes causent à l’agriculture africaine.

L’équipe a étudié la littérature open source et évaluée par des pairs sur des espèces qui n’étaient pas indigènes du continent mais qui ont causé des pertes de récoltes pour évaluer l’impact économique sur le rendement, la gestion et le coût de la recherche.

Ensuite, ils ont interrogé plus de 1 000 parties prenantes – y compris des agriculteurs, des chercheurs et des représentants du gouvernement – sur les implications financières des espèces envahissantes.

Les participants ont été invités à estimer les pertes de récolte causées par les espèces exotiques envahissantes en plus des coûts encourus.

L’équipe a constaté que le coût moyen des espèces exotiques envahissantes pour le secteur agricole dans 54 pays d’Afrique était de 74,3 milliards de dollars par an.

Cependant, il y avait de grandes variations entre les pays. Les pays les plus touchés sont le Nigéria – qui perd environ 1 billion de dollars par an en raison des espèces envahissantes – et la République démocratique du Congo, qui perd 317 milliards de dollars par an.

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Dans l’ensemble, les pertes économiques des espèces exotiques envahissantes dépassaient le PIB de 27 des 49 pays inclus dans l’étude, publiée dans la revue CABI Agriculture and Bioscience.

– ‘Un cri de réveil -‘

La grande majorité (99,2 pour cent, ou 3,63 billions de dollars) des coûts totaux estimés causés par les espèces exotiques provenait de l’élimination des mauvaises herbes des cultures.

Les auteurs ont constaté que l’élimination des mauvaises herbes des cultures céréalières représentait 72 pour cent (2,61 billions de dollars) de ce montant, tandis que l’élimination des mauvaises herbes et des plantes-racines représentait 14 pour cent (508 milliards de dollars) et le désherbage représentait 3,3 pour cent (120 milliards de dollars).

René Eschen, l’auteur correspondant de l’étude de l’Institut de recherche CABI en Suisse, a déclaré que la recherche mettait en évidence les coûts économiques et sociaux cachés de la nécessité d’éliminer les mauvaises herbes des cultures à travers le continent.

« L’élimination des mauvaises herbes envahissantes est un travail en grande partie non rémunéré et est principalement effectué par des femmes et des enfants, ce qui réduit le temps qu’ils peuvent consacrer à des activités génératrices de revenus, à des activités communautaires ou à l’éducation.

L’espèce qui a causé le plus de pertes de récoltes était le papillon de nuit connu sous le nom de Phthorimaea Absoluta, qui affecte les plants de tomates, avec un coût estimé à 11,4 milliards de dollars par an.

On estime que d’autres insectes causent plus de 21,5 milliards de dollars de pertes de récoltes chaque année dans les cultures de maïs, de manioc, de mangue et d’agrumes.

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Les auteurs préviennent que leurs résultats peuvent en fait sous-estimer le véritable coût économique des espèces envahissantes pour le secteur agricole africain, car ils n’incluent pas les coûts liés aux herbicides chimiques utilisés pour lutter contre les ravageurs et les maladies.

Kat Kramer, responsable du changement climatique chez Christian Aid, a déclaré que la recherche de jeudi a montré un défi supplémentaire « souvent négligé » pour l’Afrique qui devrait alimenter les discussions du G7 le mois prochain.

« L’un des moteurs des espèces envahissantes est le changement climatique, car de nouvelles plantes menacent les cultures existantes dont les gens dépendent pour leur nourriture et leurs revenus », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Ce rapport devrait être un signal d’alarme pour les dirigeants qui se préparent à la réunion du G7.

Mohamed Addo, directeur du centre de recherche Power Shift Africa basé à Nairobi, a déclaré que la recherche montrait « l’énorme bataille à laquelle l’Afrique est confrontée pour parvenir à la prospérité de sa population ».

« C’est une preuve supplémentaire de la nécessité d’un plus grand soutien des pays riches pour aider les Africains, que ce soit en augmentant les budgets d’aide, en annulant les dettes impayées et en fournissant des financements climatiques pour aider les gens à s’adapter à ces défis », a-t-il déclaré à l’AFP.

Astor Abel

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