La tension monte en France avant une nouvelle grève des retraites
Lundi, la France s’est préparée à une nouvelle journée de manifestations et de grèves de masse contre un projet de réforme des retraites, alors que le gouvernement du président Emmanuel Macron et ses opposants de gauche ont échangé la responsabilité de l’obstruction systématique attendue.
Quelque 1,1 million de personnes sont descendues dans la rue le premier jour de la grève le 19 janvier, selon les statistiques officielles, les plus grandes manifestations depuis le dernier grand cycle de réforme des retraites sous le président de droite Nicolas Sarkozy en 2010.
Une source policière a déclaré à l’AFP que les forces de sécurité s’attendaient à des foules similaires en taille à mardi, avec 1,2 million considéré comme la limite supérieure à 240 manifestations à travers le pays.
Alors que les syndicats mettent en garde contre d’autres grèves à venir, les grèves représentent un test majeur pour Macron alors qu’il cherche à mettre en œuvre une politique de démonstration pour son deuxième mandat.
Les ministres du président et leurs opposants cherchent désespérément à influencer l’opinion publique avant ce qui devrait être une confrontation amère et coûteuse au cours du mois prochain.
La législatrice d’extrême gauche Mathilde Bannot de France insoumise (LFI) a accusé Macron et ses ministres d’être responsables des grèves, qui devraient à nouveau perturber les transports publics et d’autres services.
« Ce sont eux qui veulent semer le chaos dans le pays », a-t-elle déclaré à BFM TV tout en critiquant les propos tenus par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ce week-end comme une « provocation ».
Darmanin, un proche allié de Macron, a déclaré samedi que les partis politiques de gauche « ne cherchaient qu’à détruire le pays » et qu’ils défendaient « la paresse et le socialisme ».
– La réputation de Macron –
La partie la plus controversée de la réforme proposée est de relever l’âge minimum de la retraite à 64 ans par rapport à son niveau actuel de 62 ans, le plus bas de toutes les grandes économies européennes.
Macron a introduit le changement dans son manifeste de réélection en avril de l’année dernière, insistant sur la nécessité d’assurer le financement futur du système de retraite, qui devrait devenir déficitaire dans les prochaines années.
Les opposants soulignent que le système est actuellement équilibré et le président du Conseil consultatif indépendant des retraites a récemment déclaré au Parlement que « les dépenses de retraite ne sont pas hors de contrôle, elles sont relativement contenues ».
Pour Macron, pro-business, qui a répété à plusieurs reprises aux Français qu’ils « avaient besoin de plus de travail », les analystes affirment que l’échec de la proposition de signature porterait gravement atteinte à sa crédibilité pour le reste de son deuxième et dernier mandat.
Le gouvernement du Premier ministre Elizabeth Borne a laissé entendre qu’il y avait une marge de manœuvre sur certaines mesures alors que les commissions parlementaires ont commencé à examiner le projet de loi lundi.
Bourne suggère que les conditions pourraient être améliorées pour les personnes qui ont commencé à travailler à un très jeune âge, ainsi que pour les mères qui ont arrêté leur carrière pour s’occuper de leurs enfants et les personnes qui ont investi dans des études supérieures.
Mais dimanche, elle a déclaré que l’âge minimum de 64 ans n’était pas à discuter, le qualifiant de « non négociable ».
Bien que la politique ait été révolutionnaire lors de son deuxième mandat après sa réélection en 2022, Macron a jusqu’à présent cherché à rester au-dessus de la mêlée et n’a commenté qu’occasionnellement la montée des tensions.
L’intervention de Darmanin n’a pas permis d’apaiser les tensions, le ministre extrémiste déclarant samedi au journal Le Parisien que la gauche défendait l’idée d’une « société sans travail ni effort ».
– Bataille parlementaire –
L’opposition de gauche a soumis plus de 7 000 amendements au projet de loi pour tenter de ralentir son cheminement au parlement.
Les alliés centristes de Macron, à défaut d’une majorité absolue au Parlement, auront besoin des votes des conservateurs pour approuver leur plan de retraite.
Un nouveau sondage du groupe de sondage OpinionWay, publié lundi dans le journal Les Echos, montre que 61% des Français soutiennent le mouvement de contestation, en hausse de 3,0 points de pourcentage par rapport au 12 janvier.
Les données ont montré que la majorité des Français – 56 % – pensent qu’une réforme des retraites est nécessaire.
Mais le groupe d’enquête a déclaré que la proportion convaincue de la nécessité du changement est en baisse, en baisse de cinq points depuis le 12 janvier.
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