Joséphine Baker entre au Panthéon français des champions nationaux
ANIMATEUR, MILITANT DES DROITS CIVILS ET ESPION: Joséphine Baker deviendra mardi soir la première femme noire à être commémorée au Panthéon de Paris – un honneur décerné uniquement aux héros nationaux par le président français.
Le président Emmanuel Macron, qui espère assurer sa deuxième présidence dans moins de cinq mois, dirigera la cérémonie télévisée nationale, qui « revivra les différents aspects de [Josephine Baker’s] Vie d’artiste, résistante, militante et mère. » Elle rejoindra Victor Hugo, Marie Curie et Voltaire.
Dans le communiqué annonçant la décision en août, l’Elysée a déclaré que Baker « incarne l’esprit français » et « mérite la reconnaissance de la Patrie ».
A la demande de sa famille, la dépouille de Baker restera à Monaco où elle fut inhumée en 1975, tandis qu’on se souviendra d’elle dans une bâche des États-Unis, de France et de Monaco au Panthéon. Elle ne sera que la sixième femme à recevoir une « déesse ».
Les politiciens, les organisations et les fans font campagne depuis des années pour inclure Baker au Panthéon, avec une récente pétition de l’essayiste Laurent Kupfermann pour relancer le débat.
Mais le moment choisi pour son intronisation au Panthéon français des Grands est également considéré par beaucoup comme une décision politique opportune de Macron et une tentative de réconcilier la nation à une époque de débat intense sur l’immigration, le passé colonial de la France et le féminisme.
Né dans la pauvreté à St. Louis, Missouri en 1906, Baker était l’un des nombreux artistes et écrivains noirs américains, dont l’auteur James Baldwin et Jasman Miles Davis, à demander l’asile contre le racisme américain en France.
Dans une interview avec The Guardian en 1974, moins d’un an avant sa mort, elle a déclaré : « Je suis devenue célèbre pour la première fois en France dans les années 1920. Je ne pouvais pas supporter l’Amérique et j’ai été l’un des premiers Américains de couleur à déménager. Paris. »
Son histoire de venir en France pour échapper au racisme américain, mais aussi de s’être fait connaître à Paris en ne présentant qu’une seule fois un collier brodé et une jupe en fausse banane, a fait de Baker une icône controversée parmi certains malgré sa popularité mondiale.
Danseuse et artiste qui a été la première femme noire à jouer dans une grande production cinématographique en 1927, Baker a continué à faire campagne pour les droits civiques avec Martin Luther King et a été honorée pour avoir espionné pour la Résistance française alors qu’elle faisait passer des messages cachés dans sa page. Musique.
Elle renonce à sa nationalité américaine en 1937, achète un manoir dans le sud de la France et adopte 12 enfants de différents pays.
« Nous applaudissons son attachement aux valeurs républicaines », a déclaré à l’AFP le comité de soutien de Baker’s Goddess, qui comprend entre autres son fils Brian Boyon-Baker, notant qu’elle a dit de la France : « Ici, ils me prennent comme une personne et ne regardent pas moi comme couleur. »
Reportage complémentaire de Domitil Alain à Paris