A Toulouse, la pénurie «momentanée» de vaccins antigrippaux a commencé: «C’est du jamais vu»
Moins de dix jours après le début de la campagne de vaccination contre la grippe, les stocks de vaccins ont été pour la plupart pris d’assaut en France. Les pharmaciens attendent désormais la nouvelle livraison prévue en novembre pour satisfaire beaucoup plus de clients que les années précédentes. Reportage.
« Vous voyez, depuis qu’on s’est entretenu au téléphone hier, je n’ai plus de vaccin à vendre », commence Jean-Marie Guillermin, pharmacien dans le centre de Toulouse. «Pénurie momentanée» est le bon terme. Ce jeudi 22 octobre, moins de dix jours après le début de la campagne de vaccination, les stocks de vaccins contre la grippe restant dans les pharmacies à travers le pays, presque toutes affichent zéro. «C’est du jamais vu», confirme celui qui occupe le poste de vice-président de l’Ordre des Pharmaciens d’Occitanie.
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Dans son frigo, les deux bacs inférieurs sont normalement encore pleins de vaccins à cette période de l’année. Là, ils sont vides. Il ne reste qu’une dizaine de doses dans une caisse en plastique, « des vaccins déjà réservés et stockés ici », explique le pharmacien. Cependant, il en avait reçu 340 au début du mois, qu’il a commencé à distribuer le 13 octobre, comme tout le monde. « Mais dès le premier jour, on a compris que tout irait très vite. Il y avait des gens qui attendaient l’ouverture, devant la pharmacie. Ça n’arrive jamais ».
30% de vaccins supplémentaires commandés
Pour ce professionnel, l’heure n’est pas encore à la panique puisque «les livraisons se font toujours en deux temps» en ce qui concerne ces vaccins. « Nous avons reçu un peu plus de la moitié de ce que nous avons commandé début octobre, et nous devons recevoir l’autre partie durant la première quinzaine de novembre », ajoute le pharmacien basé juste en face de la Halle aux Grains.
Dans le contexte exceptionnel de crise sanitaire, les pharmaciens français ont cherché à anticiper la fin de l’hiver dernier, lorsque les commandes de vaccins pour l’année suivante ont été passées. «Nous avons demandé 30% de doses de vaccin en plus par rapport aux années précédentes, car nous savions qu’il y aurait plus de demandes cet automne, mais il est vrai que les laboratoires auraient aussi pu anticiper de leur côté en livrant plus tôt …» Ces derniers jours , les producteurs de vaccins ont rassuré les professionnels: « Ils nous ont promis d’honorer leurs livraisons de novembre, mais en précisant par contre que nous ne pouvions plus commander. »
En novembre, il ne sera pas trop tard
Lise a reçu le dernier vaccin encore disponible dans cette pharmacie mercredi. Et le lendemain, elle est venue recevoir la précieuse injection. «Avant, je ne me faisais pas vacciner contre la grippe, même si cela faisait quelques années que je n’avais pas reçu le bon en tant que personne de plus de 65 ans. Mais depuis l’année dernière, j’ai aussi souffert d’une infection de longue durée. , il est donc vraiment plus sûr de me faire vacciner. C’est encore plus vrai cette année avec le Covid. «
Jean-Charles lui-même, se fait vacciner chaque année, en tant qu’ancien militaire: «Quand j’étais dans l’armée, il fallait le faire». Mais cette année, il a obtenu le bon pour la première fois en tant que personne de plus de 65 ans, et il n’a pas perdu de temps pour réserver sa dose. « Je suis venu à la pharmacie le deuxième jour de la campagne, mais je n’ai pas reçu le vaccin le même jour car il y avait un peu trop de monde. » Une semaine plus tard, c’est fait.
«De toute façon, la grippe frappe principalement entre décembre et janvier, donc il ne sert à rien de se dépêcher. On peut tranquillement se faire vacciner en novembre, il ne sera pas trop tard. Là, je pense que les gens se sont précipités, et surtout les personnes à risque, mais pas seulement eux, analyse Jean-Maire Guillermin. J’ai parfois gentiment expliqué à des personnes en bonne santé qu’elles pouvaient s’attendre le mois prochain. On verra à ce moment-là comment il y a vraiment une pénurie et si on n’a pas passé assez de commandes … «
L’année de tous les records
Dans ce contexte de crise sanitaire exceptionnelle, les professionnels de santé s’attendent à une année unique pour l’épidémie de grippe. Pour rappel, chaque année, entre 2 et 8 millions de Français contractent le virus qui fait entre 10 000 et 15 000 décès. Mais pour cet hiver 2020-2021, les chiffres pourraient être bien inférieurs. Deux raisons à cela: une couverture vaccinale qui s’annonce bien plus importante que les années précédentes sur le territoire, et le respect des gestes de barrière, désormais bien ancrés dans les habitudes des Français et qui permettront, en plus de freiner la propagation du coronavirus, réduire nécessairement celle du virus de la grippe.
C’est un problème de santé publique, car les services hospitaliers sont régulièrement occupés pendant l’hiver par des patients grippés, mais pendant une période Covid, tous les lits sont précieux …