Alors que le chaos règne à Capitol Hill, les démocrates prennent le contrôle du Sénat après une double victoire électorale en Géorgie
Bonne nouvelle pour les démocrates, alors que les partisans de Trump envahissent Capitol Hill. Après leur victoire à l’élection présidentielle, leur majorité acquise à la Chambre des représentants, ils ont pris le contrôle du Sénat le mercredi 6 janvier, grâce à la victoire de leurs deux candidats en Géorgie.
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Voici pourquoi il s’agit d’une réalisation majeure pour le président élu Joe Biden.
Parce que c’est une double victoire inattendue
Le scénario semblait improbable quelques jours avant l’élection sénatoriale partielle de Géorgie le mardi 5 janvier. Et pourtant: les candidats démocrates Raphael Warnock et Jon Ossoff battre leurs rivaux républicains, selon les projections de l’agence Associated Press. Cela faisait presque vingt ans que cet ancien État esclavagiste du sud des États-Unis avait envoyé un seul démocrate élu au Sénat.
Les résultats sont tombés d’abord pour Raphael Warnock, un pasteur d’une église protestante d’Atlanta où officiait Martin Luther King. A 51 ans, ce démocrate a vaincu le sénateur républicain Kelly Loeffler et entre dans l’histoire en devenant le premier sénateur noir élu dans cet état encore marqué par les blessures de l’esclavage et de la ségrégation.
L’autre grand gagnant de la soirée n’a que 33 ans. Le démocrate Jon Ossoff a a gagné contre le sénateur républicain David Perdue, selon l’agence de presse AP. Ça le devient le plus jeune sénateur démocrate depuis … Joe Biden (en 1973).
Cette double victoire aux élections sénatoriales s’inscrit dans la foulée du succès de Joe Biden dans l’État le 3 novembre. Il devançait Donald Trump par quelque 12 000 voix. Pour réaliser cet exploit, leLes démocrates pourraient compter sur l’activisme d’une femme: Stacey Abrams, ancien candidat malheureux au poste de gouverneur de cet état et qui a tout fait pour mobiliser (avec succès) les électeurs démocrates, en particulier les Afro-Américains.
Parce que le Sénat bascule du côté démocrate
La victoire des deux démocrates n’est pas seulement symbolique. Cela change la donne pour Joe Biden. En effet, les démocrates disposent désormais de 50 sièges au Sénat, comme les républicains. Mais comme le prévoit la Constitution, le futur vice-président, Kamala Harris, a le pouvoir de décider des votes, et donc de faire pencher la balance du côté démocrate.
C’est pour cette raison que cette élection partielle a été examinée avec autant de soin. Signe des grands enjeux, les présidents élus et sortants avaient effectué, lundi, le déplacement sur le terrain. Un total de 832 millions de dollars a été dépensé pour la campagne, selon le Center for Responsive Politics, un organisme indépendant.
Avec cette victoire, Joe Biden arrive donc à la Maison Blanche avec une Chambre des représentants démocrate et un Sénat, ce qui devrait lui permettre d’appliquer son programme sans entrave. C’est notamment le cas de ses mesures économiques, pour lesquelles un vote du Sénat est indispensable. Deux mesures sont attendues: augmenter le chèque envoyé à chaque Américain de 600 $ à 2 000 $ et porter le salaire horaire minimum à 15 $ dans l’ensemble des États-Unis. Un bouleversement pour certains États comme la Géorgie, où il est actuellement de 7,25 $.
Parce que c’est un (énième) camouflet pour Donald Trump
Ces résultats sont également un revers cinglant pour Donald Trump et les républicains. Pour Dave Wasserman, analyste pour le site indépendant Cook Political Report, cette soirée électorale rappelle aussi les élections de mi-mandat. « C’est ce que nous avons vu en 2018: de nombreux électeurs de Trump ne se rallient tout simplement pas quand Trump n’est pas sur le bulletin de vote », il a tweeté. Les républicains auraient également été découragés de voter par les accusations répétées de fraude lancées … par le milliardaire lui-même.
L’attitude du président sortant, qui se réfugie derrière les théories du complot sur la fraude, commence également à être considérée comme largement contre-productive par certains élus de son propre camp. Dans ce contexte, la place de Donald Trump au sein du Parti républicain pourrait même être remise en cause.
C’est en tout cas l’avis d’Adam Nagourney, journaliste à New York Times, sur Twitter : « Les revers de Trump lors des élections en Géorgie ce soir et sa tentative probablement ratée de bloquer la ratification du Collège électoral au Congrès demain menacent de l’affaiblir au sein du Parti républicain lui-même pour les années à venir. », prévient-il.