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Au Pérou, les manifestants appellent désormais à une réforme constitutionnelle

Manifestation à Lima pour exiger une réforme de la Constitution, le 21 novembre.

La nomination du président par intérim Fernando Sagasti, une personnalité consensuelle, ne suffisait pas. Des milliers de Péruviens sont descendus dans la rue le samedi 21 novembre pour demander justice après la mort de deux jeunes manifestants une semaine plus tôt et pour protester contre l’inaction de la Cour constitutionnelle (TC). Ce dernier avait refusé, deux jours plus tôt, de commenter la légalité du limogeage, le 9 novembre, du président Martin Vizcarra, remplacé par l’ancien président du Congrès, Manuel Merino.

Surtout, les manifestants considèrent que l’arrivée au pouvoir de M. Sagasti le 17 novembre, après la démission de M. Merino sous la pression de la rue, est une cautère sur une jambe de bois: ils appellent désormais à une réforme de la Constitution .

Pérou: contesté dans la rue, le président par intérim, Manuel Merino, démissionne

À Lima, des centaines d’affiches, de couronnes funéraires et de banderoles ont été accrochées aux portes de la Cour supérieure de justice samedi, à la mémoire d’Inti Sotelo Camargo (24 ans) et de Jack Bryan Pintado Sanchez (22 ans). Les autopsies ont déterminé que les deux jeunes hommes – qui ont pris part à une manifestation massive le 14 novembre contre la destitution par 105 parlementaires du président Vizcarra et la prise du pouvoir par Manuel Merino – ont reçu plusieurs coups sûrs.

« Coup d’État législatif »

La décision de la Cour constitutionnelle était attendue avec impatience par une population exaspérée par ce qu’elle a interprété comme un coup d’État institutionnel d’un Congrès dont les parlementaires défendent leurs intérêts particuliers plus que ceux du pays. Quatre magistrats sur sept ont décidé de ne pas commenter le concept d ‘«incapacité morale permanente» qui avait été utilisé par le Congrès pour déclarer vacant la présidence et renvoyer Martin Vizcarra.

De nombreuses voix ont condamné l’incapacité du TC à prendre position. « Cela laisse ouverte la possibilité que ce Parlement ou un autre s’applique au président de la République – y compris l’actuel – la disposition vague qui a permis le coup d’État législatif du 9 novembre », dénonce le journal La république dans un éditorial.

«Le TC a tourné le dos au pays, a regretté dans un Tweet l’ex-président Vizcarra. Des millions de Péruviens descendent dans la rue, des vies sont sacrifiées pour défendre la démocratie et pour eux [les magistrats], Rien ne s’est passé. Quelle déception! «  Dans un sondage Ipsos, 13% des personnes interrogées ont déclaré avoir manifesté dans les jours qui ont suivi la destitution, et 73% ont déclaré ne pas avoir participé aux manifestations mais les avoir soutenues.

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Lothaire Hébert

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