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Utiliser l’urine pour rendre les systèmes alimentaires en Afrique subsaharienne plus durables – la revue Eurasia

L’installation de systèmes de collecte d’urine dans les zones urbaines au sud du Sahara rendrait ces collectes plus durables. C’est ce que prouve une étude menée par quatre chercheurs du Cirad, de l’IRD, de l’université Boubacar Ba de Tillabéri (Niger) et de Joseph K. Zerbo, de Ouagadougou (Burkina Faso), publiée dans la revue. changement environnemental régional. Pour leur étude, les chercheurs ont analysé les flux d’azote résiduaire dans deux villes subsahariennes : Maradi (Niger) et Ouagadougou. L’étude était la première et elle a montré que l’urine était la principale source de perte d’azote. La collecte de cette urine peut fournir un engrais précieux adapté à une utilisation agricole locale, contribuant ainsi à rendre les systèmes alimentaires dans la zone urbaine plus durables.

Les trajectoires actuelles de développement urbain en Afrique subsaharienne ne sont pas durables. Les villes à croissance rapide sont des réservoirs de nutriments qui puisent dans des régions éloignées et pauvres en nutriments. Ces étangs, ainsi que la dégradation et l’épuisement des nutriments dans les zones reculées, ont des impacts importants sur l’environnement et la santé. Cela va à l’encontre de l’Objectif 11 des Objectifs de développement durable des Nations Unies, qui vise à « rendre les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables ».

Pour donner aux autorités une vue intersectorielle de l’état du pool de nutriments de la ville, les chercheurs ont identifié et analysé une gamme de flux de déchets. Leur approche distinguait quatre niveaux spatiaux imbriqués : la zone urbaine ; système de recyclage régional potentiel ; niveau national et international. Sur la base de cette analyse, les chercheurs se sont concentrés sur l’origine et le devenir des flux de déchets contenant des nutriments. La méthode a été appliquée à l’azote à Maradi et Ouagadougou, pour déterminer si et dans quelle mesure ces régions urbaines peuvent évoluer vers des systèmes alimentaires urbains durables. Le fait que l’azote se concentre sur les déchets plutôt que sur les flux de déchets eux-mêmes a permis une compréhension systémique utile pour les autorités locales.

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L’étude a montré que Maradi était un puits d’azote, bien qu’au cœur d’une alimentation urbaine encore relativement durable. Cependant, il pourrait très bien évoluer vers une situation similaire à celle de Ouagadougou : un grand bassin azoté sans recyclage urbain important dans l’arrière-pays. Malgré des tailles différentes, actuellement autour de 400 000 et 2 800 000 habitants respectivement, ces deux villes se développent dans des conditions biophysiques, climatiques, agricoles et socio-économiques très similaires. Ainsi, les résultats de chacun d’eux peuvent être considérés comme une illustration approximative du cours du développement.

L’étude a fourni le premier aperçu des flux de déchets contenant de l’azote dans les villes subsahariennes. Les rapports actuels n’ont jusqu’à présent fourni que des évaluations sectorielles partielles, axées soit sur la gestion des déchets, l’assainissement ou l’agriculture, alors que cette étude a montré que les pertes d’azote par l’assainissement et la gestion des déchets dépassaient largement les autres flux d’azote contenant des déchets dans ces villes. Ainsi, l’urine est la principale source de perte d’azote. Des initiatives de collecte d’urine pour permettre son utilisation comme engrais rendraient les systèmes urbains plus autonomes et résilients. Cela améliorera l’approvisionnement alimentaire régional et réduira la pollution des eaux urbaines par les eaux usées, rendant les systèmes urbains plus durables. Les chercheurs considèrent qu’aborder la possibilité d’un recyclage de l’urine serait une suite intéressante à cette étude.

Delphine Perrault

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