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un ancien journaliste de L’Équipe raconte sa folle soirée avec « son » Diego Maradona

Après la mort de Diego Maradona, mercredi 25 novembre, Albert Couriol se souvient sur franceinfo d’un des week-ends les plus fous de sa vie, passé en compagnie du « Pibe de oro ». « J’ai été son chauffeur pendant trois jours », dit l’ancien journaliste de L’équipe.

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C’était en mai 1988. A l’époque, Diego Maradona, sacré champion du monde deux ans auparavant puis joueur de Naples, est invité à participer au jubilé d’une autre légende du ballon rond, Michel Platini, qui tire sa révérence à Nancy. Albert Couriol est alors chargé par Jacques Vendroux, l’un des organisateurs du jubilé en tant que directeur général du Variété Club de France, de récupérer Diego Maradona à Paris.

« Je suis allé le chercher à l’aéroport du Bourget », se souvient-il. « Il est arrivé de Naples dans la soirée, en avion privé. Il venait de jouer un match et il était accompagné de son agent, Guillermo Coppola, et d’un de ses amis. » Une fois sorti de l’avion, chacun prend place dans la voiture d’Albert Couriol, en direction du Lido où un dîner attend les invités de Michel Platini, mais qui n’intéresse peut-être pas tant Diego Maradona … «On arrive au Lido, Diego dit bonjour à tout le monde, tout le monde le salue, il dit. Nous étions attendus car nous sommes arrivés après tout le monde! Alors on s’assoit à notre table … et au bout d’un quart d’heure, il me dit: « on ne reste pas ici, on s’en va, ça craint! » «  Embarrassé, Albert Couriol dit avoir demandé à Jacques Vendroux ce qu’il devait faire.

« Il m’a dit de ne pas lâcher prise! C’était Maradona, c’était le Seigneur, nous n’allions pas trop le retenir. »

Albert Couriol, ancien journaliste à L’Equipe

vers franceinfo

Alors quand le numéro 10 argentin s’est levé avec ses deux amis, Albert Couriol les a suivis. « Nous avons traversé les Champs-Elysées et sommes allés de l’autre côté de la rue à la brasserie » L’Alsace « . Il a dit qu’il avait faim, alors nous avons mangé des huîtres là-bas ». Il est difficile pour ce petit groupe de passer inaperçu, même si en 1988 il n’y avait pas de téléphone portable et donc pas de selfies. Diego Maradona est au sommet de son art, connu et reconnu, il signe des autographes pour les clients de la brasserie. Albert Couriol ne va pas jusqu’à lui en demander un, mais alors il vit « quelque chose de fou ». « Imaginez-moi, moi, monstre du football, amant fou de Maradona! », il dit. « J’ai joué le salaud, il m’a dit » on part « , on est allé faire un tour de Paris, il m’a dit » je suis fatigué « , je l’ai emmené à l’hôtel. »

Quand vient le temps de se souhaiter une bonne nuit, Albert Couriol prévient son idole qu’il devra se lever tôt le lendemain. L’avion qui doit emmener les invités de Michel Platini à Nancy doit décoller vers 8 heures de l’aéroport d’Orly. Mais on ne dit pas à quelle heure « la main de Dieu » doit régler son réveil … «Il m’a dit ‘ah non non non, j’ai joué cet après-midi, j’ai voyagé, il est tard, je ne vais pas me lever tôt comme ça’. Je lui ai expliqué que je ne pourrais pas arriver. Sans lui au aéroport … Il a répondu ‘tu dis à Michel que de toute façon je serai au stade, je ne sais pas encore comment, mais je viendrai’ « . Le lendemain matin, vers 5 heures du matin, Albert Couriol est toujours rentré à son hôtel parisien pour tenter de réveiller Diego Maradona, mais l’agent du joueur l’a dissuadé. Le journaliste arrive donc seul à l’aéroport d’Orly, au milieu de Franz Beckenbauer, Michael Laudrup … Tout le meilleur du football mondial est là, sauf Maradona! « Jacques Vendroux me passe alors un savon! », se souvient Albert Courriol: « Il m’a dit qu’il comptait sur moi, qu’il pensait que j’aurais pu le faire, qu’il était déçu ». Mais ce n’est rien comparé à la réaction de Michel Platini.

« Arrivé à Nancy, Michel m’a dit que j’avais gâché son jubilé, que sans Maradona c’était ruiné! J’étais si mal que je ne voulais plus rien, même jouer comme leveur de rideau. »

Albert Couriol, ancien journaliste à L’Equipe

vers franceinfo

Enfin, quelques dizaines de minutes avant le lever du rideau, « une limousine d’au moins 15 mètres arrive devant le stade Marcel-Picot », dit le journaliste. Et là «Il y a mon Diego qui sort et qui me dit ‘tu vois, je t’ai dit que j’y serais!’ Je transpirais partout, j’étais malade et heureuse à la fois « . Diego Maradona arrive sans intention de jouer, mais est convaincu par Michel Platini à la dernière minute. Jacques Vendroux lui trouve une paire de crampons, c’est Jean-Pierre Papin qui le lui prête, et l’Argentin foulera la pelouse de Marcel-Picot. Avant le match, Diego Maradona pose avec Pelé et Michel Platini, tous joueurs portant un « Drogue No! » Jersey. Le temps d’une soirée, Nancy devient la capitale mondiale du football. Albert Couriol, il se remet d’une grande peur … Diego Maradona n’en a pas encore fini avec lui.

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Le lendemain, de retour dans les bureaux du journal L’Equipe, ses collègues lui préviennent que « quelqu’un » l’a appelé. « C’est mon Diego qui voulait voir sa compatriote Gabriela Sabatini jouer cet après-midi-là à Roland Garros! » Albert Couriol panique, il se demande quoi faire avant de monter dans la section tennis du quotidien sportif. Il explique la situation à ses collègues qui ne le croient pas: «  » Maradona? Vous plaisantez ou quoi?!  » Je réponds que oui, oui, il passera une heure devant le journal et que je devrais lui donner des places. C’est Philippe Bouin, qui était responsable du tennis à l’époque, qui s’est arrangé pour en trouver, je l’ai donné à eux, et ils sont allés voir Sabatini à Roland-Garros « . C’est sur cette dernière anecdote que les routes du journaliste et du meilleur joueur du monde se sont séparées. « Il m’a laissé son adresse à Naples en me disant que je pouvais venir quand je voulais », se souvient Albert Couriol qui ponctue son histoire d’un dernier « truc de ouf! ».

Astor Abel

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