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Trois ans après son lancement, Shadow, l’ambitieux service français de «cloud gaming», n’a pas décollé

C’était il y a un an. La start-up française Blade a réalisé sa quatrième levée de fonds à hauteur de 30 millions d’euros, et officialise en grande pompe son partenariat avec le géant européen du cloud OVHcloud. Lors de sa conférence annuelle du 29 octobre 2019, le patron d’OVH, Octave Klaba, est monté sur scène pour saluer son partenariat avec Blade sous le regard bienveillant de Cédric O, le secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques.

Dans les bureaux de l’entreprise cofondée en 2015 par Emmanuel Freund, Stéphane Héliot et Asher Kagan-Criou, l’ambiance est excessive. « Nous allons conquérir le monde », enhardi le premier dans les médias. « Nous nous sommes fixé pour objectif d’atteindre un million d’abonnés », suggère Jérôme Arnaud, alors PDG.

En 2017, la start-up a lancé Shadow, un service informatique ambitieux « Dans le nuage » (cloud computing), destiné aux joueurs sur PC. Avec Shadow, n’importe qui peut avoir accès, depuis n’importe quel ordinateur de bureau (même un ordinateur portable bas de gamme), à ​​un ordinateur équipé pour jouer, avec certains des composants les plus puissants. Cette machine fonctionne à distance: le son et l’image du jeu sont affichés sur l’écran du joueur, qui peut interagir en direct sur l’ordinateur Shadow, le tout grâce aux informations de jeu transmises via une solide connexion Internet (15 Mb / s minimum).

Le secret ? Centres de données remplis de processeurs et de GPU (cartes graphiques), proposés aux utilisateurs de Shadow, et pour lesquels Blade gère l’ensemble de la maintenance (licences Windows 10, mises à jour, stockage supplémentaire, remplacement de composants, etc.). Un tel service de «Cloud gaming» peut remplacer l’achat de PC de jeu, souvent très coûteux, pour les personnes disposant d’une bonne connexion Internet.

En 2017, il préfigurait les offres lancées deux ans plus tard par des géants comme Google et Microsoft, avec Stadia et le Xbox Game Pass. L’enjeu d’une telle offre est immense, mais avec le développement massif de la fibre et l’arrivée de la 5G, le marché semble arriver à maturité. Selon un rapport du cabinet d’expertise IHS publié en 2019, le marché mondial de jeu en nuage représentera 2,3 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros) d’ici 2023.

Lisez notre test publié en 2017: Nous avons testé… Shadow, le PC dématérialisé « made in France »

Imprévus et erreurs stratégiques

Cinq ans après sa création, Blade a levé 100 millions d’euros, emploie deux cents salariés et revendique 100 000 clients sur Shadow, dont un tiers aux États-Unis. Mais ces derniers mois, une série d’erreurs stratégiques et d’événements imprévus ont endommagé l’image de la start-up.

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Cunégonde Lestrange

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