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Que signifie la «quasi-danse» de Donald Trump?

Tribune. Le solo de danse n’est pas un exercice facile.

Sur le plan esthétique, Trump a longtemps opté pour une forme de «quasi-danse», proche de la non-danse née dans les années 1960 sur le sol américain. Son style, qui lui est propre, est cohérent avec sa «quasi-politique» (irait-on jusqu’à parler de non-politique?).

Gestes économe

Le président américain est une sorte de puriste esthétique que l’on peut féliciter d’avoir su dégager les traits essentiels de la célèbre chorégraphie de masse de YMCA des villageois. L’avantage est que – presque – tout le monde peut danser comme ça.

Dans ce geste frugal, seuls les bras et les jambes bougent. Le tronc reste immobile, la tête fermement vissée dessus. Les pieds ne quittent pas le sol, car être président est tout de même sérieux. La tâche est lourde. La chorégraphie est minimaliste: les jambes marchent sur place, solidement ancrées dans le sol; les bras se plient et se déplient légèrement, jamais jusqu’au bout, les poings serrés évoquant un subtil mélange de confiance, de joie, de victoire et de retenue. De temps en temps, les mains battent doucement – parfois en rythme, parfois non, dans un décalage sophistiqué – et régulièrement l’index désigne de façon aléatoire et ambiguë, ici et là dans la foule, un individu anonyme qui peut-être, s ‘ il se reconnaît, ressentira l’excitation fugitive (et illusoire?) d’être remarqué.

Espoir de résurrection

Certains spectateurs verront dans la performance de Donald Trump une danse maladroite, engourdie voire paresseuse, reflétant une forme de timidité ou les complexes d’un président mal à l’aise dans son corps, trop conscient d’être regardé («auto-conscient»).

Mais ses fans sont rassurés: rien n’a changé, la vie américaine est une fête que rien ne peut déranger, le président est un vainqueur, vainqueur de la maladie encore debout qui par ses gestes rythmés invite à la joie collective et ravive l’espoir de la résurrection. Les États-Unis triompheront de Covid-19 comme tout autre mal, car là-bas, le bien l’emporte toujours.


Philosophe Julia Beauquel

Lothaire Hébert

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