Montréal et Québec reconfigurent partiellement
Montréal
« Rester à la maison », a exhorté ces dernières semaines le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé. Il n’a pas été écouté. C’est l’alerte rouge à Montréal et au Québec. La Belle Province, touchée par une deuxième vague de Covid-19, a porté son système d’alerte sanitaire au plus haut niveau lundi soir, de l’orange au rouge, pour trois régions, dont Montréal et Québec. Ce reconditionnement partiel sera effectif à partir du 1est au 28 octobre. Cela touche cinq millions de Québécois sur huit. Le Premier ministre François Legault est sorti de quatorze jours de détention préventive lundi, après avoir été en contact avec la chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, qui est positive pour le coronavirus, pour s’adresser à la nation. «Les chiffres sont définitifs. Nous devons prendre nos responsabilités (…) et prendre des décisions difficiles », a déclaré François Legault.
Les chiffres sont définitifs. Nous devons prendre nos responsabilités (…) et prendre des décisions difficiles
François Legault
Si le chef du gouvernement ne voulait pas parler de nouveau confinement, les bars, restaurants et casinos devront fermer. Tout comme les cinémas, les musées, les théâtres, les bibliothèques et les salles de spectacle. La plupart des autres entreprises pourront rester ouvertes pour le moment. Les représentants des religions ont obtenu une dérogation et pourront organiser des célébrations ne dépassant pas 25 personnes. Les Montréalais, comme les Québécois, par contre, ne pourront plus recevoir d’amis à la maison et faire des fêtes à l’extérieur. Enfin, le gouvernement a demandé à ses concitoyens de ne pas se déplacer d’une région à une autre, mais sans aucune obligation formelle.
Les nouvelles mesures ressemblent davantage à un confinement partiel. Pour les justifier, François Legault a déploré « Voir des photos de personnes enfreignant les règles à la fin de la semaine », même si, a-t-il ajouté, « La grande majorité des Québécois respectent les consignes ». Les masques extérieurs ne sont pas obligatoires dans la province et les rassemblements et fêtes, sans distanciation, sont récurrents dans les parcs de Montréal la fin de semaine. Et le Premier ministre ajoute que les nouvelles mesures n’ont pas été décrétées « pour le plaisir ».
Pas de fronde
Malgré l’application de nouvelles restrictions, le moral de la population reste bon. Pas de rébellion de la part des restaurateurs non plus, même s’ils se disent déçus. Le gouvernement a promis une compensation financière à une profession très respectueuse des règles de santé.
Au-delà des limites, le Québec se mobilise contre la pandémie et a demandé aux retraités du secteur de la santé de se porter volontaires pour effectuer des tests de dépistage de la population pendant quelques semaines. Les autorités ont également formé 10 000 infirmières auxiliaires cet été, anticipant une deuxième vague. Avec la clé d’une rémunération du double du SMIC et des bonus pour motiver un personnel en mouvement. Un tournant nécessaire. Contrairement au modèle de gestion du Canada anglais, notamment de la Colombie-Britannique, lors de la première vague, la crise sanitaire au Québec a été l’une des plus mal gérées au monde, avec 5826 décès pour 8 millions d’habitants, ce qui représenterait 46608 décès rapportés à la population de la France. Les autorités veulent éviter à tout prix une catastrophe sanitaire comme la première vague.
La tendance pourrait encore se durcir dans les semaines à venir. Le système de santé de la province est déjà débordé. « Il faut vraiment espérer que la deuxième vague ne se traduira pas par un besoin d’hospitalisations, a déclaré le docteur Bernard Mathieu, président de l’Association des médecins d’urgence du Québec, récemment à Radio-Canada. Nous ne pourrons pas les traiter (les patients). « Une confession très inquiétante pour les cousins québécois.