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Moderna exhorte les Européens à signer rapidement afin de ne pas retarder les livraisons de son vaccin

Stéphane Bancel dans une interview vidéo avec l'AFP de Cambridge (Massachusetts) le 17 novembre 2020 (AFP / Ivan Couronne)

Stéphane Bancel dans une interview vidéo avec l’AFP de Cambridge (Massachusetts) le 17 novembre 2020 (AFP / Ivan Couronne)

Le patron de la société américaine de biotechnologie Moderna a averti mardi les Européens que la prolongation des négociations pour acheter des doses de son vaccin Covid-19 risquait de ralentir les livraisons, les autres pays étant une priorité car ils ont signé depuis des mois.

« Nous avons des discussions, mais nous n’avons pas de contrat », a déclaré à l’AFP Stéphane Bancel depuis Cambridge, Massachusetts, où ce Français de 48 ans, anciennement du laboratoire bioMérieux, dirige Moderna, une petite entreprise depuis 2011. détenant l’une des les vaccins les plus prometteurs de la pandémie.

La société, fondée en 2010, a annoncé lundi que son projet de vaccin Covid-19 avait montré une efficacité élevée dans les essais cliniques de près de 95%, comparable à ce que le géant pharmaceutique américain Pfizer allié à la société allemande BioNTech avait annoncé la semaine dernière. Les deux devraient demander des autorisations de mise sur le marché auprès des autorités américaines, européennes et autres dans les semaines à venir.

Des « discussions avancées » ont en effet été annoncées avec la Commission européenne le 24 août pour l’achat de 80 millions de doses du vaccin, mais aucun engagement ferme n’a été signé depuis. En attendant, Moderna a signé avec le Canada, le Japon, Israël, le Qatar, le Royaume-Uni … Sans oublier les 100 millions de doses promises début août aux Etats-Unis.

«C’est qu’il y a beaucoup de choses administratives, de dossiers, de trucs, d’alignements entre les pays et c’est juste compliqué à gérer quand on a 27 ans par rapport à quand on est seul», explique Stéphane Bancel. . Il le compare au Canada: entre les premières discussions avec les médecins de Moderna et la signature du contrat, «cela a pris deux semaines».

La conséquence: « Il est clair que le retard ne limitera pas la quantité totale, cela ralentira la livraison », dit-il. Pour tous les pays hors États-Unis, la production se fera en Suisse, dans les usines du groupe Lonza, et la mise en bouteille à Madrid, chez le groupe Rovi.

Le siège de la société américaine de biotechnologie Moderna à Cambridge, Massachussets, le 16 novembre 2020 (AFP / MATTHEW HEALEY)

Le siège de la société américaine de biotechnologie Moderna à Cambridge, Massachussets, le 16 novembre 2020 (AFP / MATTHEW HEALEY)

Si jamais le vaccin était autorisé par l’Agence européenne des médicaments avant la fin de l’année, mais qu’aucun contrat n’avait encore été signé, « les allocations pour les premières livraisons n’incluraient pas l’Europe. Donc, cela continuerait. La Suisse, ce serait un peu au Japon, Israël, Canada, donc aux pays qui l’ont commandé. Mais ceux qui n’ont pas commandé, je ne leur enverrai pas de produits « .

« Plus ils attendront, plus il sera décalé dans le temps », insiste Stéphane Bancel. Selon lui, les discussions ne bloquent pas le prix, mais il refuse d’en dire plus publiquement.

La Commission européenne, qui a également signé avec Pfizer et d’autres constructeurs, a insisté mardi sur la complexité des négociations. « Allons-nous conclure des contrats parce que, tout d’un coup, il y a de beaux articles de presse sur le statut d’un vaccin? Ce n’est pas le cas », a déclaré le porte-parole Stefan de Keersmaecker.

– Anticipation américaine –

Stéphane Bancel compare la procrastination européenne à l’anticipation américaine. Dès le 2 mars, lui et les patrons des grands laboratoires étaient à la Maison Blanche autour de Donald Trump.

Les États-Unis ont accordé un demi-milliard de dollars à Moderna en avril pour financer des essais cliniques. Au total, la biotech a reçu 2,5 milliards de dollars de deniers publics américains, sous l’égide de l’opération Warp Speed, lancée officiellement le 15 mai.

« L’opération Warp Speed ​​a été l’une des choses les plus efficaces », a déclaré le patron.

Moderna est basé à Cambridge, Massachusetts (GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Maddie Meyer)

Moderna est basé à Cambridge, Massachusetts (GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Maddie Meyer)

« Nous avons commencé à discuter avec plusieurs pays européens en mai. Nous n’avons reçu aucune aide pour payer les études cliniques. Tout a été pris par le gouvernement américain et heureusement ils l’ont fait, sinon nous n’avons pas pu développer le vaccin à ces vitesses, car vous savez que nous sommes une entreprise qui n’a jamais fait de profit, et l’étude clinique a coûté 1 milliard de dollars », poursuit-il.

Résultat, les premiers Américains seront sans doute vaccinés avant la nouvelle année: «Nous avons déjà plusieurs millions de doses en réserve» aux Etats-Unis, confirme Stéphane Bancel.

Dix millions de doses devraient être en stock avant la fin novembre, et « nous aurons 20 millions de doses d’ici la fin de l’année ».

Ces 20 millions de doses seront exclusivement destinées aux États-Unis. Moderna prépare la chaîne d’approvisionnement avec le gouvernement depuis des mois pour être prête dès que la US Medicines Agency (FDA) autorise le vaccin, une décision attendue en décembre.

L’objectif, dit-il, est que sur le feu vert de la FDA, Moderna puisse «charger les camions et partir».

ico / seb

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Lothaire Hébert

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