le stade de Rennes nommé sans gagner
Drôle de baptême pour le Stade rennais. Pas de tifo géant déployé par les ultras du Roazhon Celtic Kop (RCK), pas de stade complet non plus. Le plus jeune de la Ligue des champions, le club breton a découvert la compétition reine en Europe, mardi 20 octobre, dans une drôle d’ambiance, la pandémie de Covid-19 oblige. Rennes et le club russe de Krasnodar, également néophyte, n’ont pas pu se décider (1-1).
« Et en plus, il va pleuvoir! » « Aux abords de Roazhon Park, certains supporters constatent que la situation sanitaire les prive d’un match rennais intemporel: la galette-saucisse, mettre qui a une chanson à sa gloire en Bretagne. Tous les camions fournissant la nourriture des fans ont été priés de ne pas venir, pour ne pas risquer les foules. «Sans une crêpe à la saucisse, ce sera fade. C’est généralement parce qu’il est mangé sans sauce, mais c’est un peu triste », respire Jean-Félix Juguet-Piazzola, écharpe de membre du RCK nouée autour du cou. Pour le reste, ce supporter de 30 ans a des étoiles dans ses yeux, celle de la Ligue des champions. «Imaginez, on découvre cette compétition 43 690 jours après la création du club, cela fait des années d’attente. « Depuis la création du club, en 1901, si l’on reprend son calcul (la compétition européenne n’est apparue qu’en 1955).
Equipe encore récemment inscrite aux fatalités – certains supporters se confient une once d’incrédulité en voyant le rouge et le noir parmi les meilleurs européens – Rennes a dû attendre 2020 pour grimper dans la cour des grands européens. Troisièmes lorsque le championnat a été interrompu pour cause d’enfermement, les hommes de Julien Stéphan ont validé leur billet direct pour la phase de groupes grâce à la victoire du Sevilla FC en Ligue Europa. Ils pourront remercier les Andalous la semaine prochaine, le tirage au sort ayant mis les deux équipes dans le même groupe.
La joie de l’hymne
Portés par un gala Eduardo Camavinga – habitude récurrente du jeune néo-bleu – les rennais ont entamé la rencontre sans crainte. Dans une enceinte chauffée par les chœurs de 5 000 spectateurs autorisés, les Rennais ont immédiatement mis le pied sur le ballon. Face à un adversaire affaibli – privé du Français Remiu Cabella, contraint à l’isolement après un test positif pour Covid-19, et à leur entraîneur, souffrant d’angine de poitrine -, les coéquipiers du capitaine Benjamin Da Silva ont tenté de prendre le match à eux seuls. Mais ils ont eu du mal, en première période, à reprendre la défense de l’équipe du Caucase. A plusieurs reprises, leur gardien Matvei Safonov est intervenu pour rejeter les tentatives rennaises.
L’histoire se souviendra que c’est sur penalty que Sehrou Guirassy a inscrit le premier but du Stade Rennais en Ligue des champions. Suite à une belle percée de Martin Terrier, interrompue par un tacle russe dévastateur, l’arbitre, après avoir initialement appelé Rennes à reprendre le match, a accordé ce penalty (1-0, 56e). Et Roazhon Park pouvait exulter, comme lorsque les premières notes de l’hymne de la Ligue des champions sonnaient dans le stade.
A l’appel du club, qui en a fait son mot d’ordre, toute la ville a fait écho toute la journée pour les accords de ce « Musique sacrée ». D’un TGV annonçant ainsi arrêt de la gare bretonne pour de nombreux habitants, élevant le son à moins d’une demi-heure de la rencontre, l’hymne composé par Tony Britten envahit Rennes. Avant, une heure avant le coup d’envoi, sonnait enfin à Roazhon Park, sous les acclamations des supporters. « C’est une musique de rêve, celle d’un autre monde auquel nous n’avons pas eu accès »sourit Antoine Deport, un fan au visage couvert d’un masque aux couleurs du club.
Manque d’efficacité et gardien russe en verve
Habitué aux déceptions répétitives, aux désillusions en finale de coupe ou à rater le bateau de la Ligue des champions pour un but à la dernière minute – le Lillois Nicolas Fauvergue, auteur de ce coup de Jarnac en 2007 n’a été pardonné qu’au début d’octobre -, les Rennes ont savouré la musique inspirée de l’hymne du couronnement de Haendel. La veille, un Julien Stéphan pragmatique avait recadré le débat lors d’une conférence de presse: «Je n’attends pas la musique, c’est le jeu que j’attends. La musique ne rapporte pas de points. «
Et Rennes devra rapidement tirer une autre leçon: en Ligue des champions, les erreurs se payent en espèces. Quelques minutes à peine après l’ouverture du score, la défense rouge et noire a donné une certaine latitude à Christian Ramirez. A l’angle droit de la région rennaise, l’Equatorien de Krasnodar pivote et enflamme une magnifique frappe de gauche qui trouve la lucarne. Partout, ballon central (1-1, 59e), et malgré une salve finale, où Rennes a multiplié les chances, c’est sur un match nul que les deux néophytes repartent. « Ce qui fait la différence, c’est ce manque d’efficacité et le fait d’être tombé sur un bon gardien », a soufflé l’entraîneur rennais à l’issue de la rencontre.
Si les coéquipiers d’Eduardo Camavinga peuvent nourrir quelques regrets de ne pas avoir conclu cette première fois par une victoire, ils n’ont pas manqué leurs débuts. Quinze ans jour pour jour après sa première participation aux phases de groupes de la fin de la Coupe UEFA (devenue depuis la Ligue Europa) – et une défaite 0-2 contre Stuttgart -, le Stade rennais a changé de vitesse. Désormais, la capitale bretonne est une ville étape de la Ligue des champions. « Vous entrez dans une nouvelle ère, rendez-nous fiers », a annoncé la bannière du RCK au début de la réunion. Rennes aura au moins cinq matchs pour mener à bien la tâche.