Le président Piñera appelle à « l’unité » pour rédiger la « nouvelle Constitution »
Les Chiliens ont voté, dimanche 25 octobre, à une très forte majorité en faveur d’une nouvelle Constitution en remplacement de celle héritée de l’ère Pinochet, lors d’un référendum organisé un an après un soulèvement populaire massif contre les inégalités sociales.
Selon des résultats partiels couvrant 69,81% des bureaux de vote, les votes en faveur d’une nouvelle Constitution étaient largement en avance, avec 78,01% des voix, contre 21,99% pour le vote rejetant cette option.
Réagissant à ces résultats, le président conservateur Sebastian Piñera a appelé dans un discours télévisé à « L’unité » pays pour écrire le « Nouvelle Constitution ».
«Jusqu’à présent, la Constitution nous a divisés. À partir d’aujourd’hui, nous devons tous travailler ensemble pour que la nouvelle Constitution soit un espace d’unité, de stabilité et d’avenir. «
Des manifestants euphoriques
Alors que le décompte des voix se poursuivait, des milliers de manifestants euphoriques se sont rassemblés au centre-ville de Santiago, sur la Plaza Italia, l’épicentre de la manifestation, pour célébrer la « La victoire », ont noté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
«Nous célébrons une victoire dans ce lieu plus digne que jamais! « , s’enthousiasme Graciela Gonzalez, une vendeuse de 35 ans, au milieu de chansons, de pétards et de klaxons.
Il y a un an jour pour jour, la protestation contre les inégalités avait pris un tour lorsque 1,2 million de personnes se sont rassemblées sur cette place emblématique, rebaptisée « Lieu de dignité ».
«Je n’aurais jamais imaginé que nous, les Chiliens, serions capables de nous unir pour un tel changement! « , a enflammé Maria Isabel Nuñez, 46 ans, qui est arrivée sur la place main dans la main avec sa fille de 20 ans.
Malgré la pandémie de Covid-19 qui a durement frappé le Chili (500 000 contaminations déclarées, 14 000 décès enregistrés), les électeurs se sont rassemblés en masse, formant de longues files d’attente devant les urnes. Le taux de participation officiel n’était pas encore connu, mais le directeur de l’Autorité électorale Patricio Santamaria a prédit un chiffre élevé.
De nombreux électeurs ont parlé d’un scrutin dimanche « Historique ». « Le Chili mérite une catharsis nationale et je pense que c’est le début »Felipe, un ingénieur de 35 ans, a déclaré à l’AFP.
Dans la matinée, Sebastian Piñera a appelé les Chiliens à se rendre aux urnes « Parce que chaque voix compte ».
Deux questions
Le remplacement de la Constitution héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) était l’une des revendications des manifestations lancées à partir du 18 octobre 2019 afin d’exiger une société plus juste. La loi fondamentale actuelle limite sévèrement l’action de l’Etat et promeut l’activité privée dans tous les secteurs, y compris l’éducation, la santé et les retraites.
Les 14,7 millions d’électeurs ont été invités à répondre à deux questions: «Voulez-vous une nouvelle Constitution? « et «Quel organe devra rédiger la nouvelle Constitution? « Selon des résultats partiels couvrant plus de la moitié des bureaux de vote, l’option d’un « Accord constitutif » composé uniquement de citoyens recueillis par 79% des voix, contre 21% pour une « Accord mixte » composé de citoyens et de parlementaires.
Pour les supporters de« J’approuve » (« J’approuve »), principalement dans l’opposition du centre et de la gauche, une nouvelle constitution supprimera un obstacle essentiel à des réformes sociales profondes dans l’un des pays les plus inégaux d’Amérique latine. « Depuis le début de la manifestation, c’est la première réelle opportunité que nous ayons pour qu’il y ait des changements dans la santé, l’éducation »Pilar Matus, un enseignant de 47 ans, a déclaré à l’AFP avant de voter.
Défenseurs de « Rejet » (« Je rejette »), qui réunissent les partis les plus conservateurs, ont estimé qu’il était possible d’introduire des changements dans la loi fondamentale, qui, selon eux, avait garanti la stabilité du Chili au cours des dernières décennies, sans avoir besoin de la remplacer. « C’était un pays qui fonctionnait bien en Amérique latine et maintenant les choses vont mal, nous ne voulons pas de cela pour notre pays », a expliqué Andrea Benson, 26 ans.
« Sortez de l’ombre de la dictature de Pinochet »
À ce jour, aucune tentative de remplacer la Loi fondamentale n’a abouti. Tout le monde s’accorde aujourd’hui à dire que la Constitution a été rédigée pour que les franges conservatrices de la société puissent rester au pouvoir, même après la fin de la dictature.
L’objectif de « Ce processus constitutionnel doit sortir de l’ombre de la dictature de Pinochet », A déclaré à l’AFP Marcelo Mella, un politologue de l’université de Santiago. Il s’agit aussi de « Pouvoir résoudre par des moyens politiques et pacifiques les problèmes devenus structurels », comme l’inégalité et l’exclusion.
Jusqu’au déclenchement de la crise, le Chili était considéré comme l’un des pays les plus stables d’Amérique latine, salué pour ses performances macroéconomiques. Déclenchée par une augmentation du prix du ticket de métro à Santiago, la contestation a été alimentée par la colère de la population dénonçant la déconnexion des élites face à la vie quotidienne difficile du plus grand nombre et a surpris toute la classe politique. .