La France bloque le projet de l’OTAN d’établir un avant-poste en Asie, ce qui crée une scission au sein de l’alliance
La France s’oppose fermement à un accord proposé pour étendre la présence de l’OTAN en Asie, provoquant une rupture au sein de l’alliance de sécurité occidentale quelques jours avant le sommet crucial en Lituanie. Le plan, qui comprend la création d’un bureau de liaison au Japon, est en discussion depuis des mois alors que les tensions entre l’Occident et la Chine continuent d’augmenter.
Le sommet annuel des dirigeants, qui s’est tenu dans le contexte du conflit russe en Ukraine, devait être l’occasion de faire avancer le plan d’expansion. Cependant, selon un rapport de Politico, le président français Emmanuel Macron a exprimé une opposition farouche, craignant qu’une telle décision ne détourne l’attention de l’OTAN de son mandat initial dans l’Atlantique Nord.
« Pas en sa faveur par principe », assure l’Elysée.
« Nous ne sommes pas favorables au principe », a déclaré vendredi un responsable de l’Elysée lors d’une conférence de presse. Le fonctionnaire a en outre souligné que les autorités japonaises elles-mêmes n’avaient pas montré beaucoup d’intérêt pour le bureau proposé.
Selon le responsable français, le champ d’action de l’OTAN est géographiquement limité à la région de l’Atlantique Nord. « OTAN signifie l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord », a souligné le responsable, faisant référence à la nature géographique des articles 5 et 6, qui forment le noyau de l’alliance. Le projet d’établir le premier bureau de l’OTAN en Asie intervient à un moment où l’on s’inquiète de plus en plus du comportement agressif de la Chine dans l’espace maritime et aérien, en particulier à l’égard de Taïwan.
Quelle est la position de la Chine ?
La Chine s’oppose également à l’expansion de l’OTAN en Asie. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a commenté le mois dernier : « Nous avons vu l’OTAN décidée à se diriger vers l’est dans cette région, s’ingérant dans les affaires régionales et provoquant une confrontation de blocs. Il a ajouté que la majorité des pays asiatiques s’opposent à l’émergence de blocs militaires dans la région et ne saluent pas l’expansion de l’OTAN en Asie.
Sur cette question, Macron est cohérent depuis un certain temps
Macron critique vivement l’attention accrue de l’OTAN sur la Chine depuis plusieurs années. En 2021, à la suite de la réunion de l’OTAN, il a souligné la nécessité de distinguer les différents objectifs en disant : « Nous ne devons pas confondre nos objectifs ». Macron a fait valoir que si l’OTAN est avant tout une organisation militaire, la question des relations de l’alliance avec la Chine s’étend au-delà de la sphère militaire. Il a souligné que le champ d’action de l’OTAN devrait rester limité à la région de l’Atlantique Nord.
La querelle entre la France et d’autres membres de l’OTAN sur l’expansion en Asie met en évidence les défis auxquels l’alliance est confrontée pour faire face à des dynamiques géopolitiques complexes. Alors que le monde est aux prises avec une dynamique de pouvoir changeante et des tensions croissantes, il devient essentiel de trouver un consensus entre les membres de l’OTAN pour répondre efficacement aux préoccupations de sécurité mondiale.
Le prochain sommet en Lituanie fournira sans aucun doute une plate-forme pour des discussions intenses alors que les dirigeants cherchent à aplanir leurs différences et à présenter un front uni face à l’évolution des menaces. Cependant, la position ferme de la France sur le projet d’expansion en Asie ouvre la voie à des discussions potentiellement controversées et remet en question l’orientation future des priorités stratégiques de l’OTAN.
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