Jean-Luc Mélenchon et la NUPES cherchent la majorité en France | européenne | Nouvelles et actualités de tout le continent | DW
De nombreux observateurs avaient radié la gauche française avant l’élection présidentielle de cette année, mais Jean-Luc Mélenchon, président de La France Insoumise (LFI, grossièrement traduit par France insoumise), a commencé à gagner en popularité.
Si Mélenchon, éloquent défenseur du peuple, a raté de peu le second tour, il a aussitôt précisé que s’il ne pouvait pas être président, il pouvait au moins être Premier ministre. Il a déclaré que si les électeurs donnaient à son parti la majorité à l’Assemblée nationale, il corrigerait la politique du président français Emmanuel Macron.
Contre vents et marées, l’ancien socialiste a réussi à s’allier avec des partis de gauche rivaux, qui ont accepté de se présenter sur une liste commune sous le sigle NUPES, pour la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale.
Le premier tour des élections législatives, le 12 juin, s’est terminé par une course très serrée entre le NUPES et l’alliance de l’escouade de Macron (ensemble), ce dernier battant le premier d’une fraction.
Cela n’a pas empêché Mélenchon de déclarer ce soir-là que la NUPES était la vraie gagnante et d’affirmer que le parti présidentiel avait été « battu et défait ».
Bien qu’il s’agisse d’une grossière exagération, il ne fait aucun doute que la NUPES a renversé la situation. « Cette alliance électorale a complètement transformé la dynamique politique en France, des élections présidentielles aux élections législatives », estime Thomas Mannes, chef du bureau parisien de la Friedrich Ebert-Stiftung des sociaux-démocrates allemands.
Il s’agit d’un exploit politique puisque Melenchon a réussi à convaincre les partis socialiste, communiste et écologiste de rejoindre la NUPES, dont la LFI est la force dominante, en acceptant de ne présenter qu’un seul candidat par circonscription.
‘par nécessité’
Pendant longtemps, une telle alliance a été considérée comme improbable. Cela tient en partie à des désaccords politiques, mais aussi à la méfiance de beaucoup à Mélenchon, notamment des membres du Parti socialiste, qui l’ont quitté en 2008, estimant qu’il était devenu trop « libéral » et « social-démocrate ». Il fonde aussitôt le Parti de Gauche puis renonce à la présidence en 2014 pour lancer LFI.
« De nombreux maires socialistes ont accepté la coalition par nécessité plus qu’autre chose », a déclaré Manz.
Seuls quelques-uns des 577 sièges de l’Assemblée nationale ont été attribués au premier tour. Le second tour de dimanche déterminera le sort des candidats restants. La division s’est qualifiée pour le second tour dans 417 circonscriptions ; Les candidats du NUPES l’ont fait en 380. Ce sont les deux seuls partis mathématiquement capables d’atteindre la majorité absolue de 289 sièges.
VIe République ?
La plupart des sondeurs s’attendent à ce que la NUPES se retrouve avec moins de 200 députés. Une raison importante est que la coalition a déjà largement épuisé son potentiel parmi les électeurs de gauche, et pour obtenir une majorité absolue, elle devra rassembler un grand nombre de non-votants. Historiquement, il y a eu une faible participation au premier tour, donc c’est très peu probable.
Même si la NUPES l’emportait à la majorité absolue, Macron n’aurait pas à nommer Mélenchon Premier ministre. Il est libre de choisir son Premier ministre, bien qu’il doive tenir compte de la majorité parlementaire. .
Le programme NUPES est largement dominé par les politiques LFI. Mélenchon veut démanteler la Ve République et instaurer une Sixième République, dans ce qu’il dit être un système politique plus juste. Il a promis aux électeurs de meilleures prestations sociales s’il gagnait, bien qu’il ait eu du mal à expliquer comment les financer. Macron prévoit de relever l’âge de la retraite à 65 ans. La NUPES a promis de le réduire de 62 à 60. La coalition plafonnera également les prix des denrées alimentaires de base et augmentera le salaire minimum à 1 500 euros (1 575 $) par mois.
Un aspect particulièrement controversé est que Melenchon a déclaré qu’il ne respecterait pas certaines règles de l’UE si elles entrent en conflit avec les intérêts de la France. La politique à l’égard de l’Union européenne a fait l’objet d’intenses débats au sein de la NUPES. L’ancien président socialiste François Hollande a déclaré qu’une telle évolution trahirait l’histoire de l’Union européenne et de la social-démocratie.
Les défis de Mélenchon
Mélenchon, âgé de 70 ans, reste populaire, en particulier parmi les jeunes électeurs, et sa coalition est susceptible de devenir l’opposition claire au Parlement. Les Républicains conservateurs (LR) devraient arriver en troisième position, tandis que le Rassemblement national Marine Le Pen arrive en quatrième position.
Sans majorité, cependant, la constitution française donnerait peu de chances à la NUPES et à Melenchon de façonner la politique gouvernementale, et un accord politique est peu probable. Si Macrons Ensemble ne remporte pas la majorité absolue, le président tentera probablement de négocier avec les députés LR.
Ces cinq dernières années, Melenchon a surtout tenté de retarder les procédures en introduisant un déluge de modifications. « Cette fois aussi, on peut imaginer qu’il y aura une coopération un peu plus constructive », a déclaré Manns. Cependant, selon la tradition, la force d’opposition la plus forte obtient la présidence de la commission des finances, ce qui fournirait au moins à la NUPES une scène pour des attaques politiques contre le gouvernement.
Le Mans a déclaré que Melenchon, qui ne s’est pas présenté aux élections à l’Assemblée nationale cette année, pourrait se retirer de la politique si le NUPES ne parvient pas à battre Ensemble. « Melenchon est réaliste », a déclaré Manns. Et il sait que ce sera sa dernière chance de devenir président ou premier ministre.
Bien que les partis NUPES travaillent sur une carte commune, on s’attend à ce qu’ils se séparent après les élections, ne voulant apparemment pas former un groupe parlementaire commun mais simplement coordonner leur travail au sein de l’assemblée.
Le Pen, qui a obtenu 42% lors du second tour présidentiel, ne devrait pas jouer un rôle important dans le nouveau parlement. Cependant, son parti pourrait finir par au moins doubler ses sièges à 15 ou plus.
Cet article a été rédigé à l’origine en allemand.