Faites attention aux événements en France – le populisme progresse et ne peut être arrêté que par la révolution | Simon Jenkins
moiSi la démocratie d’aujourd’hui nous enseigne une leçon, elle ne sous-estime pas le populisme. L’humilier, la moquer, l’excuser, ne pas avoir de tribune, mais elle est une force sérieuse dans la politique électorale. En France, Marine Le Pen est dans la course à la présidence.
Plus tôt ce mois-ci, l’autocrate hongrois Viktor Orban a balayé le conseil d’administration. En Russie, bien que dans des circonstances difficiles, Vladimir Poutine maintient une emprise patriotique sur l’opinion. Aux États-Unis, Donald Trump refuse de disparaître. Ces individus ne se ressemblent en aucun cas, mais ils véhiculent le même message.
Le message est que la personnalité et l’identité remplacent le parti. À mesure que la prospérité relative augmente, les électeurs se tournent vers les préjugés et la sécurité émotionnelle. Ils ne peuvent pas faire confiance aux étrangers. Ils peuvent haïr les mondialistes, les parlementaires, les bureaucrates et les libéraux, quelle que soit leur définition. Ils veulent se sentir en contrôle de leur vie, comme l’a fait sarcastiquement le Britannique Boris Johnson, mais qui leur a été présenté avec succès sous la forme du Brexit. Ils veulent aimer ceux qu’ils prétendent diriger.
Ce populisme a déchiré le spectre à gauche et à droite. Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir il y a cinq ans en tant qu’outsider radical. Il a brisé le système des partis en France – les deux anciens partis ont obtenu moins de 10% lors de cette élection. Il s’est avéré être un réformateur résolu, voire audacieux, de l’ancienne économie politique française, en modernisant l’État-providence et en desserrant la stagnation du travail là où ses prédécesseurs avaient échoué.
Le Pen, soi-disant de droite, s’est identifié aux pauvres, avec des promesses imprudentes d’essence moins chère, des impôts plus élevés pour les riches et des impôts plus bas pour les pauvres. Elle veut exclure les immigrés de l’aide sociale et défier l’Union européenne. Elle a dépeint Macron comme une personne informée, l’incarnation de l’insensibilité parisienne à la France provinciale et un gentleman élitiste classique.
L’un des défauts des constitutions présidentielles est la promotion du caractère sur la politique. Il donne une prime à la brutalité de la politique, à l’attractivité, à la crédulité et au court terme. Comme le disait Alexis de Tocqueville, il promeut des mobs sur le club. Lorsque les partis sont dissous, la discipline du gouvernement parlementaire l’est aussi. Les données perdent leur sens. L’efficacité n’est rien de plus que de surmonter la prochaine crise. La responsabilité collective se résume à la loyauté envers un leader et une image, regardez la Grande-Bretagne de Johnson.
Les romantiques pourraient y trouver la lueur d’une nouvelle politique, plus sensible à l’opinion publique. Il est parfois résumé comme le « village mondial de l’internet », la démocratie de plate-forme non supervisée. À bien des égards, le Brexit était sa manifestation la plus visible, un cri de ralliement contre l’élite dirigeante la plus centralisée d’Europe. Aucun autre pays de l’UE depuis lors n’a osé organiser un tel référendum, et même Le Pen l’a retiré. Comme pour Trump aux États-Unis, donnez aux électeurs une chance de dire la pure vérité du pouvoir et ils pourront l’utiliser.
Cela fait six ans que le World Values Survey a enregistré une forte baisse de la foi dans la démocratie. Moins de la moitié des moins de 50 ans « pensent qu’il est nécessaire de vivre dans un pays gouverné démocratiquement ». En Allemagne, aux États-Unis et au Japon, entre 20% et 40% choisiraient un « dirigeant fort qui ne se soucie pas des parlements et des élections ». La politique conventionnelle doit affronter ces réalités ou mourir. L’identité du groupe doit être respectée d’une manière ou d’une autre, sinon la migration à travers le monde deviendra un supplice. Le fédéralisme doit être installé ou le séparatisme déstabilisera les États partout. Les parlements et les partis doivent réformer leurs processus ou perdre leur pertinence.
Il y a encore des chances que la France se sauve dans deux semaines, mais ses leçons sont claires pour tous.