Défense: l’alliance franco-allemande se renforce dans les véhicules blindés
Publié le Dec.2020 à 19:07Mis à jour le 14 décembre 2020 à 20:49
Le rapprochement opéré il y a cinq ans avec l’Allemagne dans l’industrie de l’armement terrestre doit être accéléré. C’est l’objectif d’un changement de gouvernance annoncé à la tête de la holding franco-allemande KNDS , qui possède les fabricants d’armures allemands Krauss Maffei Wegmann (KMW) et français Nexter (ex-Giat Industries).
Le changement, annoncé par les ministres de l’Économie Bruno Lemaire et des Armées Florence Parly, remplace les structures actuelles de tutelle et de gestion par un conseil d’administration unique de 10 membres, 5 français et 5 allemands. Il consacre la prise de pouvoir par le patron de KMW, Frank Haun, qui devient le véritable pilote des deux sociétés, avec le soutien toutefois de la présidence du conseil d’administration d’un invité inattendu mais de poids: Philippe Petitcolin , PDG de Safran. Philippe Petitcolin termine son mandat chez Safran en fin d’année et prendra ses fonctions le 1er mars 2021 chez KNDS, un groupe d’environ 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 8 300 collaborateurs.
Chef de KMW à la barre
Il y a cinq ans, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, travaillait pour un rapprochement entre le fournisseur de chars Leclerc et de véhicules blindés de l’armée française, Nexter, et l’entreprise familiale allemande KMW, dans l’espoir de consolider un peu un surcapacité industrie européenne de l’armement terrestre. Placées sous la holding KNDS, détenue à 50% par l’État français et à 50% par la famille Wegmann, les deux sociétés ont fait connaissance mais ont continué leur vie côte à côte sans faire grand-chose ensemble.
Mené par Frank Haun, KMW s’est battu avec succès pour obtenir des contrats d’exportation et maintenir sa compétitivité, tandis que Nexter, dirigé par Stéphane Mayer, s’est concentré sur la fourniture des nouveaux véhicules blindés Griffon et Jaguar pour l’armée de terre française. Stéphane Mayer, dont la tentative de rachat de son concurrent Aarqus (anciennement Renault Trucks Defence) a échoué, quittera l’entreprise, tandis que Frank Haun deviendra le directeur exécutif des deux sociétés, « Pour plus d’efficacité et d’intégration au service de ses clients », selon le communiqué de presse du gouvernement.
Accélérez l’intégration
Incapable de fusionner un ancien arsenal étatique avec une PME bavaroise, le gouvernement parie donc sur un changement de gouvernance, pour tenter de construire l’acteur européen de référence de l’armement terrestre. La priorité est d’achever le char franco-allemand du futur projet ( programme MGCS ) actuellement à l’étude pour remplacer les chars Leopard et Leclerc d’ici 2035. Le gouvernement compte beaucoup sur Philippe Petitcolin , pour accélérer l’intégration. « Il a une connaissance du monde de la défense, il apporte l’expérience d’une fusion réussie entre Safran et Zodiac et apportera la rigueur d’une société cotée », expliquons-nous au ministère des Armées.
Le gouvernement réfute toute prise de contrôle allemande, rappelant que l’actionnariat de KNDS reste strictement égal, et que les fonctions de directeur général et de président du conseil d’administration seront occupées tour à tour par un Allemand et un Français. Pour évoluer progressivement vers un Airbus blindé et gagner des parts de marché à l’export, Frank Haun et Philippe Petitcolin devront notamment définir de nouveaux projets communs, en plus du programme gouvernemental MGCS, qui ne fait que démarrer.