« Ce procès sera historique … » L’ancien ambassadeur du Vatican en France jugé pour agression sexuelle
- L’ancien ambassadeur du Vatican en France, l’Italien Luigi Ventura, sera jugé mardi pour «agression sexuelle» devant le tribunal correctionnel de Paris.
- Cet évêque lombard de 75 ans est accusé par plusieurs hommes d’attouchements sexuels. Le 8 juillet 2019, son immunité diplomatique a été levée.
- Les avocats des parties civiles saluent un procès «historique» alors que l’avocat du prévenu attend l’audience «que la lumière soit faite et que son innocence soit reconnue».
Nommé par Benoît XVI en 2009, Luigi Ventura est depuis longtemps ambassadeur auprès de la Vatican En France. A ce titre, le Lombard était en charge des relations du Saint-Siège avec les autorités françaises d’une part et avec les évêques d’autre part. Mais ses fonctions ont pris fin en décembre 2019, après avoir été impliqué dans une affaire d’agression sexuelle embarrassante. Beaucoup d’hommes
avoir porté plainte contre lui, affirmant avoir été victime d’actes inappropriés de la part de cet évêque, aujourd’hui âgé de 75 ans alors qu’il était dans l’exercice de ses fonctions. Pour ces faits, il sera jugé ce mardi devant le tribunal correctionnel de
Paris.
L’affaire a éclaté début 2019 lorsque Mathieu de la Souchère, responsable des événements internationaux à la mairie de Paris, a déposé une plainte pour «agression sexuelle». Quelques jours plus tôt, le 17 janvier, le nonce apostolique de France était invité par Anne Hidalgo à assister à la cérémonie des vœux aux autorités civiles et religieuses à la mairie de Paris. Le jeune exécutif municipal, qui l’a rencontré à cette occasion, l’accuse d’avoir touché ses «parties intimes» à trois reprises, dont une fois devant des témoins. « Il a agi en toute impunité, d’une manière invisible, d’une manière très sûre de lui, sans retenue, sans gêne, a déclaré le jeune homme à BFM TV à l’époque. Il l’a fait dans les yeux. »
« Plaignants extrêmement sérieux et crédibles »
« En publiant cette affaire, mon client a permis de porter en justice d’autres plaintes et témoignages », souligne à 20 minutes Me Elise Arfi, avocate de Mathieu de la Souchère. Par la suite, quatre autres hommes
a rapporté un contact similaire du prélat italien lors de manifestations publiques en France, entre janvier 2018 et février 2019. Un séminariste a dénoncé des gestes comparables lors d’une messe tandis qu’un autre employé de la mairie de Paris, âgé « de quarante ans, portait plainte pour des actes commis lors d’une autre messe, un un an plus tôt.
Deux autres hommes se sont également manifestés. L’un d’eux, haut fonctionnaire du Quai d’Orsay, n’a cependant pas souhaité devenir partie civile. «Ce sont des gens qui ont des profils extrêmement solides, ils n’ajoutent rien. Ce sont tous des plaignants extrêmement sérieux et crédibles », insiste Me Arfi. Le 24 janvier 2019, le parquet de Paris a ouvert une enquête. Six mois plus tard, le 8 juillet, au terme d’une âpre bataille, la France a obtenu la levée de l’immunité diplomatique par Luigi Ventura. En décembre de la même année, le pape François accepte sa démission, invoquant une «limite d’âge». Au terme de son enquête, le parquet
a viré cet évêque est entré au service diplomatique du Saint-Siège en 1978 devant le tribunal correctionnel.
« Le sommet de l’iceberg »
« Nous attendons beaucoup de ce procès qui sera historique », note Me Jade Dousselin, avocat de l’un des plaignants. C’est la première fois que quelqu’un du Saint-Siège répondra de ses actes devant le tribunal. »Son client, qui était l’un des community managers deAnne Hidalgo, « Sait qu’il n’obtiendra pas la vérité et les aveux de luigi ventura alors il attend une vérité judiciaire ». Elle estime que la justice « jugera la pointe de l’iceberg ». «Ce sont des faits qui se sont déroulés sur un an. Sur cette période, rien qu’en France, il y a quatre faits. Si nous étions allés plus loin, si nous avions cherché ce qui aurait pu se passer – même à l’étranger – ma conviction est que nous aurions découvert beaucoup plus de victimes que cela. «
Contacté par 20 minutes, L’avocat de Luigi Ventura indique que son client attend de ce procès « que la lumière soit faite et que son innocence soit reconnue ». «Il ne reconnaît aucune connotation sexuelle dans aucun des gestes qu’il aurait pu avoir», ajoute Me Solange Doumic, soulignant qu’elle «espère qu’il sera détendu». «Il ne pourra pas être là, même s’il le voulait vraiment», prévient-elle. Mais son médecin lui a dit que ce n’était pas raisonnable. Le prévenu encourt une peine de 5 ans de prison et une amende de 75 000 euros.