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Candidat à l’élection présidentielle de 2022, Mélenchon veut récolter 150000 parrainages citoyens

Le leader de La France insoumise, conscient du contexte difficile que traverse la gauche et de l’affaiblissement de sa position personnelle par rapport à 2017, se présente pour la troisième fois à l’Elysée.

Sous la Cinquième République, beaucoup ont tendance à croire que la troisième tentative est la bonne. C’est évidemment le cas de Jean-Luc Mélenchon, qui a annoncé ce dimanche sur TF1 sa candidature à l’élection présidentielle de 2022. Conscient de la difficulté du contexte politique et de l’affaiblissement de sa position depuis 2017, le chef de dossier de la France se rebelle se veut pourtant prêt à affronter Emmanuel Macron.

Initialement prévue fin octobre avant d’être reportée en raison des contextes sanitaire et terroriste, l’annonce n’est pas une surprise. Cela fait plusieurs mois que les proches du député des Bouches-du-Rhône répètent qu’il a toujours été, à leurs yeux, le meilleur candidat possible pour leur camp.

« Nous devons allumer une lumière pour que nous nous disions qu’il y a une fin au tunnel », a-t-il dit, pour « aider à déconfiner les esprits ». « Oui, je suis prêt et je propose ma candidature. Mais je demande une nomination populaire », a-t-il confirmé.

Parrainage citoyen

L’arnaqueur de la gauche radicale a cependant conditionné sa candidature à l’obtention de 150 000 «parrainages citoyens». C’est une proposition qu’il a faite avec son groupe parlementaire le 27 octobre afin de changer le mode de scrutin, conformément à l’une des recommandations de la commission Jospin en 2012. «Je me sentirai investi par le peuple», a-t-il justifié.

Cette commission a souligné les failles de notre système actuel, qui oblige les candidats à la présidence à recueillir 500 parrainages auprès des élus. L’objectif, pour Jean-Luc Mélenchon, est clair: démontrer, avant de concourir à l’élection présidentielle, que sa démarche repose sur un fort soutien populaire. Le député des Bouches-du-Rhône en dira plus quand il est l’invité exclusif de Face à BFM sur BFMTV jeudi prochain.

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« Campagne longue »

Fidèle à la communication digitale innovante qu’il avait déjà déployée à l’époque puis développée au cours des années suivantes, le patron de LFI va une nouvelle fois s’appuyer sur les réseaux sociaux, a indiqué son entourage en amont à l’Agence France-Presse (AFP).

«Le paysage n’est pas celui auquel nous avions pensé, avec l’angoisse des attentats et de l’enfermement», reconnaît son disciple et ami le député Alexis Corbière. «Mais il y a aussi plus que jamais l’idée qu’il ne faut pas trop tarder pour avoir une longue campagne».

A 69 ans, l’ancien sénateur socialiste rejoint donc Xavier Bertrand, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, personnalités déjà en lice pour 2022. Tribune hors pair, Jean-Luc Mélenchon avait réussi à siphonner l’électorat de Benoît Hamon ainsi que ‘ attirer les non-votants, atteignant le score de 19,58% au premier tour. Au coude à coude avec François Fillon, il a dû se contenter de la quatrième place et concéder son élimination.

Hésitation

« Jean-Luc Mélenchon est un peu comme le candidat permanent », s’est moqué dimanche du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, dénonçant le choix du chef rebelle de se déclarer en pleine crise sanitaire. L’intéressé lui-même a déclaré le 26 octobre, sur France Inter, qu’il devait encore «consulter» ses proches. « J’ai moi-même beaucoup hésité et j’hésite encore », a-t-il déclaré.

Avant de se lancer, l’ancien ministre de Lionel Jospin a rencontré pour la dernière fois, samedi, l’aréopage des parlementaires insoumis. Ce fut l’occasion de fixer les derniers détails du système de campagne, dont le cadre sera nouveau et donc pas limité au LFI.

« C’est la théorie de la poupée russe: à chaque fois elle construit une couche supplémentaire sur sa base », analyse un membre du Parti de gauche, que Jean-Luc Mélenchon avait créé en 2008. « C’était d’abord le PG, puis la gauche. Front avec les communistes en 2012, puis LFI en 2016 pour sa campagne 2017. Chaque étape lui a permis de gagner des voix « .

« Page blanche »

La tribune au tempérament éruptif sait qu’il repart affaibli par rapport à 2017, même s’il devra améliorer ce score pour se qualifier pour le second tour. Son image a été fortement ternie par sa réaction de colère à la perquisition au siège du LFI en 2018. Il est régulièrement accusé par la droite et La République en Marche d’entretenir un rapport changeant avec la laïcité. Ses détracteurs évoquent, à ce sujet, sa décision de participer à la manifestation controversée contre l’islamophobie de novembre 2019.

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Il y a aussi la question des embouteillages à gauche, où contrairement à 2017, les écologistes sont déterminés à créer un espace qu’ils avaient alors cédé au profit des socialistes. Pour le moment, les sondages le placent très loin derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

« Je ne crois pas que ce soit sur cette ligne que la gauche puisse remporter la présidentielle », a abordé ce dimanche son vieil adversaire François Hollande sur France 3.

«Nous devrons presque vider la mer de nos mains, la mer du scepticisme, de la résignation, de l’incompréhension», a expliqué Jean-Luc Mélenchon la semaine dernière lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale.

« Nous devons construire une majorité positive, et il y a un trou de souris pour nous. Mais cela ne fonctionne que si nous convaincons, nous avons besoin de délais, nous avons toujours mené de longues campagnes », at-il ajouté.

Doubler les verts

Se déclarer dimanche, 18 mois avant l’élection, voire plus tôt que pour l’élection de 2017, vise également à couper l’herbe sous les pieds des Verts, qui n’auront de candidat officiel que l’été. prochain. Car ce sont eux qui occupent désormais une position centrale à gauche après le succès de leurs élections européennes (13,5%) et municipales (plusieurs grandes villes ont gagné) – ce que LFI a raté. « La dispersion peut nous nuire, (…) mais ce qui serait pire, c’est la confusion », a déclaré dimanche Jean-Luc Mélenchon.

« Mélenchon a pour lui d’être identifié, d’être un repère, un guetteur. Les gens qui ne s’intéressent pas à la politique connaissent au plus cinq ou six personnalités et il en fait partie », note cependant l’eurodéputé Emmanuel Maurel, allié du LFI.

Reste à savoir quelle stratégie de base adoptera l’élu des Bouches-du-Rhône. «Ils veulent faire le tour de la page blanche: à l’élection présidentielle on part de zéro et le talent de Mélenchon fera le reste. Mais c’est sous-estimer à quoi ressemblera 2022», commente, sceptique, un ancien compagnon de route.

Astor Abel

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