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Le port d’un masque à l’extérieur, une mesure difficile à évaluer

Le port du masque a été rendu obligatoire à Paris le 27 août (après avoir été imposé dans certains domaines uniquement). – CHINE NOUVEAU / SIPA

  • Six semaines après l’obligation de porter le masque en extérieur à Paris et en proche banlieue, l’efficacité de cette mesure est encore difficile à évaluer aujourd’hui.
  • La question même de la contamination extérieure est débattue au sein de la communauté scientifique.

Il y avait d’abord quelques rues commerçantes, puis des quartiers particulièrement animés. Et enfin toute la capitale et même les communes voisines. Depuis le 28 août, le port du masque est obligatoire en extérieur à Paris et en proche banlieue. Une décision prise à la fin de l’été pour tenter de limiter la rebond épidémique et donc la saturation du système de santé. Mais alors que l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France a annoncé jeudi se préparer à une
« Marée très forte » de nouvelles admissions dans les prochains jours – les unités de soins intensifs de la région ont désormais plus de
50% des patients «Covid» – comment évaluer l’efficacité de cette mesure, plus de six semaines après sa généralisation?

«Depuis deux semaines, on observe une baisse du nombre de contaminations en France», note Michèle Legeas, enseignante à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). Le changement avec le situation hospitalière s’explique principalement par la période d’incubation de la maladie et sa lente progression vers une forme sévère. Si cette tendance se confirme, il est néanmoins difficile d’établir précisément à quoi elle est due. «Les autorités ont pris presque simultanément tout un arsenal de mesures pour ralentir la progression de l’épidémie. Nous n’avons aucun recul pour dire ce qui était efficace », a-t-elle déclaré.

jequestions sur la contamination extérieure

Si dans les lieux clos l’obligation de porter un masque a été relativement bien acceptée, avec une quasi-unanimité dans les milieux politiques et scientifiques, la question de son extension dans l’espace public a donné lieu à de nouvelles controverses. D’abord parce qu’il n’y a pas d’étude scientifique sur le sujet, mais aussi parce que la question même de la contamination en extérieur reste hypothétique. UNE Étude japonaise – disponible pour publication préalable –Réalisé au printemps sur 110 cas, le risque de contamination en intérieur est 18,7 fois plus élevé qu’en extérieur. Interrogé, l’ARS n’a identifié aucun cluster en Ile-de-France impliquant un événement exclusivement externe. «Lors des contacts de recherche, certaines personnes nous ont dit que la soirée n’avait eu lieu que dans le jardin, mais nous savons que même lorsque les invités ont passé la plupart de leur temps à l’extérieur, ils sont parfois à l’intérieur. Nous ne pouvons pas savoir précisément où ils ont été contaminés », explique l’agence de santé.

Les autorités sanitaires plaident néanmoins pour le principe de précaution, notamment dans les zones densément peuplées où la distanciation sociale est difficile à appliquer. «Il y a encore beaucoup de choses que l’on ne sait pas sur ce virus, il vaut mieux être dans le ‘trop’ que dans le ‘pas assez’», insiste l’agence régionale de santé.

D’autres pays, cependant, ont fait des choix différents. Si l’Italie vient d’adopter le port du masque à l’extérieur, la Belgique a fait le contraire. Si elle était obligatoire partout dans la région bruxelloise depuis le 12 août, les autorités ont levé certaines de ces restrictions, notamment dans les zones moins densément peuplées. En Allemagne ou dans les pays du nord, le masque à l’extérieur est uniquement recommandé. « La France est l’un des pays qui a adopté l’une des politiques les plus strictes en matière de port de masques en extérieur et pourtant notre dynamique épidémique n’est pas meilleure que dans d’autres pays, bien au contraire », note Michèle Legeas.



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Delphine Perrault

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