Souffler des framboises dans la démocratie française
En route pour devenir le premier président de la Ve République à visiter le sanctuaire catholique de Lourdes à la mi-juillet, Macron a évoqué « l’ensemble de règles qu’il a édicté lundi » le 12 juillet. La visite faisait partie de sa volonté d’obtenir des votes de la droite catholique, et la phrase était sa description d’une émission télévisée dans laquelle il annonçait comment il entendait faire face à la pandémie dans les dents d’une version delta : assouplir les règles de distanciation sociale mais imposer la vaccination en menaçant les emplois de ceux qui refusent de se faire vacciner, surtout s’il s’agit d’agents de santé ou de soins.
Les ordonnances sont des choses qu’il aime. Il a soumis moins de lois au vote du Parlement français que ses prédécesseurs, François Hollande et Nicolas Sarkozy, mais a imposé de nombreuses mesures par décret : 291 décisions à ce jour, contre seulement 180 lois.
La Cour constitutionnelle du pays a décidé en mai de cette année que même si un décret n’était pas ratifié par un vote parlementaire, il pourrait conserver force de loi, ce qui signifie qu’il échapperait au contrôle de l’État. conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative de France. Les planche Cela a été une épine dans le pied de Macron, exigeant, par exemple, que le gouvernement fasse de réels progrès sur les questions environnementales avant la fin de cette année.
prise de décision individuelle
Dans le contexte de cette érosion de la responsabilité démocratique, il n’est pas surprenant que le scepticisme et le cynisme du public à l’égard du COVID grandissent en France. La prise de décision de Macron depuis le début de la pandémie a été falsifiée, au mieux, en demi-vérités et, au pire, en mensonges. Les décisions clés sur le moment et la manière d’agir contre la propagation du virus ont été guidées par des considérations politiques plutôt que par des avis scientifiques. Ils sont de plus en plus pris seuls.
Au matin du 12 juillet, les journalistes des médias de l’Elysée disaient que le président n’annoncerait pas ce qui allait ensuite « décréter » dans la soirée. Le premier lundi d’août, il effectuait sa session de questions-réponses en ligne, vêtu d’un t-shirt, depuis sa maison de vacances méditerranéenne. Indépendamment des services de santé du pays, nous dit-il, il était là pour répondre à nos inquiétudes, et pour nous aider à comprendre, comme s’il pouvait à lui seul convaincre les rebelles qui descendent dans la rue en nombre croissant chaque week-end.
À peine la moitié de la population est complètement vaccinée, et de toute façon, le vaccin n’élimine pas la transmission de type delta. Mais l’éventail des mesures potentielles pour arrêter la propagation du virus a été entièrement abandonné au profit de la campagne de vaccination. Cela n’a pas encore couvert l’ensemble de la population car les vaccins ne sont pas encore disponibles pour tout le monde.
Cela aide Macron à se concentrer sur le petit bord qui refusera à jamais un vaccin. Dans son discours, tout est inversé et inversé. Ce n’est pas l’échec persistant de l’Etat français à mobiliser les services publics, la production industrielle et la population en général contre cette épidémie qu’il veut nous faire dénoncer, mais bien la victime la plus mortelle de cet échec. Ce n’est pas l’érosion du système de santé publique ou de la science française, mais une poignée d’agents de santé pris en embuscade par la propagande anti-extrémiste qui veut faire l’objet d’un examen minutieux. Les héros du printemps de l’année dernière sont pour lui les boucs émissaires d’aujourd’hui.