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Sortir de la crise de la France avec le Maroc | Mohamed Alaoui

La récente visite de la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna au Maroc et son annonce de la décision de réémettre des visas pour les Marocains pourraient être un début encourageant pour mettre fin à la crise silencieuse qui dure depuis des mois entre Rabat et Paris, car les visas faisaient partie du problème.

Cependant, le Maroc attend une position avancée de Paris sur la question du Sahara marocain, Paris s’étant longtemps abstenu d’annoncer son soutien au Maroc, dans la lignée des positions des États-Unis, de l’Espagne et de l’Allemagne.

Paris s’en tient encore à la vague politique des tergiversations au lieu de choisir une approche sérieuse et efficace de la question de l’intégrité territoriale du royaume.

Le président français Emmanuel Macron a envoyé son ministre des Affaires étrangères à Rabat, et en même temps il a envoyé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en Algérie, et il a passé un coup de fil à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Cela indique que la France parie toujours sur le facteur temps comme moyen de pression, et entend poursuivre dans cette voie particulière avec le Maroc.

Les conditions sont aujourd’hui favorables, voire meilleures qu’il y a un an, pour que la France fasse un saut audacieux. Le virage géopolitique est particulièrement propice à l’introduction de changements profonds, si l’Elysée est prêt à envisager des idées non conventionnelles dans ses relations avec le Maroc.

Trois jours après que le ministre français des Affaires étrangères a annoncé la fin de la crise des visas avec le Maroc, Darmanin a annoncé lors de sa visite en Algérie, où il a rencontré le président Abdelmadjid Tebboune, la fin de la crise des visas français avec l’Algérie et la reprise des opérations consulaires normales, ce qui signifie le retour de ces opérations à leur rythme d’avant la pandémie de COVID-19.

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En marge du Sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Tunis le mois dernier, Macron a préconisé de réduire de 50 % le nombre de visas accordés aux citoyens algériens et marocains, exprimant sa conviction que les restrictions imposées aux visas français portent leurs fruits. Mais sa déclaration contredit les nouvelles réalités qui ont été prises en compte tant par les ministres français de l’Intérieur que des Affaires étrangères.

La fin de la crise des visas avec l’Algérie et la reprise de relations consulaires normales entre les deux pays peuvent convaincre les dirigeants algériens, mais cela ne met pas fin à la crise du Maroc avec Paris.

La crise des visas, par laquelle Paris a fait pression sur le Maroc, n’a pas produit les résultats escomptés.

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, n’a pas commenté avec enthousiasme la déclaration de son homologue français d’un retour au statu quo ante. Il a souligné que le Maroc s’est abstenu de commenter officiellement la décision française unilatérale de réduire le nombre de visas, la considérant comme une décision souveraine de la France.

La politique de Macron à l’égard du Maroc est basée sur des contributions erronées de proches conseillers, tandis que Rabat a largement contribué à faire prendre conscience à de nombreux pays que la question du Sahara fait partie intégrante de la sécurité nationale marocaine, avec toutes ses implications politiques, sécuritaires, militaires et dimension économique.

Les décideurs français doivent comprendre ce fait et s’appuyer sur leurs positions futures. Le Maroc n’accepte plus les hésitations de la France à cet égard. Elle considère toute tentative de pression par quelque moyen que ce soit comme une perte de temps.

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Catherine Colonna a évoqué la nécessité de « réactiver les mécanismes de coopération » entre les deux pays. Mais il a précisé la méthode, les priorités ou la feuille de route qu’il suivrait pour ouvrir la voie à de nouvelles formes de coopération.

Il n’y a rien de nouveau ici. Le ministre français des Affaires étrangères n’a rien dit de différent de la rhétorique généralement vague de la France sur le Sahara. Paris affirme que sa position n’a pas changé. Quand on regarde de près cette position, que Paris a exprimée plus d’une fois, on trouve une tendance à éviter de dire, de près ou de loin, que le plan d’autonomie présenté par le Maroc est la seule base pour mettre fin au conflit au Sahara.

Il y a eu de nombreuses discussions sur une prochaine visite du président Emmanuel Macron au Maroc. Le ministre français des Affaires étrangères a réitéré depuis Rabat que la visite est prévue pour le premier trimestre de l’année prochaine 2023. Nous pensons que Macron veut convaincre le Maroc de ce qu’il a déjà dit à la réunion des dirigeants européens à Prague sur leur besoin de travailler sur une sorte de « conversation stratégique » pour dépasser les clivages et démarrer de nouveaux projets.

Mais le Maroc n’est pas prêt à écouter les discours abstraits de Macron, qui ne sont pas suivis de gestes concrets fondés sur des principes politiques et économiques clairs et applicables. De même, les responsables du Royaume ne s’intéressent plus aux opportunités d’image qui sont perçues à tort comme des alternatives aux accords qui servent les intérêts économiques et stratégiques du Maroc.

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Astor Abel

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