Reconfinement: la colère des commerçants et des élus locaux monte d’un cran
La pression monte. Depuis l’annonce de l’enfermement, la colère des 200 000 entreprises fermées s’est enflammée. Fleuristes, magasins de jouets ou de vêtements, librairies, bijouteries, parfumeurs … beaucoup crient leur indignation d’être jugés « non essentiels » et certains refusent de baisser le rideau alors que la Fnac, Leroy Merlin ou les supermarchés peuvent rester ouverts et vendre des jouets, vêtements, fleurs …
«Il y a un problème d’acceptabilité de l’enfermement, glisse un proche du chef de l’Etat. Au printemps, les gens ont eu peur et se sont confinés. Cette fois, en répétant: Apprenez à vivre avec le virus, il y a un changement d’état d’esprit. Vous ajoutez à cela la passion égalitaire française et vous avez un cocktail explosif. Ce n’était pas prévu. «À Bercy, cependant, nous avons alerté Matignon et l’Elysée sur le fait que les TPE et les PME étaient à la pointe. En vain.
« Les arguments sanitaires d’Olivier Véran ont abouti », analyse un haut fonctionnaire. Mais les choses pourraient changer dans les jours à venir. Ce dimanche, une réunion est prévue à Matignon avec les syndicats, la grande distribution, le Medef … « On verra s’il y a des décisions immédiates mais l’idée est plutôt d’accepter d’être prêt dans quinze jours », glisse une source proche de Matignon L’objectif: désamorcer le plus rapidement possible la minuterie du mécontentement social.
VIDÉO. Yerres: le maire autorise l’ouverture de commerces, la police intervient
Parce que l’atmosphère se durcit. De plus en plus de maires – à Yerres, Perpignan, Chalon-sur-Saône, Aubusson, Brive, etc. – ont édicté des décrets autorisant l’ouverture de commerces dans leur commune, dénonçant «l’inégalité» de traitement face à la grande distribution et vente en ligne. A Bourg-en-Bresse, le maire a décidé de fermer les départements «non essentiels» des supermarchés. Les préfectures ont déjà demandé le retrait de ces décrets.
«S’il n’y a pas d’assouplissement des mesures d’ici le milieu de la semaine prochaine, le gouvernement devra gérer 10 000 ordres de maires, prévient Philippe Laurent, le maire LR de Sceaux et président de l’association Centre-Ville en mouvement. et ça laissera du ressentiment. D’autant que les habitants sont derrière les commerçants… »
Selon lui, Bercy pousserait pour revoir la copie. Et permettre aux commerçants d’ouvrir quelques heures par jour, ou sur rendez-vous. «Quand on voit la foule dans les supermarchés, on se demande pourquoi le magasin de chaussures est fermé», tacle-t-il.
Fnac punie, Amazon a carte blanche
Ce vendredi soir, pour tenter de mettre fin à une journée de contestation autour des librairies, le gouvernement a annoncé la fermeture des services culturels des supermarchés et des magasins Fnac « dans un souci d’équité ». Mais la décision n’a pas éteint la mèche: des dizaines de pétitions, des communiqués de presse d’artistes et de maisons d’édition appellent à la réouverture des librairies pour ne pas les pénaliser contre Amazon.
Le géant du numérique, qui a triplé ses ventes au troisième trimestre, est au centre des litiges. Parce qu’avec les magasins fermés, Amazon pourrait gagner les vacances de Noël. La plateforme, qui a lancé un «Black Friday à l’avance» avant l’accouchement, invitant les Français à acheter leurs cadeaux de Noël à l’avance, a accepté de mettre fin à sa… campagne de communication.