Rebond de la gauche française, mais force jugée improbable – Opinion
A l’approche des résultats du premier tour des élections législatives françaises, le chef de la nouvelle coalition de gauche française semblait optimiste et victorieux.
S’exprimant depuis un bar branché du nord-est de Paris qui lui sert de quartier général le soir des élections, Jean-Luc Melenchon a déclaré que la soi-disant NUPES – ou Nouvelle Union Populiste Environnementale et Sociale – la coalition qu’il dirige a passé son premier test « d’une manière superbe ».
« Tout le monde doit être remercié d’avoir rendu possible cette alliance, qui a fini par convaincre nos concitoyens que nous sommes prêts à gouverner à travers un programme et une unité qui n’a jamais faibli », a ajouté dimanche Mélenchon. Sa coalition rouge-verte de gauchistes, verts et communistes est la première depuis 25 ans et a redonné espoir à la gauche, qui est dans le désert politique depuis 2017. La carte politique française s’est redessinée autour de trois pôles : l’un dominé par Mélenchon, Macron occupe le centre du terrain, et le flanc droite populiste anti-immigration dominé par Marine Le Pen.
Mais malgré un regain d’optimisme, lors du deuxième tour crucial des élections législatives de dimanche prochain, Mélenchon et ses alliés sont considérés comme bien en deçà de la majorité. « Nous avons des attentes confuses. Maintenant, le défi est de prouver que les prédictions sont fausses », a déclaré dimanche le président du Parti vert d’EELV, Julian Bayo.
Les projections des sociétés de sondage indiquent que la NUPES est en passe de gagner 150 à 220 sièges dans le cadre du système parlementaire français, qui voit des députés élus individuellement dans 577 circonscriptions électorales distinctes.
C’est une énorme augmentation par rapport aux 60 sièges détenus par ses membres dans le parlement sortant. La coalition « Groupe » (Ensemble) de Macron devrait rester le plus grand parti avec 255 à 310 membres, mais peut-être sans une majorité de 289 sièges.
Si le manque à gagner est modeste, la plupart des analystes s’attendent à ce que le président soit en mesure de gouverner en tentant les dissidents, en élargissant sa coalition pour inclure de nouveaux partis ou en concluant des accords individuels pour la législation.
Certains observateurs ont fait valoir qu’il ne fallait pas surestimer les résultats comme prouvant l’attractivité de la nouvelle coalition de gauche.
« Il n’y a pas d’augmentation du mouvement à gauche, et il n’y a pas d’augmentation du NUPES qui a marqué environ 26% », a déclaré l’analyste Jérôme Jaffrey du Centre de recherche Cecop sur la radio Europe 1. Il a déclaré que le parti non gracié de Melenchon, les socialistes, les verts et les communistes, avait obtenu à peu près le même pourcentage de voix lors des dernières élections de 2017.
Les gains étaient tactiques : en présentant un seul candidat dans les circonscriptions, la gauche était en passe d’augmenter sa représentation, pas sa part du scrutin.
Dimanche prochain verra un second tour pour les meilleurs candidats au premier tour de scrutin.
L’Alliance « Ensemble » de Macron s’est qualifiée pour 416 d’entre eux, tandis que la NUPES sera présente dans 384.
Mais alors que les alliés de Macron peuvent compter sur le soutien de la droite voire de l’extrême droite au second tour, la NUPES est perçue comme dépourvue de telles réserves.
L’enjeu est donc de convaincre les classes populaires et les jeunes, qui se sont massivement abstenus dimanche, de se rendre aux urnes le week-end prochain.
La participation a atteint un creux historique d’environ 47% dimanche, avec des taux d’abstinence particulièrement élevés dans les zones à faible revenu autour des villes françaises qui sont le fondement du soutien de Melenchon.
« Verser! » Mélenchon a déclaré dimanche soir dans son allocution, qui promettait également de relever le salaire minimum, de nouvelles embauches dans le secteur public et de mettre un terme aux projets de Macron de relever l’âge de la retraite.
« Voici le message : si vous voulez que les choses changent, rejoignez-nous », a souligné lundi le chef du Parti socialiste, Olivier Faure.