Pourquoi les applications de divertissement ont-elles été interdites sur les téléphones des responsables français
- Par Shiona McCallum
- journaliste technologique
Les gouvernements et les organisations du monde entier ont interdit TikTok des téléphones et des appareils des fonctionnaires au cours des derniers mois.
Les Pays-Bas et la Norvège ont rejoint la liste des pays interdisant l’application de partage de vidéos, qui appartient à la société chinoise ByteDance, aux agences gouvernementales.
Et bien que TikTok insiste sur le fait qu’il est géré de manière indépendante et ne partage aucune donnée d’utilisateur avec le gouvernement chinois, la France est devenue le dernier pays à en restreindre l’accès aux fonctionnaires.
Mais en même temps, il est également devenu le premier pays à faire de même pour toutes les applications de « divertissement », notamment :
- Netflix
- Candy Crush
L’interdiction, qui est surveillée par l’agence française de cybersécurité, affectera quelque 2,5 millions de fonctionnaires.
« Les applications de divertissement n’offrent pas des niveaux de cybersécurité et de protection des données suffisants pour être déployées sur les outils numériques de l’administration », a déclaré le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini.
« Ces applications peuvent donc présenter un risque de protection des données pour ces départements et leurs fonctionnaires. » Bien que des exceptions puissent être accordées à des fins de communication d’entreprise.
Il semble donc que la France, contrairement au reste de l’Occident, considère les entreprises technologiques chinoises et américaines de la même manière. Même s’il ne s’agit pas du premier cas de tension technologique entre les États-Unis et la France.
En 2019, la France a approuvé une taxe sur les services numériques malgré les menaces de représailles des États-Unis, qui, selon elle, ciblaient injustement les géants américains de la technologie comme Google et Facebook.
Et depuis 2018, la France s’est explicitement opposée au Cloud Act américain, qui donne aux forces de l’ordre américaines le pouvoir de commander des données stockées par la plupart des principaux fournisseurs de services cloud, même si elles sont situées en dehors des États-Unis.
La France a joué un rôle de premier plan dans le projet Gaia-X – qui vise à :
- Résoudre le conflit entre le Cloud Act américain et le Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE
- Définir les normes européennes du cloud
- Veiller à ce que les données des clients soient stockées et traitées en Europe, « à l’abri » des lois non européennes
Jour après jour, les gouvernements et les agences publiques interdisent TikTok des appareils des employés – mais la décision de la France de réprimer toutes les « applications de divertissement » se démarque et est applaudie par les défenseurs de la vie privée.
Les inquiétudes concernant TikTok ont atteint leur paroxysme – mais avec le tumulte, les gens commencent également à remettre en question les pratiques de confidentialité d’autres applications – quel que soit l’endroit où se trouvent les entreprises. Et cela semble être le moment que les militants de la vie privée attendaient.
Des questions sur la façon dont les données sont collectées et utilisées sont posées par des personnes comme Facebook, Instagram, Snapchat et même Candy Crush.
L’accent politique est actuellement mis sur TikTok parce que sa société mère est en Chine – mais le gouvernement français a clairement déclaré que toutes les entreprises de médias sociaux ont des questions auxquelles répondre.