L’observatoire d’Arecibo sera-t-il (enfin) reconstruit?
C’est la belle histoire de Noël pour les amateurs d’astronomie. Alors que les événements des derniers mois avaient scellé l’avenir du légendaire observatoire d’Arecibo, le gouverneur de Porto Rico n’est pas d’accord. Dans une ordonnance datée du 28 décembre, elle a assuré que le petit État des Caraïbes ferait tout son possible pour redonner sa noblesse à celui qui était, pendant plus d’un demi-siècle, le plus observatoire du monde. Une enveloppe de 8 millions de dollars sera en effet allouée à la reconstruction de ce joyau technologique.
Lourd de 900 tonnes, Arecibo mesure 305 mètres de diamètre, et se perd dans les profondeurs de la forêt équatoriale de l’île. Son antenne est soutenue par trois câbles de plus de 100 mètres de haut, afin de capturer au mieux les signaux de l’espace. Mais il y a quelques semaines, les câbles ont cédé, l’antenne a été détruite sur le dôme de l’observatoire, causant de très lourds dégâts.
Cet événement est survenu quelques jours seulement après que la NSF, la fondation scientifique nationale, seule autorité en charge de l’observatoire, ait annoncé que ce dernier avait terminé sa mission, et qu’il allait être démantelé.
Mais face à cette annonce prévisible, de nombreuses voix se sont élevées contre le projet de démantèlement de l’observatoire. En effet, Arecibo est l’un des endroits les plus importants de l’astronomie du XXe siècle. Il est responsable de nombreuses découvertes qui ont changé notre vision de l’espace. C’est notamment à lui que l’on doit la découverte rafales rapides, ou la détection des premiers pulsars.
Reconstruction d’Arecibo: la facture sera raide
Mais la reconstruction d’Arecibo n’est pas encore enregistrée. En effet, les 8 millions de dollars promis par le gouvernement portoricain ne sont qu’un maigre acompte sur la facture finale. En outre, l’ordonnance a été signée par la gouverneure Wanda Vázquez Garced le 28 décembre, trois jours avant la fin de son mandat. Le changement de visage à la tête du pays peut aussi avoir son importance en la matière.
De son côté, la NSF est beaucoup plus réservée sur la reconstruction du radiotélescope. Ce type de décision s’inscrit dans un «processus pluriannuel» et il est «bien trop tôt pour commenter le remplacement», a déclaré Ralph Gaume, directeur de la Division des sciences astronomiques de la fondation américaine.
Le Congrès américain est désormais le seul organe ayant entre ses mains l’avenir d’Arecibo. La NSF évaluera d’abord les dommages et examinera les coûts et les intérêts de la reconstruction du télescope. Si le remplacement de l’observatoire est validé par le Congrès, il ne devrait pas commencer avant 2022 ou 2023. D’ici là, les 900 tonnes de béton de l’observatoire d’Arecibo resteront abandonnées, en attendant de connaître leur sort.