Les Français sont-ils prêts à faire un autotest PCR?
- Pour développer ses capacités de dépistage des coronavirus tout en réduisant les coûts et les risques sanitaires, le Royaume-Uni utilise des autotests.
- Il s’agit d’auto-tests PCR où c’est le patient lui-même qui prélève son écouvillon nasopharyngé avec un écouvillon.
- Les patients et les biologistes doutent de la faisabilité – et donc de la fiabilité – d’un tel système.
C’est l’un des mots de l’année: écouvillon. Nommé d’après ce long coton-tige inséré profondément dans le nez pendant le dépistage par PCR pour Covid-19. Et si on vous demandait de faire cet écouvillon nasopharyngé vous-même? Le ferais-tu? C’est la stratégie adoptée par le
Royaume-Uni augmenter ses capacités de dépistage tout en limitant les coûts et les risques d’exposition du personnel technique à
coronavirus.
La procédure, réservée aux personnes symptomatiques, prévoit la mise à disposition gratuite d’un kit de dépistage livré à domicile, à réaliser soi-même ou à collecter et à réaliser dans un centre de dépistage désigné par les autorités sanitaires britanniques. Le patient s’auto-extrait deux fois: à l’arrière de la gorge et dans le nez. Mais la méthode est-elle fiable? A-t-elle une chance d’arriver en France? Le grand public est-il prêt à effectuer un autotest par PCR?
«Faites moi-même le prélèvement nasal, jamais! C’est impossible ! «
Après une longue montée en puissance, la France est désormais en mesure de dépister deux millions de personnes par semaine. Quant aux laboratoires de biologie médicale, « nous travaillons déjà 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et nous sommes au maximum de nos capacités », a indiqué récemment. 20 minutes la
Union des jeunes biologistes médicaux (SJBM). Alors, l’autotest PCR est-il une piste sérieuse pour garantir les capacités de dépistage français? «Le dépistage PCR est une procédure technique qui doit être réalisée par une personne formée à cet effet», rappelle le Dr François Blanchecotte, président de la
Union des biologistes.
Or, le grand public n’est justement pas formé à un tel geste. Au Royaume-Uni, des instructions illustrées sont données aux Britanniques invités à faire un autotest. Mais en pratique, pas sûr que tout le monde puisse le faire. Après avoir montré des symptômes compatibles avec Covid, Hamid a récemment subi un test PCR. «Certains trouvent que c’est juste un mauvais moment pour passer. Bon j’ai trouvé que c’était carrément douloureux, comme quand la moutarde vient à ton nez, mais à mille pouvoirs! Donc, pour la soixantaine, il n’est pas question de réaliser lui-même cet échantillon. «Le technicien a inséré l’écouvillon assez profondément dans mon nez et l’a laissé là pendant environ dix secondes, en le remuant. Ça me brûlait, j’avais hâte que ça se termine! Alors fais moi-même le prélèvement nasal, jamais! C’est impossible. Et en pratique, j’aurais trop peur de pousser trop loin et de me blesser ». Même sentiment pour Laure, testée deux fois dans le cadre de ses fonctions professionnelles: «Je suis sûr que je n’oserais pas enfoncer le tampon assez profondément, c’est plus rassurant qu’un professionnel de santé s’en charge. Et c’est aussi plus rassurant sur l’efficacité du dépistage. Si j’étais celui qui faisait le prélèvement nasal, j’aurais moins confiance dans le résultat. Si c’était négatif, je me demanderais si c’était parce que j’ai mal agi ».
Et ce n’est pas le Dr Blanchecotte qui la contredira. «En tant que biologiste réalisant quotidiennement de nombreuses PCR, j’ai déjà subi moi-même ce dépistage pour écarter tout risque de contamination. Et je peux vous assurer que je ne serais pas en mesure d’insérer moi-même un écouvillon à l’arrière de mon nez. J’ai donc des doutes sur la capacité de chacun ».
Le manque de fiabilité des échantillons de salive
« Strictement, l’écouvillon au fond de la gorge, pourquoi pas », concède Hamid. De plus, le test salivaire, attendu depuis des mois, est porteur d’espoir dans la simplification des campagnes de dépistage. «Emmanuel Macron a indiqué qu’il souhaiterait l’arrivée rapide des tests salivaires par auto-prélèvement, que tout le monde pourrait effectuer à domicile», précise le Dr Blanchecotte. Si demain nous avons un test de salive capable de détecter particules virales et qui est facile à pratiquer soi-même, évidemment ce serait idéal ».
Si des tests de salive ont été validé par la Haute Autorité de Santé (HAS), « Ils ne sont pas aussi fiables que
le PCR, regrette le Dr Blanchecotte. Le problème est que dans la salive, il y a beaucoup moins de virus que dans le nez. De plus, dans la salive, il y a des enzymes qui dégradent l’ARN du virus, ce qui explique pourquoi les RT-PCR sur salive ne fonctionnent pas très bien, regrette le biologiste. Nous avons essayé mais actuellement, nous ne le recommandons pas à nos patients, car il y a un problème de conservation, de quantité de salive et d’action des enzymes entre le moment où l’échantillon est prélevé et celui où l’analyse de l’échantillon est effectuée ».
Pas de retour des autorités britanniques
Mais des tests PCR fiables sur un échantillon de salive pourrait être développé. «Ce qui semble fiable, c’est la PCR« froide », avec un protocole d’amplification modifié, qui pourrait être réalisée avec une certaine quantité de salive – qui pourrait alors facilement être auto-collectée. Il existe des machines dans le monde qui pourraient effectuer ces tests. Nous essayons de savoir s’il est possible de les acquérir, car ils auraient une plus grande fiabilité et permettraient d’obtenir un résultat en moins d’une heure. Actuellement, il existe deux fournisseurs de cette machine, et nous aimerions la tester avec des échantillons de salive de patients connus pour être positifs pour tester son efficacité. Mais pour l’instant, c’est encore très hypothétique ».
Au Royaume-Uni, plusieurs centaines de milliers de Britanniques se sont jusqu’à présent autotestés par PCR. Mais les autorités sanitaires britanniques n’ont pas révélé de données précises sur les résultats obtenus.