Le Prix Renaudot est décerné à Marie-Hélène Lafon pour Histoire du fils
La romancière est la seizième femme à obtenir ce prix pour un beau roman sur un secret de famille. L’Essai Renaudot est décerné à Dominique Fortier pour Villes de papiers, publié par Grasset.
La littérature n’aura pas la bouche pleine aujourd’hui. La crise sanitaire a bouleversé le menu des prix littéraires. Comme leurs voisins de l’Académie Goncourt, les jurés de Renaudot ont dû s’adapter et renoncer à se réunir au restaurant Drouant.
Ce lundi 30 novembre, ils se sont rencontrés par visioconférence. Après l’annonce du lauréat du prix Goncourt, remis cette année à Hervé Le Tellier pour L’Anomalie (éd. Gallimard) son président Didier Decoin a appelé Georges-Olivier Châteaureynaud, président de Renaudot, à se joindre à leur réunion Zoom.
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A 12h50, l’auteur annonce l’heureux gagnant, ou plutôt nous devrions écrire, l’heureux lauréat du prix Renaudot; c’est Marie-Hélène Lafon. Elle réussit avec Histoire du fils (éd. Buchet-Chastel) à Sylvain Tesson et son roman La panthère des neiges (éd. Gallimard). Elle a remporté le prix à la majorité absolue au premier tour de scrutin. Elle affronte Hervé Le Tellier, Étienne de Montety, Anthony Palou, Jean-Paul Enthoven et Irène Frain. Dans la catégorie essai, la Québécoise Dominique Fortier remporte le prix avec Les Villes de papier (éd. Grasset).
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Marie-Hélène Lafon est la seizième femme à remporter le prix Renaudot. En dix ans, le jury du prix Renaudot a couronné cinq hommes et cinq femmes. En comparaison, le Goncourt et le Femina, depuis 2010, n’ont récompensé que deux femmes.
Dans ce roman, le personnage principal, André, élevé par sa tante, perce un secret de famille en explorant sa généalogie. Dans le numéro du 2 octobre deà Figaro Littéraire, la journaliste Astrid de Larminat avait souligné les grandes qualités littéraires de l’auteur. «Marie-Hélène Lafon ne sonde pas ses personnages, elle respecte leur mystère. Elle les sculpte comme des figures en bas-reliefs ou comme ces vierges d’Auvergne rustiques, archaïques, immuables, insondables, rassurantes. Elle a inventé le roman dans le style roman. «
«Le choix de Marie-Hélène Lafon s’est naturellement imposé, selon Dominique Bona, membre du jury Renaudot. C’est le choix d’un grand écrivain français contemporain. C’est une voix spéciale, une voix forte, enracinée dans les territoires dont elle sait si bien parler. C’est une voix fidèle à son univers qui nous touche par cette fidélité même. C’est un travail sur les mots. On écoute une histoire, une belle histoire, on l’écoute en quelques mots, en des mots choisis, qui semblent gagner le silence».