La justice confisque les passeports du patron de la Banque centrale du Liban après un mandat d’arrêt français
Des responsables judiciaires libanais ont déclaré que le tribunal avait interrogé le gouverneur de la banque centrale assiégé et confisqué ses passeports libanais et français à la suite d’un mandat d’arrêt de la France pour corruption.
Un juge libanais a interrogé mercredi le gouverneur de la Banque centrale du Liban et lui a confisqué ses passeports libanais et français, ont indiqué des responsables judiciaires, à la suite d’un mandat d’arrêt émis par la France pour corruption.
Riad Salameh est parti immédiatement après avoir été interrogé par le juge Imad Qablan à Beyrouth, ont indiqué les responsables sous couvert d’anonymat conformément à la réglementation. Ils ont dit que l’interrogatoire a duré environ 80 minutes.
La France, l’Allemagne et le Luxembourg enquêtent sur Salame et ses associés pour une myriade de délits financiers présumés, dont l’enrichissement illégal et 330 millions de dollars de blanchiment d’argent. Un juge d’instruction français a émis le 16 mai un mandat d’arrêt international, suivi d’une notice rouge d’Interpol, contre Salameh, 72 ans, après qu’il ne s’est pas présenté à Paris pour un interrogatoire.
Mercredi, une délégation allemande s’est rendue au siège de la justice à Beyrouth et a remis cinq mandats d’arrêt émis en Allemagne contre Salameh et quatre autres pour corruption. Ils n’ont pas révélé les noms des quatre autres.
Maintenant que les passeports de Salameh ont été confisqués, le procureur général du Liban, Ghassan Oweidat, demandera officiellement à la France de lui remettre les dossiers du gouverneur pour décider des actions futures contre Salameh.
Les responsables libanais étaient divisés sur la question de savoir si Salame devait rester en fonction jusqu’à la fin de son mandat en juillet ou s’il devait démissionner immédiatement. Le Liban n’extrade pas ses citoyens vers des pays étrangers, et l’affaire sera supervisée au Liban.
Les autorités judiciaires ont déclaré plus tôt cette semaine qu’une fois qu’Aweidat recevra les dossiers de la France, il décidera si Salameh sera traduit en justice au Liban.
En 2020, le parquet libanais a reçu deux notices rouges d’Interpol concernant l’homme d’affaires Carlos Ghosn, accusé d’irrégularités financières au Japon. Ghosn est toujours au Liban.
Salameh, qui détient la double nationalité libanaise et française, a nié à plusieurs reprises toutes les allégations de corruption, affirmant qu’il avait fait fortune pendant ses années en tant que banquier d’affaires chez Merrill Lynch, héritant de biens et d’investissements. Il a dit qu’il ne démissionnerait que s’il était reconnu coupable d’un crime. Il a également déclaré la semaine dernière qu’il avait l’intention de faire appel de la notice rouge d’Interpol.
Salameh est en poste depuis près de 30 ans, mais dit qu’il envisage de démissionner après la fin de son mandat actuel en juillet.
Les trois gouvernements européens ont gelé en mars 2022 plus de 130 millions de dollars d’actifs liés à l’enquête. Lors d’une visite au Liban en mars, la délégation européenne a interrogé Salameh sur les actifs de la Banque centrale du Liban et ses investissements à l’étranger, un appartement à Paris appartenant au gouverneur et la société de courtage appartenant à son frère.
Autrefois salué comme le gardien de la stabilité financière du Liban, Salameh a depuis été lourdement blâmé pour l’effondrement financier du Liban. Beaucoup disent qu’il a précipité la crise économique qui a plongé les trois quarts des six millions d’habitants du Liban dans la pauvreté.