La France rappelle son émissaire dans le dernier va-et-vient avec le Burkina Faso
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La France a annoncé jeudi qu’elle rappelait son ambassadeur du Burkina Faso pour des « consultations », un jour après avoir accepté les demandes de retrait de ses troupes du pays.
Environ 400 forces spéciales françaises sont déployées dans ce pays sahélien profondément instable pour aider à combattre l’escalade de l’insurrection djihadiste.
« Dans le contexte des développements récents au Burkina Faso, nous avons décidé de rappeler notre ambassadeur à Paris pour des consultations sur le pays et les perspectives de nos relations bilatérales », a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
Dans l’usage diplomatique, le terme « consultations » dénote généralement un mécontentement à l’égard du pays hôte.
En décembre, la junte militaire du Burkina Faso a demandé à la France de retirer son émissaire Luc Haladi suite à des déclarations publiques qu’il avait faites sur la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays.
La France a envoyé sa vice-ministre des Affaires étrangères, Chrysola Zakaropoulou, à Ouagadougou pour des pourparlers le 10 janvier, mais cela n’a pas permis de résoudre les tensions.
Lundi, le Burkina a déclaré avoir abandonné l’accord de 2018 sur le déploiement des forces françaises. La France a déclaré mercredi qu’elle retirerait ses forces conformément à la décision.
Cette décision fait suite à un effondrement au Mali voisin, où les relations se sont détériorées après un coup d’État en 2020.
La junte malienne a fait venir des paramilitaires russes pour soutenir les forces armées assiégées – des opérateurs que la France et d’autres disent être des mercenaires du groupe Wagner.
Le Burkina est l’un des pays les plus pauvres et les plus instables d’Afrique.
Des milliers de soldats, de policiers et de civils ont été tués et près de deux millions de déplacés depuis que les militants islamistes ont lancé une rébellion depuis le Mali en 2015.
Plus d’un tiers du pays échappe au contrôle du gouvernement et la frustration au sein de l’armée face au nombre croissant de morts a conduit à deux coups d’État l’année dernière.
La France, l’ancienne puissance coloniale dans la région du Sahel, a été un allié fidèle contre les djihadistes qui ont mené une campagne au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Sa mission Barkhane, lancée en 2013, comptait à un moment donné 5 100 personnes dans la région.
Le différend avec le Mali – qui a coïncidé avec une vague de manifestations anti-françaises – a conduit au retrait de la France de ce pays l’année dernière.
L’opération Barkhane a été officiellement terminée, bien que les forces françaises soient restées déployées au Tchad, au Niger et au Burkina Faso.
400 soldats des Forces spéciales sont déployés au Burkina Faso sous le commandement d’une force opérationnelle appelée Saber.
Des sources françaises ont indiqué que le personnel quitterait le pays d’ici la fin février et que son équipement serait retiré d’ici la fin avril.
Une option est qu’ils soient déployés au Niger voisin, qui accueille déjà près de 2 000 soldats français.
La France est également un important fournisseur d’aide au Burkina Faso, fournissant près d’un milliard d’euros (1,1 milliard de dollars) entre 2011 et 2021, selon les chiffres français.
L’avenir de cette assistance peut être incertain si le Burkina cherche à établir des liens militaires avec le Kremlin. L’aide française au Mali a été interrompue en raison des relations avec Wagner.
Une source diplomatique a déclaré à l’AFP que lors de sa visite ce mois-ci, Zakaropoulou a été « très claire sur les conséquences ».
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