La France rappelle ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie pour protester contre l’accord de sécurité (NPR)
La France a rappelé ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie tout en s’opposant à un accord annoncé cette semaine pour la construction de sous-marins à propulsion nucléaire – accord que la France n’a pas conclu.
L’animatrice Laila Fadel :
La France annonce haut et fort qu’elle s’oppose à l’accord de sécurité annoncé par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie cette semaine. La France a rappelé aujourd’hui ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie pour des consultations. Cette décision intervient juste un jour après que le ministre français des Affaires étrangères a déclaré qu’il s’agissait d’un « coup de poignard dans le dos » lorsque les trois pays ont exclu la France d’un accord pour construire ensemble des sous-marins à propulsion nucléaire. Les États-Unis ont conclu l’accord parce qu’ils cherchent à contrer l’influence de la Chine dans le Pacifique et dans le monde, mais la France a déjà un accord sous-marin avec l’Australie, qui a été brusquement annulé lorsque l’Australie a conclu le New Deal. Eleanor Beardsley de NPR nous rejoint maintenant depuis Paris.
Salut Éléonore. Eleanor, tu es avec nous ?
Eleanor Beardsley, Belin : Oui, je suis avec toi. Peux-tu m’entendre?
Fadel : Je peux t’entendre maintenant.
Beardsley : D’accord. Oui vraiment. Aide-toi.
Fadel : Qu’entendez-vous là-bas sur ce qui motive ce mouvement inhabituel ?
Beardsley : Eh bien, vous savez, les Français ont le sentiment d’avoir été vraiment laissés pour compte de cet accord entre le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie qui a déjà été, vous savez, probablement en préparation depuis un certain temps, et ils viennent d’être notifiés au dernière minute. Nous entendons dans les médias français que le Premier ministre australien a tenté de communiquer avec Macron quelques heures seulement avant l’annonce de l’accord. La France avait son propre accord, comme vous l’avez dit, avec l’Australie qu’ils ont négocié en 2016 – 43 milliards de dollars. Il s’agissait d’un accord de 50 ans pour vendre des sous-marins conventionnels et transférer la technologie française.
Mais à côté de cela, comme vous le savez, la France joue un rôle dans cette région. Il a des îles – la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie. Faire des patrouilles. Vous voulez être dans ce domaine, et le pacte de défense avec l’Australie était l’un des moyens d’y être. Ce sont donc toutes des considérations stratégiques, mais en plus de cela, les gens se sentent choqués, trahis et maltraités. Le ministère français des Affaires étrangères a publié un communiqué. C’est un comportement inacceptable parmi les alliés, a-t-elle déclaré. J’ai parlé avec Nicole Bacharan, politologue spécialisée dans les relations franco-américaines, et c’est ce qu’elle a dit.
NICOLE BACHARAN: C’est un énorme choc d’être traité si mal par notre plus grand allié, vous savez, et d’une manière qui rappelle les mauvaises années sous l’administration Trump.
Beardsley : C’est ce que les gens pensent de ça.
Fadel : Alors qu’en disent les responsables américains ?
Beardsley : Eh bien, la Maison Blanche a publié une déclaration disant, même si nous le regrettons, vous savez, ils ont pris cette mesure, vous savez, nous appelons l’ambassadeur, et nous sommes toujours fiancés. Comme vous le savez, le secrétaire d’État Anthony Blinken parle couramment le français. Il vivait à Paris et disait, comme vous le savez, la France sera toujours un partenaire stratégique. Mais la France se sent – ça fait mal d’une blessure en ce moment.
Fadel : Les États-Unis et la France sont-ils d’accord pour traiter avec la Chine ?
Beardsley : Eh bien, oui, mais non. Comme vous le savez, l’Europe allait signer un accord commercial en décembre dernier avec la Chine mais elle s’est retirée. La France se rend donc compte que la Chine est un concurrent majeur. C’est une société autoritaire. Ils s’inquiètent de la façon dont le virus a été traité, de l’épidémie et de la façon dont les Ouïghours sont traités. Mais la Chine est aussi un partenaire commercial, et c’est un partenaire important. La France et l’Europe ne veulent pas être entraînées dans une bataille entre les États-Unis et la Chine. Ils veulent diriger la Chine avec leurs alliés. Et c’est ce que la France pensait faire ici avec cet accord avec l’Australie et se sent totalement abandonnée maintenant.
FADEL : Eleanor Beardsley de NPR à Paris, merci.
Beardsley : Merci.
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