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La France doit des « dettes » aux Polynésiens suite aux essais nucléaires

Papeete, Polynésie française (AFP) – Le président Emmanuel Macron a réaffirmé la présence de la France dans le Pacifique lors d’une visite en Polynésie française visant en partie à contrer la domination croissante de la Chine dans la région.

Le voyage visait également à souligner le soutien du gouvernement aux Polynésiens et à panser les plaies des essais nucléaires sur les îles de corail de l’ancienne colonie, à l’autre bout du monde de Paris.

Macron a refusé de s’excuser mardi, mais a reconnu la « dette » de la France envers les Polynésiens pour les tests au sol et en air, qui se sont déroulés de 1966 à 1996.

Il a promis de l’argent pour des abris anti-ouragan pour aider la province insulaire à s’adapter au changement climatique, et plus d’aide pour lutter contre le virus dans une région où la plupart des îles n’ont pas d’aéroport et où l’accès aux services d’urgence peut prendre des heures, voire des jours.

Ses hôtes l’ont couvert de couronnes à son arrivée à Tahiti, des chanteurs en jupes de paille traditionnelles ont scandé des chansons marseillaises des îles Marquises tandis que Macron, en costume-cravate standard, restait attentif.

Il a déclaré que les Polynésiens « avaient marqué son cœur » et que les communautés françaises du Pacifique Sud et de l’océan Indien avaient un rôle essentiel à jouer dans sa stratégie géopolitique.

« Nous avons une nouvelle page à écrire ensemble », a-t-il déclaré à propos de la Polynésie française, qui bénéficie d’un statut particulier d’indépendance depuis 2004, mais qui est toujours sous tutelle de Paris.

Il a décrit « l’étonnante fortune » de la France d’avoir des terres dans le Pacifique, « où tout est écrit aujourd’hui ».

Les ambitions de la Chine pour la région étaient au cœur de ce voyage. Evoquant « l’affrontement entre les grandes puissances mondiales » dans la région, il a indiqué que la France comptait sur les partenariats noués ces dernières années avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Inde et le Japon.

« Malheur aux petits qui subiront les invasions des puissances dominantes », a déclaré Macron. Il a averti les Polynésiens de « se méfier » des projets « exotiques » ou « aventureux » qui promettent des emplois qui pourraient ne jamais se concrétiser.

La Chine est le plus grand partenaire commercial de ses voisins de la région Asie-Pacifique, désireux de puiser dans son appétit pour les ingrédients industriels, le minerai de fer, le bois, le pétrole et les denrées alimentaires. Mais ils sont inquiets à l’idée que Pékin utilise l’accès à ses marchés pour demander des concessions politiques. La France, les États-Unis, le Japon et d’autres gouvernements craignent que la Chine cherche à influencer ses domaines stratégiques.

Macron a promis que la France « protégerait » les communautés de pêcheurs, les réseaux de communication et autres infrastructures de la région, notamment en investissant davantage.

Après 600 millions d’euros (708 millions de dollars) de dépenses supplémentaires pour aider les entreprises et les établissements de santé au milieu de la pandémie, Macron a promis 300 millions d’euros supplémentaires (354 millions de dollars) dans le contexte de la crise du COVID-19, et un financement à long terme pour les régions éloignées. système d’évacuation médicale des îles.

La Polynésie française compte environ 300 000 habitants et se compose de cinq archipels avec un total de 118 îles. L’épidémie de virus a été parmi les pires de la région, que de nombreuses personnes attribuent aux arrivées de France métropolitaine, y compris les arrivées militaires.

Macron a également promis de prolonger l’exonération fiscale pour la pêche durable et a annoncé un programme de 50 millions d’euros (59 millions de dollars) pour créer 17 abris anti-ouragan.

Les promesses ont été très bien accueillies.

Mais l’héritage nucléaire de la France est la plus grande épine dans les relations de la Polynésie française avec Paris. Bien que les manifestations aient été interdites pour des raisons liées au virus, les membres des sociétés nucléaires se sont quand même réunis et ont demandé qu’on leur prête attention.

Macron a promis de lever les « ombres » autour de l’histoire nucléaire de la France. Il a défendu la décision de Charles de Gaulle de faire de la France une puissance nucléaire comme « importante, visionnaire et courageuse » et a déclaré que l’arsenal nucléaire du pays est plus important que jamais aujourd’hui, « face aux nations dangereuses ».

Mais il a reconnu que le choix avait des conséquences.

« On ne peut absolument pas dire que (les tests) étaient propres », a admis Macron, notant que la France « est une ville de Polynésie française ».

Il a souligné que le gouvernement assumerait la responsabilité de nettoyer les terres contaminées, d’ouvrir les archives gouvernementales, de créer un médiateur permanent entre l’État et la société sur la question – et d’accélérer l’indemnisation des résidents locaux.

Dix ans après l’achèvement des premières poursuites en indemnisation, les autorités locales affirment que seulement 186 des 416 affaires ont été réglées.

Astor Abel

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