La France convoque les ambassadeurs américain et australien au sujet d’un sous-accord nucléaire
Le Drian a déclaré que l’accord était inacceptable.
« Abandonner le projet de sous-marin (…) et déclarer un nouveau partenariat avec les Etats-Unis dans le but de lancer de nouvelles études sur une éventuelle coopération dans la future propulsion nucléaire est un comportement inacceptable parmi les alliés », a-t-il déclaré vendredi dans un communiqué.
« Les conséquences touchent le concept même que nous avons des alliances, nos partenariats et l’importance de la région indo-pacifique pour l’Europe. »
Jeudi, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a tenté de calmer la protestation française, Il a décrit la France comme un partenaire essentiel dans la région Indo-Pacifique.
Plus tôt vendredi, le Premier ministre australien Scott Morrison a rejeté les critiques françaises selon lesquelles il n’avait pas été averti du nouvel accord et a déclaré qu’il avait évoqué lors de discussions avec le président français la possibilité que l’Australie annule l’accord sur les sous-marins de 2016 avec une société française.
Morrison a reconnu les dommages causés aux relations entre l’Australie et la France, mais a insisté pour dire à Macron en juin que l’Australie avait révisé sa pensée.
« Vous avez été très clair, nous avons eu un long dîner là-bas à Paris, sur nos préoccupations très importantes concernant les capacités des sous-marins conventionnels à faire face au nouvel environnement stratégique auquel nous sommes confrontés », a-t-il déclaré à Radio 5A.
« J’ai clairement indiqué qu’il s’agit d’une question sur laquelle l’Australie devra se prononcer dans notre intérêt national. »
L’annonce française est intervenue alors que la ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, s’exprimait à l’American Enterprise Institute à Washington. Elle n’a donné aucune indication à sa connaissance.
Se référant à l’accord sur les sous-marins, Payne a déclaré que de telles décisions commerciales et stratégiques sont difficiles à gérer, mais en réponse à une question, elle a déclaré qu’il n’y avait « aucun doute » que la France reste un allié précieux.
« Je comprends tout à fait la déception », a-t-elle déclaré.
« Mon travail consiste à travailler aussi dur que possible… pour m’assurer qu’ils comprennent la valeur que nous accordons au rôle qu’ils jouent et comprennent la valeur que nous accordons à la relation bilatérale et au travail que nous voulons continuer à faire ensemble. »
Les relations tendues entre des alliés de longue date surviennent alors que les États-Unis et leurs alliés recherchent un soutien supplémentaire dans la région Asie-Pacifique en raison de l’inquiétude suscitée par l’influence croissante d’une Chine plus affirmée.
La France s’apprête à prendre la présidence de l’Union européenne, qui a dévoilé jeudi sa stratégie pour la région Indo-Pacifique, s’engageant à Chercher un accord commercial avec Taïwan et déployer plus de navires pour garder les routes maritimes ouvertes.
Pierre Morcos, chercheur invité au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington, a qualifié la décision française d' »historique ».
« Des paroles rassurantes telles que celles entendues hier par le ministre Blinken ne suffisent pas pour Paris – surtout après que les autorités françaises ont appris que cet accord avait mis des mois à se préparer », a-t-il déclaré.
Reuters