Jean-Philippe Lachaux, un chercheur focalisé sur l’attention
Certains militent pour les droits de l’homme, d’autres pour la défense de l’environnement. Jean-Philippe Lachaux est un militant pour l’attention. La cause peut paraître secondaire, elle est tout aussi essentielle.
Ces dernières années, beaucoup ont mis en garde contre la crise de l’attention, qui est avant tout une menace pour les enfants et leur apprentissage. En charge: le temps croissant passé devant les écrans, et leur pléthore de jeux, de vidéos et d’applications diverses, qui monopolisent et fragmentent nos capacités de concentration. Mais là où le débat est souvent houleux entre «alarmistes» et «rassurants», le chercheur en neurosciences cognitives de l’Inserm se démarque par son calme et ses messages rafraîchissants.
Les principaux? L’attention peut être apprise. Comme la science ou la musique en bref. Cela s’apprend et ce n’est pas un effort douloureux. Au contraire, il y a un réel plaisir à être connecté à ce que l’on fait, et on en tire plus de satisfaction.
Facebook, sa guitare
À la diabolisation des géants du numérique, il préfère une allumeuse » Une heure et demie « . «En voulant capter notre attention et gagner beaucoup d’argent avec elle, ils nous ont également fourni d’excellents outils. Utilisons ces outils, mais sans leur accorder notre attention comme ils l’attendent. C’est réalisable, surtout avec une éducation qui commence jeune », donne à cette tout juste 50 ans un look décontracté, une montre connectée au poignet. Sans surprise, il n’est pas un utilisateur des médias sociaux, mais avec trois enfants âgés de 19, 16 et 9 ans, il est loin d’être déconnecté. Il admet même un lien spécial avec Facebook. Oui Facebook est sa guitare, ainsi nommée car le temps que d’autres passent sur ce réseau, il la consacre à cet instrument de musique, dont il a commencé à jouer il y a trois ans. Un désir. Un défi aussi: se prouver qu’à l’approche de la cinquantaine, on est peut-être un peu plus lent qu’un jeune, mais on peut apprendre tout aussi vite, en compensant par la concentration.
Au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL), où il codirige l’équipe Eduwell, Jean-Philippe Lachaux a développé un test simple qui, en quelques minutes, permet d’évaluer le maintien de l’attention dans le temps. , en faisant défiler les lettres sur un écran. « Le principe est de mesurer le temps de réaction pour une tâche répétitive, il explique. Un cerveau bien focalisé active en permanence les processus cognitifs utiles à cette tâche, et uniquement ceux-ci. S’il commence à initier d’autres processus qui n’ont rien à voir, il devient distrait et le temps de réaction augmente, il y a un blocage de l’attention. « En effectuant le test sur 7 000 personnes, le neuroscientifique a observé que la stabilité de l’attention augmente avec l’âge jusqu’à 25 ans, avant de diminuer un peu. Surtout, note-t-il, les scores sont répartis selon une courbe en cloche, ce qui signifie qu’il n’y a pas une population normale d’une part, et des sujets en déficit d’attention d’autre part. , c’est un continuum. Sa conclusion? «Vous devez prendre soin de tout le monde. «
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