Huawei envisage d’ouvrir une usine de puces sans technologie américaine
Plus d’un an et demi après la premières sanctions Contre lui, Huawei voit son activité mobile sérieusement menacée. Le fabricant ne peut plus s’approvisionner en puces électroniques en utilisant les technologies américaines.
Selon le Financial Times, Huawei travaille sérieusement à la construction d’une usine dédiée à la fabrication de puces. Basée à
Shanghai, il serait géré par Shanghai IC, une société de recherche sur les puces.
Afin de contourner les sanctions américaines, l’usine devra développer sa propre technologie et recommencer son processus de fabrication à partir de zéro. Ainsi, les premières puces seront gravées en 45nm, une finesse de gravure datant d’il y a 15 ans. Actuellement, les processeurs, comme le A14 Bionic d’Apple ou le Kirin 9000 d’Hisilicon (équipant le Huawei Mate 40 Pro), sont gravés en 5nm. D’ici la fin de l’année prochaine, Huawei espère produire des puces de 28 nm.
La survie de l’entreprise assurée par cette usine
En 2022, l’usine pourra fournir au fabricant chinois des puces de 22 nm. Ceux-ci équiperont les différents équipements de télécommunications 5G et permettra à Huawei de poursuivre ses activités télécoms, branche la plus importante du groupe. Grâce à l’usine, la survie à long terme de l’entreprise sera assurée avec un approvisionnement garanti en puces.
Malheureusement, l’usine de Shanghai n’aidera pas Huawei à se relancer dans le monde des smartphones. On imagine mal le constructeur équipant ses futurs flagships de puces moins puissantes que celles actuellement sur le marché.
Au printemps 2019, l’administration Trump a accusé Huawei de collaborer avec le gouvernement chinois. L’administration Trump avait mis en place des sanctions contre le constructeur chinois, considéré comme une menace pour la sécurité intérieure des Etats-Unis. Ces sanctions interdisent à toute entreprise américaine de faire des affaires avec Huawei. Facebook et Google étaient dans la ligne de mire, mais étrangement pas Microsoft. Les smartphones du fabricant ont été privés d’Android et
Play Store.
Par la suite, en août 2020, les États-Unis ont introduit de nouvelles restrictions: toute entreprise utilisant des technologies américaines ne pouvait plus travailler avec Huawei. En conséquence, Samsung, Sony et même Hisilicon (la filiale de Huawei qui conçoit les processeurs Kirin) n’ont pas été en mesure de fournir au constructeur chinois des composants pour ses smartphones, antennes 4G / 5G et ordinateurs.
La pression américaine est plus faible
Ces derniers mois, les États-Unis ont permis à de plus en plus d’entreprises de collaborer avec le géant chinois. Récemment, Samsung Display et Sony ont obtenu une licence. Le Coréen peut donc à nouveau doter Huawei d’un écran OLED. Tandis que les Japonais fourniront aux Chinois des capteurs CMOS. Pour le groupe japonais, l’obtention de la licence est une excellente nouvelle. En raison de l’incapacité de fournir à Huawei des capteurs photo, Sony perdait l’un de ses principaux clients. Malgré tout, le groupe s’attend à une baisse de 38% de ses bénéfices pour l’année 2020. Lors de la présentation des résultats, Hiroki Totoki, CFO de Sony, a déclaré que le marché ne reviendrait pas à pleine activité avant 2023.
«Nous prévoyons qu’il faudra beaucoup de temps aux autres clients pour suivre la tendance des appareils photo pour smartphone plus fonctionnels et plus grands que le client chinois menait. Nous prévoyons donc que la reprise de rentabilité sur ces produits ne commencera qu’en mars 2023 »explique Hiroki Totoki, CFO de Sony.
Selon Financial Times, le département américain du Commerce a déclaré aux entreprises souhaitant travailler avec Huawei que les autorisations seraient retenues, mais qu’il deviendrait possible d’en obtenir une. «Si les licences d’approvisionnement de Huawei sont gérées dans un but de refus, cela peut être surmonté si vous pouvez démontrer que votre technologie ne prend pas en charge la 5G», a déclaré le département du Commerce.
Huawei mobile toujours dans le doute
Alors que l’étau se desserre, la situation de Huawei reste délicate. Au troisième trimestre 2020, les ventes mobiles de Huawei se sont effondrées: -22,6% par rapport à 2019. La pression sur le secteur mobile est toujours très forte. Huawei ne peut plus se procurer son processeur auprès d’Hisilicon (les processeurs Kirin utilisent l’architecture ARM, une technologie américaine). Selon les experts du secteur, les Chinois disposent d’un stock de 10 millions de Kirin 9000, le nouveau SOC équipant le Mate 40 Pro et le futur P50 / P50 Pro. Il s’agit d’un stock particulièrement faible. À titre de comparaison, 85 jours ont suffi pour vendre 10 millions de P30 après leur mise sur le marché. Actuellement, Huawei n’a trouvé aucune fonderie capable de lui fournir des processeurs.
Même si les autorisations se multiplient, l’activité de la branche mobile n’est toujours pas assurée et l’avenir du groupe dans ce secteur reste plus qu’incertain. Quant à voir Google obtenir une licence, c’est encore impensable. D’autant que Huawei semble bien décidé à utiliser son propre système d’exploitation sur tous ses produits, Harmony OS.