Engie, principal actionnaire de Suez, accepte de céder ses parts à Veolia, malgré le désaccord de l’Etat
Suez est très mécontent des projets de Veolia et de cette reprise jugée « hostile ». L’Etat tente de servir d’intermédiaire entre les deux fleurons français de l’eau et des déchets
Fin du premier acte de la tentative de fusion de Veolia avec son rival Suez: Engie, principal actionnaire, a décidé ce lundi 5 octobre de lui céder ses parts. Pourtant, l’Etat, actionnaire à 22% d’Engie, a voté lundi soir « contre la proposition de vendre le bloc de Suez à Veolia », « en l’absence d’accord amiable entre les deux sociétés », a expliqué Bercy dans un communiqué. Dimanche soir, Bruno Le Maire avait appelé « solennellement » Suez et Veolia « à reprendre leurs discussions dans les prochaines heures afin de parvenir à un accord à l’amiable » préserver les intérêts de chacun. Suez continue cependant de lutter contre cette opération qu’il juge « hostile ».
Conseil d’administration d’Engie « a pris acte des engagements pris par Veolia et notamment de son engagement inconditionnel de ne pas déposer d’OPA hostile suite à l’acquisition de la participation d’Engie dans Suez », explique un communiqué de presse du groupe énergie. « Dans ce contexte, le conseil a décidé d’accepter l’offre de Veolia. » La voie est apparue claire pour Veolia après que le fonds Ardian, présenté en appel, ait renoncé à déposer lundi une contre-offre auprès du conseil d’administration d’Engie.
La confrontation entre les deux fleurons français de l’eau et des déchets a agité la place parisienne depuis que Veolia a annoncé fin août son intention de créer un géant mondial en rachetant l’essentiel de la participation d’Engie dans Suez, avant de lancer une OPA sur le solde des actions. L’offre améliorée de Veolia, qui propose à Engie 3,4 milliards d’euros pour 29,9% de Suez, a expiré lundi à minuit. Engie avait déclaré mercredi soir qu’il accueillait « favorablement » cette offre. Et Veolia a accepté dimanche l’une des conditions qui lui étaient posées, en s’engageant « inconditionnellement » de ne pas déposer par la suite une OPA hostile sur le reste du capital de Suez.
Engie avait également prévenu dimanche, par la voix d’un porte-parole, qu’il n’examinerait pas « une offre alternative » à celui de Veolia « seulement s’il s’agit d’une offre ferme et à un prix au moins égal à celui de Veolia ». Or Ardian, apparu comme un recours la semaine dernière pour la direction et les syndicats de Suez, n’avait jusqu’ici fourni que « lettre d’offre indicative ». « Ardian, fidèle aux principes de négociations non hostiles, a décidé de ne pas soumettre d’offre », a expliqué le fonds dans un communiqué lundi. « Ardian a travaillé sur une offre, soutenu par les salariés de Suez et son conseil », mais qui aurait nécessité six semaines de « vérifications nécessaires » (revue des comptes Suez, ndlr).
Suez est très contrarié par les plans de Veolia, dont l’offre « est hostile, qu’il s’agisse de l’acquisition du bloc 29,9% ou du projet dans son ensemble », avait répété lundi le conseil d’administration du groupe avant la décision d’Engie. Le tableau « regrette la hâte du conseil d’administration d’Engie de vouloir se prononcer sans analyse et sans discussion et dialogue préalables sur une offre alternative qui préserve les intérêts corporatifs de Suez », a-t-il ajouté, confirmant « qu’il mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour éviter une prise de contrôle rampante ou un contrôle de fait ». La position de la direction de Suez est soutenue par les représentants syndicaux du groupe, mais aussi par des personnalités politiques comme les députés LREM qui avaient invité le ministre de l’Économie Bruno Le Maire « pour donner du temps au temps ».