Emmanuel Macron promet une « discussion directe » avec les membres de la convention citoyenne sur le climat
Les discussions s’annoncent animées: Emmanuel Macron rencontre, lundi 14 décembre, les membres de la convention citoyenne pour le climat (CCC), sur fond de peur d’un éventuel démantèlement de leurs propositions de lutte contre le réchauffement climatique.
Accompagné de plusieurs ministres – notamment Barbara Pompili (écologie), Julien Denormandie (agriculture), Emmanuelle Wargon (logement) ou Jean-Baptiste Djebbari (transports) – le chef de l’Etat a prévu plusieurs heures d’un « Discussion franche et directe » avec des membres qui seront présents à partir de 17 heures au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris ou par visioconférence.
Selon son entourage, Emmanuel Macron « Je les écouterai, leur répondra et pourra annoncer les derniers arbitrages » avant la présentation, prévue fin janvier, du projet de loi sur le climat qui devrait refléter une grande partie de leurs propositions.
Une approche entachée par la crise sanitaire
L’ampleur, voire la mise en œuvre, de certaines mesures emblématiques sont en effet encore en jeu, comme la rénovation énergétique des bâtiments ou une restriction de la publicité. Le président pourrait également clarifier ses intentions sur un éventuel référendum, dont il a déclaré en juin lors de la réception des propositions du CCC qu’il était » sur la table « .
Emmanuel Macron, qui a lancé cet exercice sans précédent à l’issue de la crise des «gilets jaunes», déclenchée par la création d’une taxe carbone sur les carburants, a assuré à plusieurs reprises que leurs propositions conduiraient à « Des décisions fortes », même en s’engageant à le reprendre « Sans filtre ».
Mais depuis lors, la crise née de Covid-19 a durement frappé des pans entiers de l’économie. Y compris certains grands secteurs polluants, comme le transport aérien ou l’industrie automobile, qui ont bénéficié de milliards d’euros de plans de soutien, sans compensation environnementale suffisante selon les militants écologistes.
Les soupçons de «démêlage» des membres de la convention citoyenne pour le climat
Le Président lui-même a déclaré que certaines mesures devaient être retardées face à cette crise brutale et profonde. « Démêler » sont accentués. Inquiets, les membres du CCC avaient interpellé publiquement le président sur l’absence de« Ambition générale » et de « Support clair » de l’exécutif.
Et à la mi-novembre, l’un des premiers promoteurs et « Garant » de la convention, le directeur Cyril Dion, a lancé une pétition en ligne pour « Sauvez le CCC », qui a recueilli plus de 415 000 signatures.
Certaines déclarations du chef de l’Etat n’ont pas aidé, comme la comparaison ironique avec un « Retour à la lampe à huile » de la proposition de la CCC pour un moratoire sur le déploiement de la 5G. Ou quand il s’est emporté en jetant: «Je ne veux pas dire cela parce que les 150 citoyens ont écrit quelque chose, c’est la Bible ou le Coran. «
Les préoccupations n’ont pas été dissipées par une série de réunions la semaine dernière pour présenter aux citoyens et aux députés les orientations du gouvernement sur la loi sur le climat. «Beaucoup de nos mesures sont présentes, mais un peu rabotées, c’est moitié figue, moitié raisin. Nous avons beaucoup de questions pour lui [Emmanuel Macron] Poser « , précise Grégoire Fraty, co-président de l’association Les 150, qui rassemble la majorité des participants.
Appels pour aller plus loin
Les membres du CCC, tirés au sort, ont travaillé pendant neuf mois pour présenter 149 propositions pour réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France, « Dans un esprit de justice sociale ».
Au fait « Comité de gouvernance » du CCC, ni le « Garants » n’assistera pas à la réunion de lundi. La réunion, à l’initiative de l’Elysée, n’entre pas dans le processus prévu par la convention, qui tiendra une session finale après la traduction de ses mesures, pour évaluer la réponse concrète de l’exécutif.
Ces mesures sont d’autant plus importantes que la France ne respecte déjà pas ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, alors même que l’Union européenne vient d’en adopter des plus strictes à l’occasion du 5ee anniversaire de l’accord de Paris. « Il faut aller beaucoup plus loin », a reconnu jeudi Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique.
L’eurodéputé Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts) a estimé dimanche que le mandat de cinq ans était « Perdu pour le climat », et le chef de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a critiqué le gouvernement pour « Touchez continuellement ».