Covid-19: certaines conditions météorologiques favorisent la propagation du virus
Publié le Dec.2020 à 22:55
Comment le temps influence-t-il la transmission du SRAS-CoV-2? La température et l’humidité pourraient être des facteurs plus importants qu’on ne le pensait auparavant, suggère une étude menée par Predict, la filiale risques de Météo France, publiée vendredi.
Cette étude, relayée par le ministre de la Santé Olivier Véran lors du Conseil de défense, ne remet pas en cause le fait que la transmission est largement liée au comportement humain (gestes de barrière, lavage des mains, etc.). Mais des facteurs intrinsèques au virus, liés à la météo, expliqueraient également sa propagation.
«Le virus se fixe sur les gouttelettes, qui dépendent des températures hydrométriques. Lorsqu’il fait très froid, ces gouttelettes ne peuvent pas rester en suspension, idem s’il fait très chaud », résume Alix Roumagnac, président de Predict Services.
Pour ses travaux, son équipe s’est appuyée sur une étude réalisée par le MIT en mars dernier montrant que 90% des infections se seraient produites dans des régions où la température oscille entre 3 et 17 degrés et où l’humidité absolue est comprise entre 4 et 9 grammes par mètre cube.
Un IPTCC très élevé dans le Grand Est
À partir de ces données, les experts de Predict ont créé un index «pour caractériser le potentiel de transmission du virus en fonction des conditions climatiques»: IPTCC. « Nous avons essayé de calculer cet indice en France (en janvier, février, mars …) et nous avons essayé de superposer les valeurs de cet indice avec le nombre d’hospitalisations et de décès liés à Covid », explique Alix Roumagnac.
Leurs résultats montrent que les régions ayant le plus grand nombre de décès par million d’habitants sont les régions où le GIEC est le plus élevé (Grand Est, Île de France). A l’inverse, les régions qui ont déclaré le moins de décès liés aux coronavirus ont un IPTCC beaucoup plus faible (DOM TOM, Nouvelle Aquitaine).
L’indice est très fort à partir de février, avant le début de la vague épidémique, et jusqu’à la mi-avril. Il diminue ensuite significativement entre mi-avril et mi-mai selon les régions et on observe que le nombre de nouvelles hospitalisations quotidiennes diminue sur la même période.
«Tout l’été, la France a été verte, malgré l’afflux de vacanciers. A la rentrée scolaire en septembre, il y avait aussi beaucoup de mixage et l’épidémie n’a pas recommencé. Puis au cours du mois d’octobre, la tempête Alex a soufflé un air très froid sur toute la France », avec une augmentation conséquente du GIPTC, rapporte Alix Roumagnac. En conséquence, « dix jours plus tard, il y avait une augmentation des hospitalisations et des décès ».
Un IPTCC élevé à Wuhan
La même corrélation a été observée par Predict au niveau mondial. En février dernier, par exemple, la région de Wuhan en Chine, où l’épidémie a commencé, a montré un indice élevé, tout comme en Europe occidentale. En mars, l’IPTCC est resté très élevé sur une grande partie de l’Europe (notamment entre l’Espagne, l’Italie, la France, le Benelux et le Royaume-Uni).
Malgré la déconfinement au cours du mois de mai, le nombre de nouveaux cas par jour n’a pas augmenté de nouveau dans les semaines suivantes, ce que les experts de Predict corrèlent avec une baisse du GIEC en Europe. À l’inverse, le GIEC commence à se multiplier dans les pays de l’hémisphère sud comme l’Australie, l’Afrique du Sud et l’Argentine où des cas se développent.
Des résultats qui restent à valider
Mais la corrélation n’est pas correcte. Que deux phénomènes évoluent de la même manière ne prouve pas une relation de cause à effet. C’est pourquoi Predict Services a transmis ces informations aux autorités afin de «tester leur robustesse» et de réfléchir à leur intérêt pour la gestion de la gestion de l’épidémie.
«Avec cet indice, on pouvait imaginer une approche géographique plus ciblée, l’indice était par exemple différent entre la Bretagne et la région parisienne», suggère l’expert. « Il pourrait également y avoir des recommandations en cours de journée en fonction de la météo ».
On savait déjà que les coronavirus comme le SRAS-CoV-2 avoir un comportement saisonnier et moins de cas sont observés pendant l’été. Selon la dernière publication de Santé Publique France datée de cet été, l’état actuel des connaissances sur les autres coronavirus montre en effet une baisse des transmissions liées aux paramètres météorologiques, mais cette atténuation serait «modeste».