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Claude Guéant mis en examen pour « association de malfaiteurs » dans l’affaire du financement libyen de la campagne 2007

Le 14 janvier 2017, Claude Guéant, membre des Républicains (LR), assiste au conseil national de son parti, à Paris.

L’ancien ministre Claude Guéant a été, à son tour, mis en examen pour « complot » par les juges en charge de l’enquête sur un éventuel financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a confirmé le parquet financier national interrogé par l’Agence France-Presse (AFP).

Cette nouvelle charge, tenue mercredi 2 décembre contre le bras droit de l’ancien président après un nouvel interrogatoire, était attendue depuis la mise en examen sous cette même qualification de Nicolas Sarkozy en octobre. L’avocat de l’ancien ministre de l’Intérieur (2011-2012), déjà mis en examen pour neuf infractions dans cette affaire, notamment pour  » la corruption « , n’était pas immédiatement joignable pour réagir.

Cette nouvelle qualification de« complot », lourd de sens dans son titre, est aussi plus facile à poursuivre jusqu’à un éventuel procès pour les juges, puisqu’elle ne leur demande que la démonstration« Actes préparatoires » à « Pacte de corruption » qu’ils tentent de manifester depuis 2013. Dans le code pénal, l’association criminelle qualifie « Tout groupe formé ou accord établi en vue de sa préparation, caractérisé par un ou plusieurs faits matériels, un ou plusieurs crimes ou une ou plusieurs infractions » et peut être puni de dix ans de prison.

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Nicolas Sarkozy, déjà poursuivi notamment pour  » la corruption « , a donc été mis en examen à ce titre en octobre pour « Avoir quitté » en conscience ses lieutenants, Claude Guéant et Brice Hortefeux, s’impliquent dans un prétendu pacte de corruption avec le régime de Mouammar Kadhafi à partir de 2005.

Thierry Gaubert, collaborateur de M. Sarkozy dans les années 1990, a été le premier mis en examen pour « complot » 31 janvier 2020, après un acte d’accusation complémentaire du PNF invitant les juges à instruire dans ce sens. L’ancien ministre Brice Hortefeux, pour le moment témoin assisté dans cette affaire, pourrait bientôt être concerné, à son tour.

La bascule de Ziad Takieddine

L’enquête a été ouverte après publication par Mediapart, en 2012, entre les deux tours de l’élection présidentielle, d’un document censé prouver que la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy avait été financée par le régime de Mouammar Kadhafi.

Témoignages de dignitaires libyens, notes des services secrets de Tripoli, accusations d’un intermédiaire … En sept ans de travail, les magistrats ont rassemblé une somme d’indices inquiétants qui ont donné corps à la thèse selon laquelle la campagne de M. Sarkozy avait été financé par le régime de Mouammar Kadhafi. Cependant, aucune preuve matérielle incontestable n’a encore été trouvée, même si des mouvements de fonds suspects ont conduit à neuf mises en accusation à ce jour.

En novembre 2016, l’homme d’affaires Ziad Takieddine – l’un des inculpés dans cette affaire et en fuite depuis sa condamnation en juin dans le volet financier de l’affaire Karachi – affirmait avoir reporté, entre fin 2006 et début 2007, cinq millions d’euros à M. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et son chef de cabinet, Claude Guéant.

Dans une volte-face retentissante le 11 novembre, Ziad Takieddine a cependant retiré ses accusations contre l’ancien président, au cœur de l’enquête menée depuis 2013 par les juges d’instruction anti-corruption parisiens.

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Dans Match de Paris, l’homme d’affaires a cependant soutenu avoir donné des fonds à M. Guéant, soit cinq millions d’euros en espèces en 2005 à la résidence de M. Takieddine, destinés à un contrat de formation de personnel libyen. M. Guéant a nié « Catégoriquement » ces déclarations faites depuis Beyrouth par M. Takieddine, qui a fui juste avant sa condamnation en juin en France à cinq ans de prison dans le cadre de l’affaire Karachi.

Claude Guéant déjà mis en examen pour « corruption »

Dans cette affaire, l’ancien secrétaire général de l’Elysée a été mis en examen pour la première fois en 2015 pour « Blanchiment de la fraude fiscale des gangs organisés », pour un virement suspect de 500 000 euros arrivé en mars 2008 sur son compte.

M. Guéant le justifie par la vente de deux tableaux flamands, sans avoir convaincu les enquêteurs qui soupçonnent que l’argent provient de fonds libyens, via des intermédiaires comme Alexandre Djouhri, autre protagoniste de l’affaire.

Le 11 septembre 2018, les juges ont aggravé les mises en accusation du haut fonctionnaire, le soupçonnant d’être impliqué dans une « Pacte de corruption » entre le régime libyen et l’ancien président.

Claude Guéant est sorti de leur bureau avec une liste de nouvelles accusations qu’il conteste formellement: «Corruption passive», complicité et dissimulation de ce crime, « Dissimulation du détournement de fonds publics », « Complicité dans le financement illégal d’une campagne électorale » et « Blanchiment de la corruption passive dans un groupe organisé ».

Lors de ce dernier interrogatoire, M. Guéant avait fait valoir son droit au silence, invoquant les recours du camp de Sarkozy contre la validité de l’enquête. Celles-ci ont été rejetées le 24 septembre par la cour d’appel de Paris. L’accusé a interjeté appel en cassation.

Le 23 novembre, M. Guéant a assuré à BFM-TV qu’il avait  » sans raison «  de douter du soutien de Nicolas Sarkozy, qui l’a pourtant renié devant les juges sur ses multiples contacts avec l’intermédiaire Ziad Takieddine.

Ces dernières années, les troubles judiciaires se sont accumulés pour Claude Guéant: condamné en appel en 2017 dans le procès des primes en espèces au ministère de l’Intérieur, l’ancien secrétaire général de l’Elysée doit être jugé en 2021 dans les sondages de la présidence de Sarkozy.

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Le monde avec l’AFP

Astor Abel

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