Alzheimer: et si certaines infections prédisaient la maladie?
Le Centre de Physiopathologie de Toulouse Purpan vient de recevoir un financement de la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) pour ses travaux sur la maladie d’Alzheimer. Une équipe multidisciplinaire recherche de nouveaux biomarqueurs afin d’agir bien avant l’apparition des symptômes de la maladie.
Toxoplasmose, herpès, c’est le point de départ. Ces infections courantes, qui peuvent survenir très tôt dans la vie, intéressent particulièrement les chercheurs du Centre de Physiopathologie Toulouse Purpan (1). Au sein de l’équipe «Pathogenèse des infections virales de l’adulte et développement du système nerveux central», Elsa Suberbielle est responsable de l’un des huit projets sélectionnés par la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) sur le thème de la maladie d’Alzheimer. Au cours des trois prochaines années, Elsa Suberbielle, spécialiste en neurobiologie et neurovirologie, Nicolas Blanchard, parasitologue et immunologiste, et Nicolas Fazilleau, immunologue, recevront des fonds pour soutenir leurs travaux de développement de nouveaux biomarqueurs dans la maladie d’Alzheimer.
« Les microbes de l’herpès ou de la toxoplasmose restent dans le cerveau pour la vie. Ils pourraient changer la chimie »
«Nous voulons voir s’il existe une relation entre la présence de plaques amyloïdes (caractéristiques des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer), la perte de mémoire et des traces de microbes dans le sang. Le sang est le reflet de ce qui se passe ailleurs dans le corps et peut donc témoigner de ce qui se passe dans le cerveau. Notre approche est innovante car nous observons des infections courantes telles que l’herpès ou la toxoplasmose. Ces microbes restent dans le cerveau à vie et ils pourraient modifier la chimie ou la réponse immunitaire dirigée contre eux », explique Elsa Suberbielle.
«Il n’y a toujours pas de traitement pour la maladie d’Alzheimer, bien qu’il y ait des espoirs (de nouveaux médicaments sont au stade final des tests cliniques). La maladie étant multifactorielle (génétique, nutrition, activité, etc.), une seule molécule ne peut pas tout réguler. D’où notre objectif d’identifier les biomarqueurs pour agir très tôt. Ils seraient une fenêtre sur la maladie: les infections du cerveau et la réponse immunitaire qu’elles déclenchent pourraient refléter l’apparition de la maladie des années avant les premiers symptômes. Car, aujourd’hui, lorsque la maladie d’Alzheimer est déclarée, les dommages au cerveau sont assez irréversibles », ajoute le chercheur.
Un hub toulousain dynamique
Les chercheurs du centre de physiopathologie de Toulouse, en lien avec le Gérontopôle du CHU de Toulouse et le soutien de la plateforme de recherche INSPIRE sur le «vieillissement en bonne santé», s’appuieront sur les données sérologiques de la cohorte de volontaires COGFRAIL (2).
Ils travaillent également avec des modèles murins, hôtes naturels du toxoplasme (un parasite causant la toxoplasmose). «Ce modèle animal est très pertinent pour aller plus loin en termes de signatures immunitaires et aborder un aspect préclinique», explique Elsa Suberbielle, heureuse de ce financement. «Toulouse bénéficie actuellement d’une réelle dynamique pour donner un souffle différent au vieillissement et à la compréhension du vieillissement pathologique. Le caractère multidisciplinaire de notre laboratoire est rare, il nous fera gagner du temps ».
Lisez aussi:
Maladie d’Alzheimer: « Il y a un réel espoir de guérison »