L’impact des crypto-monnaies sur l’économie de la France
Les crypto-monnaies sont devenues un véritable paradoxe sociétal, en ce qu’elles apparaissent comme un mal nécessaire. Que ce soit Marine Le Pen hier ou Donald Trump aujourd’hui, les pourfendeurs des devises numériques ont tôt fait de changer leur langage. Si le caractère volatil et décentralisé des monnaies virtuelles a pu inquiéter à un moment donné les politiques, force est de constater qu’à l’ère du numérique, on ne peut plus se passer d’elles. Les crypto-monnaies ont conquis les cœurs des libertaires et des despotes, et leur impact sur l’économie française est réel.
Selon l’étude Adan, 18 % de Français possèdent des cryptoactifs, soit un taux plus important que celui des actions boursières. La France, et notamment le gouvernement Macron, a très vite compris les enjeux économiques des tendances des cryptomonnaies pour le pays. On se souvient des propos d’Emmanuel Macron sur la question en 2022 vers la fin de sa campagne. Et la population française n’a pas attendu longtemps pour adopter les jetons numériques.
En effet, depuis le mois de juillet, il est possible d’effectuer des paiements en Bitcoin (BTC) en France. La ville de Bordeaux notamment à Talence est la première du genre en hexagone à accepter les paiements en crypto-monnaies. Sur la vitrine d’une boucherie très courue du coin, les passants peuvent apercevoir le logo orange du BTC collé à côté d’une marque de carte bancaire. C’est l’une des preuves s’il en fallait encore de l’ampleur du phénomène des cryptoactifs sur l’économie française.
Pour le cas spécifique de la commune de Talence, c’est la mairie qui a engagé les réformes. Selon le magistrat municipal Emmanuel Sallaberry, il vaut mieux accompagner la révolution des monnaies virtuelles au lieu d’en pâtir. Ainsi, un appel à projet a été lancé par la municipalité lors d’une convention économique qui se tient tous les ans dans la cité de Talence à Gironde. L’initiative consistait à dénicher une entreprise française qui serait à même de prendre en charge les crypto-monnaies. Il s’agissait aussi pour les édiles de la commune d’accompagner les marchands dans cette transition.
Toutefois, il faut préciser que bien avant cette initiative, de nombreux détaillants français acceptaient déjà les paiements en crypto-monnaies. La grande différence qui constitue une avancée majeure pour le pays, c’est que cette fois-ci, l’initiative provient des politiques, dont de la mairie. Pour le tenancier de la boucherie, il s’agit de réconcilier les jeunes friands de crypto-monnaies aux commerces locaux.
Par ailleurs, il faut le dire, la France a été précurseure dans l’encadrement juridique du marché des cryptoactifs. En 2017, elle a adopté la toute première ordonnance sur la Blockchain. Ensuite, le pays a élaboré la loi Pacte qui créait un nouveau statut de PSAN permettant aux opérateurs de l’industrie crypto d’obtenir un agrément auprès de l’AMF (Autorité des Marchés Financiers). La France posait ainsi les jalons d’un règlement incitatif en faveur des cryptoactifs qui allait plus tard conduire à l’adoption du règlement MiCa (Market Crypto-Assets) au niveau Européen. Ce règlement permet non seulement de protéger les utilisateurs des crypto-monnaies, mais aussi d’accompagner le développement de la DeFi.
Dans la foulée, la Banque de France a pris la situation en main afin de combler les besoins des intermédiaires financières. C’est ainsi qu’elle avait lancé en 2020 un vaste projet empirique pour garantir les paiements provenant de diverses émissions sur la blockchain via le MNBC. En plus, la Banque de France reconnait que la technologie DLT intégrée dans les réseaux cryptographiques peut garantir la fiabilité et la rapidité des transactions. Par ailleurs, elle peut impacter sur le coût des négociations en diminuant considérablement les montants des échanges. De ce fait, la Banque de France travaille à la mise sur pied d’un cadre adéquat pour les crypto-monnaies afin de mieux gérer les risques liés à actifs chez les utilisateurs et dans le système financier global.
Dans son projet de développement et d’accompagnement du marché crypto en France, la Banque de France s’investit dans les projets de rénovation des infrastructures de l’industrie des cryptoactifs. C’est dans cette optique qu’elle s’est engagée au projet Agora sur le plan international. Ce projet a pour objectif d’améliorer les transactions transfrontalières en introduisant sur une plateforme commune les devises tokenisées de la Banque Centrale et de la Banque Commerciale.