Des milliers de manifestants tunisiens demandent la démission du président Saïd après un « coup d’Etat »
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Des milliers de Tunisiens ont manifesté samedi dans la capitale, Tunis, dénonçant la prise du pouvoir par le président Kais Saied et exigeant des comptes pour la longue crise économique du pays, ont rapporté des correspondants de l’AFP.
Saeed a pris le pouvoir de façon spectaculaire en juillet de l’année dernière et a ensuite fait adopter une constitution consacrant le règne d’un seul homme, dans ce que les critiques décrivent comme un retour à l’autoritarisme dans la seule démocratie qui a émergé du printemps arabe.
Les manifestants du centre de la Tunisie ont scandé « A bas, tombe », « la révolution contre le dictateur Qais » et « le coup d’Etat est tombé ».
Le rassemblement était organisé par le Front de salut national, une coalition de partis d’opposition dont le parti d’inspiration islamiste Ennahda qui a pris le contrôle du parlement tunisien avant sa dissolution par Saïd.
Ali Al-Arayedh, ancien Premier ministre tunisien et haut responsable d’Ennahda, a déclaré à l’AFP que la manifestation était l’expression de « la colère face à la situation sous Kais Saied ».
« Nous lui demandons de partir. »
Certains Tunisiens ont salué la prise de pouvoir de Saïd, fatigués de ce qu’ils considéraient comme un régime divisé et corrompu établi après la révolution de 2011 qui a renversé feu le dictateur Zine El Abidine Ali.
Mais la détérioration de la situation économique, exacerbée par un manque d’approvisionnement suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, a provoqué la colère de nombreux habitants de ce pays d’Afrique du Nord de 12 millions d’habitants.
Larayedh a déclaré que la survie de Saïd « n’aura pas d’avenir pour la Tunisie », pointant le désespoir croissant, la pauvreté et le chômage.
Le Front de salut national a annoncé qu’il boycotterait le vote de décembre pour élire un nouveau parlement aux pouvoirs limités.
Le parti laïc Ennahda, profond rival idéologique d’Ennahda, a également organisé samedi une manifestation dans la capitale.
Souad, une retraitée dans la soixantaine lors du rassemblement du parti laïc, a déclaré que Saïd « ne fait rien et que les choses empirent ».
Certains manifestants portaient des conteneurs vides, symbolisant la hausse du coût de l’eau due à l’inflation, qui a atteint 9,1 % en septembre.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué à l’AFP que près de 1 500 personnes ont participé à la manifestation d’Ennahda, tandis que près de 1 000 personnes ont participé à la manifestation du Parti libéral démocrate.
Dans des déclarations publiques, Saïd a affirmé qu’il travaillait à « corriger » les problèmes économiques dont il avait hérité des dirigeants tunisiens post-Ben Ali.
La Tunisie, à court de liquidités, est en pourparlers avec le Fonds monétaire international pour un prêt de sauvetage d’environ 2 milliards de dollars.
(AFP)